Dépistage : Comment les travailleuses de sexe luttent contre le Sida
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Le programme de dépistage et de formation des clients de celles qu’on appelle trivialement « filles de joie » a commencé au début du mois de décembre dans les villes de Yaoundé et Douala. Il apporte un nouveau souffle dans ce combat mené contre le VIH/sida depuis plusieurs années.

Réduire  les stéréotypes

« Je suis en feu, quelle joie mama ! Mes clients ne sont pas malades, ça mérite une bière », l’euphorie d’une travailleuse de sexe qui a accompagné son client se faire dépister. Il est 20h, nous sommes à Yaoundé au lieu-dit Mini ferme, un point chaud de la capitale. Les sonorités bruyantes du continent africain et d’ailleurs résonnent à rompre le tympan, l’alcool coule à flot. Des éclats de voix par ci, des rires par là.

Ici, il est coutumier d’observer une mutation perpétuelle de quelques locaux utilisés  pour plusieurs fonctions. C’est un changement de décor permanent des salons de coiffure, boutiques de la journée, en chambres de passe pour les travailleuses de sexe et leurs clients. Cette nuit du 22 décembre 2016 est semblable à une matinée. Les ruelles lugubres de ce quartier réputé pour ses réjouissances sont encore plus bondées dans la mouvance des fêtes de fin d’année, souligne un passant.

C’est la haute saison pour  les « belles de nuit ». Les clients de tous types et de tous les âges pullulent … le moment est également bien choisi pour atteindre, sensibiliser et dépister les fidèles des plaisirs monnayés. Celles-ci vêtues de tenues aguicheuses sont à l’œuvre dans ce qui pour elle est son gagne-pain. Les clients affluent de part et d’autre, certaines prostituées se contentent de 2 ou de 3 clients qui, visiblement sont des habitués des lieux. Même si tous les clients ne se prêtent pas à ce jeu, certains se laissent convaincre par celle-ci et finissent par accepter de se faire dépister.

« Chez moi ça se passe bien. Après que je l’ai satisfait, je prends quelques minutes de mon temps pour lui parler de l’importance de connaître son statut sérologique. Je lui remets un coupon et l’amène rapidement au point de dépistage. Tous mes clients ont accepté de se faire dépister », témoigne Mireille péripatéticiennes depuis plusieurs années au quartier mini ferme.

La plupart se plait dans cette tâche, c’est d’ailleurs une nouvelle ère qui souffle pour celles-ci. Ça permettrait qu’elles aient plus de crédibilité auprès de leurs « Asso » et de réduire certains stéréotypes à leur endroit. « Je suis ravie de poser un tel acte. On ne va plus dire que nous sommes malades. Les prostituées sont des femmes qui se soucient de leur santé. Les clients reviennent par la suite me présenter leur résultat négatif et me proposent d’aller avec eux sans protection mais je refuse », précise la mignonne TS à mini ferme Pour la plupart des clients de ces femmes c’est une grande surprise, une aubaine même.

L’un d’eux  sert très fort l’enveloppe contenant ses résultats. Ses émotions sont semblables à celles d’un enfant qui vient d’apprendre qu’il a obtenu son diplôme et qu’il entrera enfin au collège. « Je suis vraiment étonné que ce soit elle qui me parle aujourd’hui de Sida, qu’elle me propose d’aller me faire dépister. Je vous assure que moi je n’aime pas ces endroits populaires où l’on dépiste tout le monde. Je ne me suis jamais fait dépister, alors quand elle m’a proposé ça j’ai sauté sur l’occasion et voilà c’est fait », jubile-t-il, presque.

Toutefois, tout se fait dans la discrétion car aucun client de ce milieu ne voudrait se faire remarquer ou être exposé avec une prostituée et l’équipe médicale. C’est ainsi qu’un espace secret est aménagé dans les points de rencontre entre prostituées et ceux qui les fréquentent. Sur place on retrouve l’équipe médicale dont le médecin, le laborantin et le conseiller psychosocial. L’on note aussi le matériel adéquat du dépistage puisque les résultats sont tout de suite communiqués. Félicita Pride, responsable du département santé à l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun et Denis Hynes chief of party in Care Cameroon présents sur le site des opérations de dépistage ont été impressionnés par le comportement responsable de ces « camer.be filles » qui agissent « comme des conseillères et animatrices dans le combat contre le VIH/Sida ». Ils ont également salué l’intérêt que celles-ci portent au projet, sans oublier la solidarité et la collaboration entre elles et leur clientèle.

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