Crise anglophone : Les accusations des élites du Sud-Ouest
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Réunis samedi dernier à Yaoundé à l’effet de trouver des voies et moyens pour le retour de la paix, de la stabilité et du dialogue, ces hommes et femmes croient dur comme fer que la radicalisation de la guerre qui secoue la zone anglophone du pays est en grande partie, le fruit d’une conspiration de l’élite du Nord-Ouest.

C’était une réunion de famille qui ne s’est pas encombrée d’un ramdam médiatique susceptible d’attirer des regards indiscrets ou encore moins, des « personnes indésirables ». Une espèce d’arbre à palabre au palais des Congrès de Yaoundé qui a permis à certaines élites et autres ressortissants de la région du Sud-Ouest de constater pour le déplorer, non seulement la violence qui continue de sévir dans cette partie du territoire camerounais mais aussi certaines batailles souterraines instrumentées, disent-ils, par leurs propres frères. L'information claire et nette. Conscient qu’après l’étape des édifices publics et des symboles de l’Etat, ce sont désormais les fonctionnaires qui font l’objet des traques et des battues par des personnes décidées à faire basculer les régions anglophones entre les mains des soldats de l’ombre de la république virtuelle d’Ambazonie, ces chefs traditionnels et autres forces vives se sont donné le devoir de faire une analyse froide de la situation chaotique dont sont victimes les populations désormais sous le joug de ces agitateurs.

Campagne de dénigrement

La rencontre de samedi dernier avait donc entre autres objectifs de réaffirmer la position du Sud-ouest en faveur d’un Cameroun un et indivisible dans un Etat unitaire à dix composantes. Mais surtout, démontrer que cette région « est une victime collatérale de la crise en liaison avec la stratégie ancienne d’assimilation par la région sœur du Nord-ouest ». S’appuyant sur des faits et clichés confirmant cette théorie du complot, ces hommes et femmes disent vouloir « informer l’opinion publique et contrarier la campagne de dénigrement qui veut montrer que la crise est plus grave au Sud-ouest à cause de l’inactivité et absence de l’élite politique sur le terrain ».

C’est du moins l’idée générale qui transparait du document de cinq pages dans lequel sont consignées leur démarche et les motivations sous-tendant cette prise de position à tout le moins inattendue. Le Messager qui a obtenu copie, remarque qu’au rang des preuves illustrant ledit complot, les rédacteurs de ce document évoquent le fameux mémorandum des avocats conçu à Bamenda qui « avait donné au gouvernement un ultimatum de six mois pour résoudre les grèves a défaut duquel la réponse serait un retour au fédéralisme a deux Etats ».

Autre preuve, la grève des Etats qui s’en est suivi a effectivement commencé à Bamenda dans le Nord-ouest et tous les leaders des mouvements corporatistes des enseignants étaient originaires de cette région.

Les germes de la violence et la rébellion

Plus grave, « le leader du Consortium des mouvements corporatistes, Agbor Balla, était un prisonnier des exécutifs du Nord-ouest. Toutes les négociations pour mettre fin à la grève générale et à durée indéterminée des avocats et des enseignants se sont tenues à Bamenda. Aucune séance ne s’est tenue à Buea, car les principaux leaders étaient tous résidents à Bamenda. Les négociations, du côté du gouvernement étaient tous originaires du Nord-ouest (le P.M Philémon Yang, et par la suite son Directeur de cabinet, Paul Ghogomo) ; le député rebelle qui a porté le flambeau de la rébellion dans sa tournante vers la violence est du nord-ouest, et précisément de Jakiri dans le département d’origine du premier ministre », écrivent-ils comme pour dire que dans la plupart des cas, les germes de la violence et de la rébellion se développent  dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest avant de faire de Buea, le funeste théâtre des conséquences de la guerre qui s’en suit. camer.be. D’ailleurs, pour renforcer leur opinion sur le sujet, ces élites du Sud-ouest brandissent les statistiques de tous ceux qui ont été arrêtés à cause de la crise ; lesquelles montrent qu’environ 95% sont originaires du Nord-ouest.

Maitres de la résistance

Convaincus que la grande majorité des points de concentration de la crise actuelle dans le Sud-ouest se trouvent au sein des communautés à prédominance Nord-ouest, les signataires de ce document aux allures de mémorandum ajoutent de l’huile sur le feu à travers une énumération non exhaustive. Morceaux choisis : « presque tous les leaders des groupes sécessionnistes de la diaspora sont les ressortissants du nord-ouest. Les vidéos des bandes armées prouvent à suffisance que les combattants sont des ressortissants du Nord-Ouest.

La grande majorité des kidnappings c’est dans le Sud-ouest. La grande majorité des personnes déplacées internes (environ 70 000) sont originaires du Sud-ouest, indiquant l’intensité de la crise dans la région. Les quelques leaders sécessionnistes ressortissants du sud-ouest sont téléguidés par les maîtres de la résistance (Christopher Anu, Njie Makongo, Sako etc) qui sont tapis dans l’ombre. Le nom « Ambazonie » a été créé par les ressortissants du Nord-ouest (Gordji Dinka et Albert Mukong) en 1983 dès l’ascension du président Biya au pouvoir avec pour intention de rendre son règne le plus difficile possible. ».

Au banc des accusés également, le Cardinal Christian Tumi, Rev. Babila Foncham de la Synod Clerk Presbyterian Church in Cameroon. Eux qui sont à l’origine de la Anglophone general conference (Agc) initialement prévu à la fin de ce mois, mais reportée pour novembre prochain à Buea (et non à Bamenda). Une patate chaude entre les mains de Paul Biya.

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