Crise anglophone : Le Sdf visite les 64 détenus de la contestation
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Ils ont eu une séance d’échanges hier avec plusieurs parlementaires venus à la prison de Kondengui.

Mental d’acier ! C’est ce qui ressort des échanges hier, 5 avril 2017, à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé entre des parlementaires du Social Democratic Front (Sdf) et les personnes arrêtées dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Il était exactement 14 h lorsque Pierre Landry Etoundi, le régisseur de la prison, a accueilli la délégation du Sdf. Au cours des échanges courtois avec les responsables du ce parti d’opposition, il a rappelé que le nombre de personnes impliquées ou prévenues dans la contestation dans les régions anglophones à la date du 23 mars 2017 s’élève à 64.

Le régisseur a ensuite fait venir 62 détenus. Felix Agbor Nkongho, l’une des figures de la Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (Cacsc), une organisation favorable au fédéralisme qui a été interdite en janvier, et Mancho "BBC", présenté comme l'un des chefs de file de la révolte dans son épicentre, Bamenda, sont absents. Ils sont gardés, d’après nos sources, sous haute sécurité dans les locaux externes de la prison centrale de Yaoundé. Seuls trois parlementaires Sdf ayant l’autorisation spéciale du gouvernement leur rendront visite autour de 16 heures.

Par contre, le Dr Fontem Neba, arborant un t-shirt vert et une culotte presque grise, fait partie des détenus présents à l’entrée du bureau du régisseur. L’émoi est à son comble. Zama Godon, le responsable du district Sdf dans la ville de Limbe, s’approche des parlementaires Sdf et discutent avec eux. Fontem Neba, visiblement à l’aise, s’adresse à l’honorable Awudu. « Ce qui se passe est inacceptable. On dirait une femme mariée  mais constamment battue, maltraitée depuis le premier jour.

Ce n’est pas normal », affirmet-il. Non loin de là,Tim Finnian, le directeur de publication du journal  « Life Time » dans le Nord-Ouest, explique avoir été arrêté après avoir écrit dans un article qu’il y a eu deux morts au cours du voyage des personnes et emmenées à Yaoundé. Un autre détenu, des blessures à la tête, n’est pas à même de s’exprimer. Le Jour a appris qu’il est épileptique. Un autre asthmatique dit n’avoir plus de soins. Un énième détenu explique avoir été arrêté à Bamenda le 9 décembre 2016 et conduit au Sed où il a passé un mois et deux jours avant d’être conduit à Kondengui le 11 janvier 2017. Il se rappelle que « c’était à bord d’un avion militaire cargo ».

Une information  que Le Jour n’a pas pu vérifier. Joseph Ngalina vient de Buea et vit aux Etats-Unis. « Je suis venu au Cameroun chercher ma maman qui a 87 ans et ils ont retiré toutes mes pièces dans un taxi », a-t-il expliqué. Les dons constitués pour l’essentiel du tapioca, du riz, du savon, du sel, des huiles et autres, créent l’euphorie sur les visages.

Mais l’élan est stoppé net par la somme d’argent que les députés Sdf veulent laisser prioritairement pour les soins de santé. « Honorable, nous voulons avoir quelque chose en poche ! C’est nous qui vivons les difficultés sur place ! Partagez cet argent, je vous en prie », lance l’un d’eux. Les députés hésitent. Autour de 15 h 20, l’honorable Mbah Ndam se livre à une véritable communion avec les détenus. « Y a-t-il quelqu’un qui n’est pas sorti ? Parce qu’on ne doit pas sortir d’ici et entendre après que l’un de vous est mort ! Nous irons dire à vos familles que vous vous portez bien. Restez calme ! Soyez courageux, nous suivons de près votre dossier », a-t-il déclaré en pidgin.

Me Francis Sama  Asanga, ancien bâtonnier et militant du Sdf, a invité les détenus à être forts et respectueux des lois de la prison. L’honorable Awudu a pour sa part insisté sur le principe de solidarité. Au cours du point de presse qui a suivi au siège du groupe parlementaire Sdf, Mbah Ndam, le vice-président de l’Assemblée nationale, a affirmé que depuis la reprise de l’actuelle session parlementaire, les députés Sdf ont émis le voeu de se rendre à la prison centrale.

« Nous avons décidé de mettre en pratique ce voeu et surtout d’aller apporter notre assistance à ces compatriotes qui ont été déportés à Yaoundé. Nous pensons que les tribunaux militaires existent dans les régions anglophones. Ils sont compétents et ce n’est qu’en cas d’état de siège ou d’exception qu’on pouvait les envoyer à Yaoundé. Nous maintenons qu’ils ont été déportés de manière illégitime. Nous avons constaté qu’il y a des malades : un épileptique recouvert de blessures ; un asthmatique. Il n’a pas d’aspirateur ! Le régisseur a dit que les premiers soins ont été donnés et qu’il n’y a plus de remèdes », a-t-il précisé.

Il a ajouté que dans un Etat de droit, ces malades devaient être gardés dans des institutions spécialisées. Ce député a également précisé que l’administration pénitentiaire fait de son mieux. Selon lui, le Sdf continuera de se battre pour le respect des libertés. En rappel, arrêtés en janvier, les accusés sont poursuivis pour "actes de terrorisme, sécession, révolution, insurrection, incitation à la guerre civile", selon l'acte d'accusation, des charges passibles de la peine de mort.

Le deuxième procès concerne 25 personnes, dont Mancho Bibixy "BBC", déjà cité dans la première affaire. Elles sont poursuivies notamment pour "actes de terrorisme, rébellion, hostilité à la patrie, dégradations des biens publics, pillage en bande". Toutes ont plaidé non coupable et l'affaire a été renvoyée au 27 avril.

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