LIONS-ELEPHANTS, LA FOI CONTRE LA MAITRISE : CHRONIQUE D’UN DUEL DU FOOTBALL AFRICAIN
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Le choc entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire a tenu toutes ses promesses. Attendu comme l’un des sommets de cette CAN, le match a offert un spectacle intense, rythmé, fait de belles séquences de jeu et d’actions dangereuses de part et d’autre. Les Lions Indomptables ont affiché audace et engagement, tandis que les Éléphants, solides et méthodiques, ont su contenir les élans camerounais sans jamais rompre.

A force de maîtrise collective et de gestion intelligente des temps forts, les Ivoiriens très alertes dans les quinze premières minutes, vont laisser les camerounais prendre progressivement  le contrôle du jeu, ces derniers termineront la rencontre avec un léger avantage en possession de balle (51 %), symbole d’une domination mesurée mais réelle. Une opposition équilibrée, vibrante, qui a rappelé pourquoi ce duel reste l’un des plus emblématiques du football africain. Il y a encore peu, David Pagou semblait relégué aux marges du football national, affecté par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, à une mission presque symbolique, loin des routes, loin des stades, loin des projecteurs.

Et pourtant, le destin du football camerounais l’a rappelé au centre de l’arène. En pleine crise, après une élimination douloureuse en Coupe du monde, il hérite des rênes des Lions Indomptables, une sélection jeune, inexpérimentée, dont près de 95 % des joueurs découvraient la CAN pour la première fois. Sans même deux semaines pour bâtir une identité de jeu, Pagou a pourtant insufflé quelque chose de rare : une âme. Autour d’un leader inspirant, Christian Bassogog, le Cameroun s’est présenté avec fierté, courage et discipline face à la redoutable Côte d’Ivoire.

Dans les tribunes, les regards étaient prestigieux : Kylian Mbappé, Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni, symboles d’une diaspora attentive, observaient ce choc des racines. Être Camerounais ou Ivoirien, ce soir-là, relevait presque du sacerdoce. Le match, très vite, s’est inscrit dans une intensité rare. La Côte d’Ivoire s’est montrée dominante, rassurante, capable de contenir la fougue camerounaise grâce à un bloc compact et une maîtrise collective bien huilée. Le milieu ivoirien, porté par Sangaré et Seko Fofana, a longtemps dicté le tempo. Leur sortie a changé la physionomie du jeu, offrant au Cameroun des espaces et une confiance nouvelle. Malgré quelques occasions manquées, les Lions n’ont jamais rompu, portés par un mental d’acier et une foi intacte.

 

Un combat africain total, au cœur de la CAN

Lorsque Amad Diallo ouvre le score, le stade retient son souffle. Cinq minutes plus tard, Junior Tchamadeu tente sa chance, son tir dévié par Ghislain Konan trompe le gardien ivoirien : un partout. Le scénario est parfait. Le spectacle est total. Chaque action devient une science du jeu, chaque duel une force retrouvée. Nous sommes au cœur de la CAN, au cœur de l’Afrique, dans cette compétition où l’émotion dépasse la tactique, où le football devient langage commun.

Les Éléphants ont montré de l’engagement, de l’intensité, un pressing constant pour empêcher le Cameroun d’installer son jeu. Ils ont mouillé le maillot pour défendre leur statut de champions d’Afrique, même si un réalisme supérieur aurait pu leur permettre de prendre l’ascendant. Côté camerounais, cette jeune équipe en reconstruction a surpris, déjoué les pronostics, et surtout respecté les supporters par son abnégation et sa progression visible.

Au cœur du jeu, Namasso était l’homme à abattre. Les Ivoiriens l’avaient clairement identifié comme la clef de voûte du dispositif camerounais. À le voir constamment cerné, accroché, fauché, on devinait sans peine les consignes venues du banc : le surveiller comme un gendarme surveille son prisonnier. C’est par lui que passait la tactique  du jeu, c’est lui qui avait pour mission d’alimenter Kofané en attaque. Une fois ce lien brisé au milieu, l’avant-centre s’est retrouvé isolé, condamné à l’invisibilité, privé de ballons et d’espaces.

Namasso a ainsi été malmené à la moindre tentative d’initiative, souvent terrassé à chaque prise de risque. Les Éléphants ont multiplié les fautes, bien plus que leurs adversaires, révélant par là même leurs difficultés à contenir le jeu camerounais autrement que par l’impact et l’interruption. L’anti-jeu est devenu une arme assumée, presque systématique. La consigne était limpide : empêcher le Cameroun de respirer dans l’entrejeu pour paralyser toute projection offensive. A l’œil averti, le constat s’impose sans détour : dans le fond du jeu, le Cameroun a montré davantage de cohérence et d’intentions. La Côte d’Ivoire, elle, a trop souvent préféré retenir les Lions par le maillot plutôt que de les dominer par le jeu. Une bataille gagnée par la contrainte plus que par la maîtrise, et qui, paradoxalement, souligne la qualité du football proposé par les Camerounais.

Les analyses d’après-match confirment ce sentiment général. Henry Njalla Quan, ancien vice-président de la FECAFOOT, salue la nomination de Pagou comme l’une des décisions les plus pertinentes de Samuel Eto’o. Idriss Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football, reconnaît également la qualité du travail effectué malgré des conditions difficiles. Tout n’a pas été parfait : certains changements tardifs, des occasions manquées, quelques choix discutables. Mais l’essentiel était là.

Ce match n’a pas seulement opposé deux équipes, il a uni deux nations autour d’un même amour du jeu. Il a rappelé que la CAN n’est pas qu’un tournoi : c’est une fête continentale, brute, vibrante, chargée d’émotions. Un football parfois moins spectaculaire, mais toujours intentionnel, collectif, profondément humain. Cameroun et Côte d’Ivoire ont honoré l’Afrique. Et rien que pour cela, cette rencontre restera gravée.

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