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© La Météo : Michel Tafou
- 02 Jun 2016 14:08:13
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CAMEROUN :: Banditisme à ciel ouvert : Ministres et autorités locales «mangent la terre» à Kribi :: CAMEROON
Il n’y a pas que Louis Paul Motaze et ses comparses qui sont englués dans les affaires mafieuses. D’autres acteurs viennent d’entrer dans la danse, compromettant au projet de construction d’un hôtel de luxe dans la cité balnéaire.
Le 29 janvier dernier, la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Jacqueline Koung à Bessiké, a entériné une proposition du préfet du département de l’Océan, Antoine Bisaga, visant à «constater la nullité d’un titre foncier» sur un lotissement situé à Ebomè. Le membre du gouvernement invoque un supposé «empiètement du domaine public maritime», susceptible d’entraîner «l’annulation de tous ses morcellements».
Spécialiste de la danse bafia, Jacqueline Koung à Bessiké a, le 21 mars suivant, écrit au même préfet pour lui «demander de bien vouloir suspendre les actions (…) entreprises avant l’aboutissement des mesures préconisées au niveau des services centraux, pour éviter les effets cumulatifs de [son] initiative qui est certes louable mais anticipée».
Ce rappel à l’ordre, ou plutôt ce revirement de la Mindcaf, intervenaient après que le chef de terre, n’écoutant que son courage, avait quelques jours plus tôt fait arrêter des travaux de construction d’un hôtel de 4 niveaux sur le site querellé en attendant «d’examiner la requête du collectif des chefferies traditionnelles Mabi de l’Océan». Ce dernier regroupement, doit-on le signaler, est une émanation spontanée d’un certain Thomas Mouri Ngouo, repris de justice sans aucun titre de propriété, mais qui sème la pagaille autour d’un terrain jouissant d’un titre foncier établi depuis le 20 janvier 1987.
En 1969 en effet, Pierre Tantchou acquiert un terrain de 2167m2 sur un lotissement dont le titre foncier mère porte le numéro 361/Océan. Curieusement le même terrain fera, le 2 juin 1997, l’objet d’un bail de 50 ans arrêté par le ministre en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat, Hamadou Moustapha. Les locataires, qui y implantent ensuite une auberge dénommée Tara Plage Sarl, sont le Français Genest Thierry (décédé) et le Camerounais Thomas Mouri Ngouo.
Poursuivis pour destruction, trouble de jouissance et maintien sur un terrain sans autorisation préalable du propriétaire, les deux associés sont condamnés par la Cour d’appel du Centre respectivement à 6 mois et 1 an de prison ferme assortis de peines pécuniaires.
Le 30 septembre 1997, ayant constaté qu’il avait été induit en erreur, Hamadou Moustapha, «pour manque de base légale», rapporte les dispositions de son arrêté du 12 juin de la même année portant retrait du titre foncier de Pierre Tantchou. Le 24 février 2000, la chambre administrative de la Cour suprême réhabilite le propriétaire légitime du terrain dans ses droits. On croit alors, au nom de l’autorité de la chose jugée, que le dossier est clos. Qui plus est, le principe dit de «la prescription trentenaire» éteint toute action judiciaire ou civile sur cette parcelle.
Dans l’espace, Pierre Tantchou a légué la parcelle de toutes les convoitises à son fils, Pierre Tantchou Orly Mathias, qui vit aux Etats-Unis et, ayant entendu l’appel du président Biya à la diaspora pour venir investir au Cameroun, et fort d’un permis de construire obtenu en début décembre 2015, y débute des travaux de construction d’un hôtel.
En novembre 2012, déjà, le jeune homme décide de faire exécuter les multiples décisions administratives et judiciaires en sa faveur. Curieusement, la force publique qu’il requiert pour faire déguerpir l’imposteur joue la montre. Thomas Mouri Ngouo, qui s’est autoproclamé président du collectif des chefs traditionnels Mabi et répète à qui veut l’entendre qu’il a le bras long, multiplie les obstructions et autres manœuvres dilatoires. L’intrigant, doit-on le rappeler, n’a aucun droit ni titre de propriété sur le terrain qu’il veut arracher.
Jusqu’à ce fameux 10 mai 2016 où le président du tribunal de première instance de Kribi, Parfait Derlin Mbang Moubei, confirme en référé l’arrêt des travaux de construction de l’hôtel d’Ebomè. Pour dire à quel point les pratiques mafieuses sont désormais le sport favori des autochtones, magistrats, autorités administratives et du maintien de l’ordre à Kribi aujourd’hui, le magistrat, jusqu’au moment où nous mettions sous presse, se refusait à délivrer l’expédition de son jugement Pierre Tantchou Orly Mathias, un document permettant au promoteur de l’hôtel de préparer son pourvoi à exécution à l’occasion de l’audience prévue le 10 juin à Ebolowa.
Michel Tafou
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