Trafic routier : Le calvaire des embouteillages à Bonabéri
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Les bouchons sont récurrents le long de la nationale n°4 qui traverse ce quartier de l’arrondissement de Douala 4ème, où la circulation a été complètement paralysée entre 6h et minuit le 12 avril 2016.

Près de vingt personnes se tiennent debout au lieu-dit Entrée Forêt-Bar sur la nouvelle route de Bonabéri, dans l’arrondissement de Douala 4ème. Les gouttes de pluie qui arrosent la capitale économique depuis la veille ne sont pas prêtes de s’estomper. Il est bientôt 9h ce mardi 12 avril 2016.

Ca fera bientôt 2 heures que certains de ces usagers attendent d’emprunter un moyen de transport pour rallier le rond point Deïdo, de l’autre côté du pont sur le Wouri, dans l’arrondissement de Douala 1er. L’attente est longue. Pas moyen de trouver une place assise dans un taxi. Tous les véhicules sont coincés dans les interminables files d’embouteillages. Rien ne semble bouger. Et lorsque les moteurs de voitures ronflent, c’est pour avancer à pas de tortue.

Les usagers s’abritent sous des parapluies à trois ou quatre. Les moins nantis n’ont pas d’autres choix que de se tremper. Les mototaxis, ces véhicules à deux roues, qui sont très sollicités pour contourner les embouteillages, se font rares. « Je suis arrivée ici peu avant 7h. J’ai trouvé toutes ces voitures bloquées dans les embouteillages. Je suis déjà en retard pour le boulot », se plaint une demoiselle à haute voix. Un mototaximan de passage, fait savoir que ces longues files de véhicules immobilisés s’étendent jusqu’au niveau de l’échangeur, à la sortie Ouest de la ville de Douala. Les mototaximen sont les seuls à pouvoir se frayer un petit chemin au milieu de tous ces camions et autres gros porteurs.

Ils zigzaguent entre les files et sont parfois amenés à déposer les pieds au sol, pour jouer les équilibristes. Chacune des motos transportent deux passagers, en plus du chauffeur. C’est le fameux phénomène du « bâchement», très pratiqué dans cette partie surpeuplée de la ville. Les usagers se mettent à deux sur une même moto pour pouvoir payer le transport à un prix réduit. Mais ce mardi, le prix d’une course de Bonabéri pour le rond point Deïdo est taxé à 500 F. Cfa à chacun des deux passagers. Traditionnellement, lorsque le trafic est dense, les deux passagers sur la moto déboursent chacun 200 ou 250 F. Cfa pour le même voyage.

« Même trouver la moto aujourd’hui, c est très compliqué. Toutes les motos qui passent ont déjà deux passagers. On va faire comment », s’exclame un usager de la route, visiblement au bord des nerfs. Sur la route, trois files de véhicules allant dans un même sens obstruent la voie. Au lieu-dit Cimetière Kotto Bass, à une centaine de mètres de l’Entrée Forêt-Bar, deux policiers régulent la circulation. Un homme en tenue est positionné au milieu de la chaussée et fait de grands mouvements de bras. Il transpire à grosses gouttes. Son collègue gère le flux de véhicules en provenance de Mambanda, un quartier populaire de Bonabéri. La situation ne s’améliore pas pour autant.

2 Km à pied, ça use

Un autre point de contrôle de la police est établi à environ 50 mètres plus loin, peu avant la mosquée Tanko, au quartier Béssèkè. Quatre policiers sont rompus à la tâche. A Bonassama aussi, la police essaie tant bien que mal de réguler la circulation. Ici, dans ce quartier administratif, à l’entrée du pont sur le Wouri, les travaux entrepris sur la chaussée par la société Razel ne sont pas pour arranger les choses. La chaussée est creusée ici. La voie à la circulation est bloquée là, par des blocs de béton. Il y a en outre un nombre important de véhicules en provenance de l’ancienne route coincé dans les bouchons.

Un employé à bord d’un car appartenant à une société de livraison de produits alimentaires se retrouve immobilisé dans les rangs. Il a un ton grave au téléphone. Il explique à son interlocuteur les raisons de son retard. En face de la mairie et de la sous-préfecture, une cinquantaine d’usagers recherchent désespérément une moto pour traverser le pont. «500 F. Cfa pour le rond point Deïdo s’il vous plait», propose un homme en tenue à un mototaximan qui transporte déjà un autre passager.

