Fête de la jeunesse : La dette de Biya envers les jeunes
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Le chef de l’Etat continue d’écrire l’histoire des promesses. Hier, le don d’ordinateurs aux étudiants, la prime d’excellence académique, le recrutement des 25 000 diplômés, la gratuité de l’école primaire, l’Académie de football, etc. Aujourd’hui, le Plan spécial jeunes.  

Paul Biya est un président endetté auprès des jeunes. Du moins, si l’on s’en tient aux multiples engagements pris par le chef de l’Etat face à cette catégorie de la population, de loin la plus nombreuse et la plus nécessiteuse. Les jeunes sont en effet les plus demandeurs en matière d’emplois, d’éducation, de sport ou encore de santé. 

Prime d’excellence académique

Ces dernières années sont riches en promesses faites à l’occasion de la fête de la jeunesse. Le 10 février 2009, le président de la République annonce le payement annuel d’une prime d’excellence académique qui s’élève à 50 000 F.Cfa par étudiant méritant des universités d’Etat. Plus tard, cette prime est étendue à l’enseignement supérieur privé. En 2000, Paul Biya se présente à la jeunesse avec la gratuité de l’enseignement primaire au Cameroun. Les années passent, ces deux promesses présidentielles sont tenues non sans couacs, non sans récriminations dans les universités et les écoles primaires publiques. 

Football

Pour autant, le président ne prend pas moins d’engagements devant la jeunesse. Le 10 février 2010, alors que le football camerounais vit déjà sa traversée du désert, Paul Biya promet la création d’une Académie nationale de football (Anafoot) présentée non seulement comme le lieu d’initiation et d’encadrement des jeunes à la pratique du football de haut niveau mais aussi comme un centre de formation initiale et continue des formateurs à l’enseignement théorique et à la pratique élaborée. Le 10 février 2011, Paul Biya arrive avec le recrutement spécial de 25 000 jeunes diplômés dans la Fonction publique. L’opération met en ébullition le pays entier, et même la diaspora. 

Paludisme

Cette même année 2011, dans son discours du 31 décembre, le président fait une énième annonce qui touche directement à la condition de la tranche jeune. Mieux, il s’agit des tout-petits (0-5 ans) qui bénéficient de la gratuité du traitement du paludisme simple. Puis les années sont passées. L’an 2016 est arrivé avec deux promesses majeures. D’abord le 10 février, le président annonce lui-même l’avènement du Plan triennal spécial jeunes doté de 102 milliards F.Cfa destinés à appuyer 1,5 million de jeunes âgés de 15 à 35 ans porteurs de projets d’entreprise. 

Don d’ordinateurs

Les applaudissements et les marches de remerciement n’étaient pas finis que le 26 juillet, le ministre de l’Enseignement supérieur annonce que le président a autorisé le gouvernement à contracter un prêt de 75 milliards F.Cfa afin d’offrir gratuitement un ordinateur portable à chaque étudiant camerounais régulièrement inscrit dans un établissement public ou privé. Ainsi, 500 000 de ces appareils doivent être distribués. 

Six mois plus tard, les ordinateurs sont toujours attendus. Ce 10 février 2017 à l’amphithéâtre 700 de l’université de Yaoundé I, des étudiants ont en choeur posé la question sur le sort de la promesse présidentielle. Interpellé, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, par ailleurs porte-parole du gouvernement, a été dans l’incapacité d’apporter une réponse claire dans un amphi bondé d’étudiants qui n’ont pas manqué d’exprimer leur scepticisme. Une clameur sourde a répondu au ministre lorsque celui-ci a dit que le gouvernement tiendra parole car rien ne l’obligeait à prendre un tel engagement. 

La prime incertaine

Parlant d’obligation, c’est à se demander si le chef de l’Etat se soucie de la mise en oeuvre des promesses qu’il fait aux jeunes, une fois passé l’effet d’annonce. En effet, aucun engagement pris n’a jusqu’ici été respecté à la lettre. Les étudiants ne réclament pas seulement les ordinateurs. Chaque année, il y a des éclats de voix à propos de la prime d’excellence académique. Au cours de leur manifestation de novembre 2016, les « cop’s » de l’université de Buea dénonçaient aussi la mauvaise répartition de cette prime. Et malgré la légitimité de leur revendication, ils ont été molestés en plein campus par les forces du maintien de l’ordre. Une situation similaire s’était produite en août 2015 à l’université de Yaoundé 2 où des étudiants avaient bloqué l’accès au campus de Soa. Les problèmes enregistrés dans la distribution de la prime avaient poussé le ministère de l’Enseignement supérieur à dire la vérité. 

« La prime n’est plus systématique. Des universités envoient des listes au Minesup qui transmet à son tour au ministère des Finances. Le Minfi seul décide de l’opportunité en fonction de ses priorités », avait expliqué le chargé de la communication, Christophe Oumarou. Il y a eu autant de désillusions avec le recrutement des 25 000 jeunes diplômés dans la Fonction publique en 2012. L’engouement du départ a été tel que plus de 300 000 candidats ont été enregistrés. 

A la fin curieusement, quelque 4 000 personnes présélectionnées n’ont pas déposé leur dossier pour la suite du processus. Beaucoup ayant été découragés par les niveaux de salaires proposés et les profils de carrière. Sur la gratuité de l’école primaire publique, les frais d’Apee et d’autres frais divers ont rendu l’école plus coûteuse qu’auparavant. La faute ne saurait être seulement celle des responsables d’établissements où le paquet minimum insuffisant arrive parfois au 2ème trimestre de l’année scolaire. 

A l’évidence, la gratuite de l’école a été décrétée sans mesures d’accompagnement. Idem pour le traitement gratuit du paludisme simple chez les enfants de 0 à 5 ans. Dans les formations hospitalières, il faut payer le billet de cession et les examens, pour à la fin recevoir quelques comprimés quand ceux-ci sont disponibles. Plus encore, les cas de paludisme sont le plus souvent graves et donc payants. 

A fil de ses discours à la jeunesse, le président ne s’est jamais expliqué sur ses promesses non tenues ou à peine tenues. Cette année 2017, il est resté pareil à lui-même et a promis l’implémentation du Plan triennal spécial jeunes. Un plan qui a été lancé en janvier dernier, soit 12 mois après son annonce par le chef de l’Etat. Et ce dernier n’a pas cru bon de donner les raisons de ce retard. Tout comme il n’a toujours rien dit sur l’Académie de football annoncée il y a 7 ans, dont seuls sont connus les membres du conseil d’administration nommés en août 2016. Voilà des dettes parmi tant d’autres dans la série de promesses faites par le président à ses jeunes compatriotes. 

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