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© Integration.org : Engelbert Essomba Bengono, Suppléant De Député RDPC
- 18 Apr 2016 04:00:02
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CAMEROUN :: Le franc CFA en toute franchise :: CAMEROON
La vieille monnaie de 77 ans semble se porter comme un sou neuf dans le coeur des africains pour qui elle a été créée. Pourtant, des voix sʹélèvent qui affirment que même pour un sou rouillé, les populations africaines nʹen voudraient plus. Et pour cause : le CFA coute cher, il est rare, il est trop rigide et ne permet pas de développer les Etats africains qui lʹont pourtant adopté sans hésiter dès les indépendances.
Au demeurant, ajoutent-ils, il y a trois CFA : celui d’Afrique de lʹouest géré par la banque centrale des Etats de lʹAfrique de lʹouest (BCEAO), celui de lʹAfrique centrale géré par la banque des Etats de lʹAfrique centrale (BEAC) et le CFA de la banque de France dont les soldes sont enregistrés dans les livres du Trésor français pour garantir la convertibilité des deux premiers sur les marchés de change. Pire ! Les deux CFA africains ne sont pas interchangeables.
Malgré les assurances données la semaine dernière par le Gouverneur de la BEAC, lʹarrimage égal des deux CFA nʹest pas pour demain. Pourtant, les raisons avancées sont valables : lutte contre le blanchiment, lutte contre la contrefaçon monétaire et assèchement des réseaux criminels. Les raisons économiques semblent plus fortes. En effet, qui peut accepter en zone UEMOA de jouer la solidarité monétaire avec la RCA où il n’y a plus d’Etat depuis plus de cinq ans ?
La RCA qui atteint les basfonds de la décroissance avec des taux de PIB atteignant des niveaux démentiels de -33% ? La RCA, le seul boulet économique de la zone franc…
Des solutions sont donc avancées ici et là, pour faire face au problème monétaire qui serait, selon certains, la source du sous développement de nos Etats. Mis à part la lecture idéologique du CFA actuel qui nʹest que la fille du franc des colonies françaises dʹAfrique, nous pouvons constater quʹaucun des experts qui recommandent la sortie de la zone franc nʹa encore dit exactement ce qui arrivera le jour où on sort. Autant aucun Etat nʹa tenté la sortie, autant les experts sont formels sur lʹincertitude du lendemain.
De telle sorte que sortir de la zone franc apparait comme un saut vers lʹinconnue monétaire pour ceux qui ont la charge de gouverner nos États. Tous sʹen accommodent donc, jeunes ou vieux chefs dʹEtats par pur pragmatisme, par juste et compréhensible prudence. La sagesse même.
Parmi les solutions les plus hardies au problème monétaire, il y a celle de ceux qui suggèrent une expérience monétaire hybride et qui proposent de développer à côté du CFA actuel, des monnaies secondaires nʹayant cours légal quʹà lʹintérieur des Etats, pour acheter et vendre des produits et des services estampillés d’origine nationale. Dans un contexte national marqué par la contrefaçon, la falsification et la malfaçon, on voit dʹici, le ghetto monétaire et matériel dans lequel on veut confiner nos concitoyens.
Si cette solution était adoptée, il y aurait deux univers marchands : un univers pour les produits importés ou étrangers où le CFA serait en vigueur, puis un deuxième univers de produits locaux où la monnaie secondaire serait en vigueur. Connaissant notre grande capacité d’organisation, nous pouvons garantir dʹici, un beau charivari monétaire qui posera plus de problèmes et ne développera pas davantage le pays. Je passe, à tort, sur les problèmes dʹharmonisation fiscale quʹun tel système va créer. Je passe également sur le fait que cette monnaie secondaire ne tirera existence et valeur que du CFA par ailleurs critiqué. Ironie du sort !
Finalement donc, les chances sont minces de voir le CFA «mourir» demain. Surtout que les français, si promptes à nous demander de changer de président de la République tous les cinq ou sept ans, ne le sont pas du tout quand il sʹagit de changer de monnaie. Autrement dit, nous devrons encore subir la dictature du CFA pendant longtemps, malgré son vieil âge, 77 ans, et son inefficacité. Depuis les accords monétaires des années 70, il y a 46 ans, la vieille monnaie est au pouvoir avec un seul mot au programme : stabilité. Quid du développement ? A quand le recul de la pauvreté ?
Quid du progrès social ? La seule vertu dʹune monnaie doit-elle être la stabilité, dans un monde qui proclame et applique depuis 1971 le flottement des monnaies ? Même les français ont changé de monnaie quand il a fallu gravir de nouveaux paliers dans le développement. Depuis, 1999, lʹeuro a remplacé le franc nouveau mis en place en 1960.
De notre point de vue, une seule solution sʹoffre aux Etats de la zone francs : se mettre vraiment ensemble pour construire une vraie union monétaire exaltant les vertus dʹuniversalité, de solidarité, dʹinterchangeabilité, de convertibilité et de stabilité. Cela suppose une monnaie capable de faire reculer durablement la pauvreté et dʹaccélérer le développement. Une monnaie au service des hommes et non lʹinverse. Autrement dit, une monnaie ouverte, sans complexe, aux autres grandes monnaies, en toute franchise.
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