Le «benskineur» acquiesce de la tête. Pour cette distance, il est habituellement demandé à l’usager de débourser 200 F. Cfa pour être transporter tout seul, apprend-on. Le passager avoue avoir passé près d’une heure sur place. Il pousse un soupir et prend place sur le véhicule à deux roues. Les autres usagers attendent à Bonassama. La pluie fine continue d’arroser la ville. « J’ai un rendez-vous urgent à Akwa qui doit me faire gagner de l’argent. On m’y attend depuis. Je  dois m’y rendre par tous les moyens», confie une dame, la trentaine. Quelques minutes plus tard, elle se joint à un groupe de personnes qui a entrepris d’effectuer la traversée du pont sur le Wouri, à pied. Il faut se déplacer en file indienne.

Il faut aussi éviter de se faire bousculer par les motos qui déambulent à tout bout de champ. Les piétons lancent des insultes aux automobilistes imprudents. A l’entrée du pont, un militaire se tient au milieu de la chaussée pour diriger les véhicules. Il a le regard menaçant. Des policiers sont également déployés le long de l’ouvrage pour faciliter la fluidité de la circulation. Les piétons se déplacent sur la partie surélevée de la route, près des garde-fous. Les voitures défilent à proximité. Sur la droite, dans le fleuve, en allant vers le rond point Deido, les passants peuvent contempler le chantier de construction du deuxième pont sur le Wouri.

A l’autre extrémité du pont, sur la partie continentale, une clôture en tôle couvre le chantier. Les piétons doivent longer cette clôture en évitant de se faire arroser. L’eau de la pluie stagne à plusieurs endroits, sur la chaussée. Une dame, la quarantaine, fait partie de cette expédition d’un autre genre. Elle tient un sac de marché à l’épaule droite et une babouche à la main gauche. Le soulier n’aura pas pu tenir sur les 2 kilomètres à couvrir. Après une vingtaine de minutes de marche, au lieu-dit rond point Deïdo, un brin de sourire colore les visages des piétons. Ils sont des centaines à avoir effectué la traversée du pont sur leWouri à pied mardi 12 avril 2016 à cause des embouteillages, apprend-on.

Bouchons récurrents

Des usagers et des automobilistes imputent cette situation aux travaux de réfection de la route en cous sur la nouvelle route à Bonabéri et en face de la brigade de Deïdo, à quelques encablures du pont sur le Wouri. Des petits commerçants installés au rond point Deïdo indiquent que les embouteillages ont eu droit de cité jusque tard dans la nuit de mardi, autour de minuit. Les automobilistes font savoir que les files de véhicules s’allongeaient jusqu’au niveau de Ndokoti, paralysant aussi la circulation dans les quartiers Deïdo, Akwa et Bessenguè.

«Les gens de Bonabéri souffrent trop. Vers 22h, certains se sont assis au niveau des escaliers de la boulangerie, attendant que la circulation se décongestionne un peu. Mais rien n’a changé après plusieurs minutes d’attente », rapporte une tenancière de call-box au rond point Deïdo. Elle fait savoir que les passagers ont dû débourser au moins 500 F. Cfa pour s’arracher une place sur une moto, afin de traverser le pont sur le Wouri et rallier Bonabéri.

«C’était grave le soir entre 18 et 19h. Ca ne circulait pas sur le pont. Mêmes les passagers des motos ont terminé la traversée du pont à pied. Il y avait du monde sur le pont », indique Julienne, une habitante de Bonabéri. Sur le pont, à cette heure-là de la soirée, des militaires étaient déployés le long de l’ouvrage par groupe de deux. « Ils demandaient qu’on circule dans les rangs. Ils menaçaient de nous fouetter si on ne respectait pas les rangs. Mais jusque là, la circulation était complètement bloquée. Ca ne circulait pratiquement pas», témoigne un conducteur de moto.

Qui fait savoir que la situation était à peu près similaire le lundi soir. La circulation était certes fluide le mercredi 13 avril 2016, mais les habitués de la traversée du pont sur le Wouri font savoir que les embouteillages sont fréquents à Bonabéri. Les bouchons sont souvent récurrents les vendredis et samedis, entre 12h et 14h et autour de 22 h, apprend-on.

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