Quand les jeunes bousculent ...la gérontocratie : Nord et Extrême nord, les membres du gouvernement en difficulté
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Dans cette partie du Cameroun, les notables proches du pouvoir sont la cible de tous les quolibets.

C'est la saison des grandes  manœuvres politique dans les régions septentrionales. Le dernier développement des soubresauts qui secouent la classe dirigeante a été observé le  week-end dernier. C'était à l'occasion d'une réunion convoquée par le président national de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès ( Undp). Le ministre d'État Bello Bouba Maigari avait fait distribuer les invitations dès le 10 janvier dernier pour une réunion prévue le 27 du même mois.

Tous les cadres du parti étaient convoqués au centre culturel de Kolere. Oussman Aman Sali ( Yerima Dewa), membre du bureau politique de l'Undp, président élu en juillet dernier de la Fédération départementale de la Bénoué, avant que cette élection ne soit annulée. Le maire de Pitoa avait reçu son carton d'invitation et devait être l'hôte de l’assemblée.  Seulement, au lieu de déférer à la convocation du président national et d'accueillir ses camarades venus d'autres fédérations du pays, il s'est offert un bain de foule dans sa circonscription dont on commente encore les vidéos. Pour avoir commis cette défiance, Yerima Dewa, n'en jure pas moins.

« Je n'ai pas démissionné du parti et je n'en suis pas exclu. Je suis membre du bureau politique et je suis libre ainsi que prévoient les statuts de l'Undp de faire la politique comme il me convient et pour moi, le contact de mes électeurs est plus important que les réunions », explique-t-il dans un premier temps. Il dit un peu plus tard : « Je suis à vendre au plus offrant. Si il y a départ j'amène avec moi, 44 sous-sections, 127 comités de base, et 38 conseillers municipaux», promet-il. Il dit en avoir parlé à ses soutiens il y a six mois quand son élection à la présidence de la Fédération de la Bénoué a été annulée.

«Je m'y étais porté candidat à la demande des proches du président et sous l'insistance de la majorité des présidents de sections. Mais, le président national voulait installer à ce poste Oumoul Koulchoumi Ahidjo. Il ne m'a pas explicitement demandé de lui céder la place mais, m'a enjoint de l'appeler au téléphone et de lui rendre compte. Une humiliation. Cette dame était 2ème vice-présidente et moi 1er, elle est député je suis maire, elle est fille de notable je suis un prince. Il n'était donc pas question de l'appeler». Était-ce pour autant le début du clash du week-end dernier? Non bien sûr. Les raisons de la manœuvre de Yerima Dewa sont plus profondes. Elles remontent au moins à 2011. Lors des élections présidentielles, l'Undp et le  Rdpc avaient renouvelé le pacte de gouvernement qui les allie.

« J'étais l'un des quatre à avoir dit au président national que j'étais contre cet accord», révèle le  maire de Pitoa. Il ajoute que personne n'a jamais su le contenu de la plateforme gouvernementale et personne n'en voit les fruits. « Les anglophones obtiennent tout ce qu'ils veulent parce qu'ils ont manifesté leur mécontentement. Les trois régions septentrionales représentent 45% de l'électorat national mais, qu'est-ce qu'on a ? », renchéri un des soutiens du maire frondeur.

Tournée nationale

10 ans après les élèves de l'école normale supérieure de Maroua prennent leurs cours sous des hangars et dans des magasins. On a délocalisé la faculté de droit de l'université de Ngaoundere à Garoua et les étudiants sont éparpillés un peu partout dans la ville. On nous crée en plus une faculté de médecine gadget. Les élèves de cette faculté vont-ils prendre leurs cours sous les arbres? A Garoua nous sommes à 70 km du barrage de Lagdo qui nous a privé de la pleine jouissance du fleuve Benoue au prétexte de produire de l'électricité mais, il n'y a pas d'électricité trois jours sur sept», fustige t'il. « Nous sommes fatigués de faire la politique pour le seul bénéfice de personnes sans que les fruits ne ruissellent sur les populations», renchérit Yerima Dewa.

A l'instar de cet entrepreneur politique milliardaire et populaire de 61 ans, de nombreux autres acteurs entendent faire valoir leur popularité pour «changer le système et faire reculer l'immobilisme». Et c'est au Rdpc que la volonté de dépouiller les «aînés» du gouvernement est la plus féroce. Les batailles dans les départements du Mayo Kani , Mayo Danay,à Tokombere ravagent le parti des flammes. L'incendie y semble si ravageur que, le secrétaire général du comité central dont on annonce une étape dans le Nord d'une tournée nationale, la remet sans cesse. « C'est fini l'époque où on allait accueillir les ministres à l'aéroport avec tambours et trompettes. Aujourd'hui ils viennent rendre visite à leurs proches en se cachant des populations. Ils n'ont simplement rien à offrir», confie Abdoulaye D ., un militant du Rdpc.

Partout des  jeunes aux discours populistes même s'ils s’en défendent veulent bousculer le «système et ses affidés». Certains jeunes comme Celestin Yandal à Touboro ou Mamadou Mota gagnent déjà en notoriété pour leurs victoires sur le premier vice premier président du Senat pour le premier et sur le président de l'assemblée nationale pour le second. Un parti dont ni les promoteurs ni les militants n’osent se dévoiler s'est invité aux débats. Le parti de la Justice et du Progrès (Pjp) a fait de la chute de ces notables son credo.

« On  s’organise autour pour faire exister les régions septentrionales dans le débat public. Nous voulons occuper les espaces de discussion longtemps abandonnés comme si nous-mêmes n’avions pas été à l’école. Que les gens ne parlent plus pour nous. Que nous parlons nous mêmes. Imposer nos problèmes dans l’espace, dire que le Grand Nord, nous et les autres, nous ne nous limitons pas seulement aux Dakole, Garga, Bello Bouba Maigari et autres.

Qu’il y a cette génération nouvelle qui est différente et qui ne peut pas abandonner le débat. Qui compte embrasser la politique pour que la région pèse dans le débat. Regardez un peu tous ces candidats à l’élection, tous d’une même partie du pays comme si ce n’était que sur eux que pouvait reposer le destin de la nation», scande un observateur proche du Pjp. Dans la région du Nord, les notables proches d'un gouvernement sont la cible de tous les quolibets à l'exception de Issa Tchiroma.

« C'est le seul qui ne doit rien aux populations mais, qui leur a tout donné. Il a fait 22 forages dans Garoua et un à Pitoa, il a offert 13 ambulances pour tous les quartiers de Garoua. Chaque mois du ramadan il fait distribuer des camions entiers de riz et de sucre aux populations. Aucun autre ne peut afficher de telles réalisations sociales», apprécie Abdoulaye D. Le ministre de la Communication souvent raillé pour ses sorties véhémentes semble faire des émules.

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