CAMEROUN, REFUS DE LA MÉDAILLE D'OFFICIER DE L'ORDRE ET DE LA VALEUR: Quand Richard Bona dit non à l'injustice
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CAMEROUN, REFUS DE LA MÉDAILLE D'OFFICIER DE L'ORDRE ET DE LA VALEUR: Quand Richard Bona dit non à l'injustice :: CAMEROON

Le Cameroun est un pays de contradiction. Oui, contradiction... L'artiste Richard BONA était absent, ce mardi à Yaoundé, à la cérémonie d’attribution d’officier de l’Ordre et de la valeur organisée en son honneur par le gouvernement camerounais.

Le 29 octobre 2014, Richard BONA écrivait sur sa page facebook ceci: "Malgré mon attachement inébranlable à mon pays, je dois prendre une décision qui n’engage que moi. Je n’y mettrai plus mes pieds tant qu’on me demande un visa d’entrée. A un moment, il faut être cohérent. En consultant les textes de mon pays, je ne suis plus camerounais…Alors, je resterai ainsi cohérent avec la loi. Jusqu’à nouvel ordre ". L'on comprend dès lors pourquoi le  célèbre bassiste refuse de fouler physiquement le sol du Cameroun depuis le 29 octobre 2014.

Le niet de Richard Bona de se rendre au Cameroun pour recevoir cette récompense du gouvernement camerounais suscite des interrogations. Il a dit non à une injustice. Il est camerounais parce qu'il excelle dans son art et Américain quand il faut se rendre au Cameroun car, il devra payer les frais de visa comme tous les autres Camerounais qui ont acquis la nationalité étrangère.

Les Camerounais naturalisés de l'extérieur comme Richard BONA appartiennent à un ou d'autres pays. Demeurant à l'extérieur, ils seraient perçus comme les ''autres'' qui attireraient une méfiance redoublée de la part des pouvoirs publics camerounais et qui  résulterait du fait que la majorité diasporique camerounaise est issue du phénomène migratoire mondial impliquant les pays du Sud à ceux du Nord.

Feu Mongo Beti n’avait-il pas été privé d’élection sous le prétexte qu’il était Français, alors que Monsieur Hogbé Nlend qui avait servi lui aussi comme fonctionnaire français, pouvait devenir membre du gouvernement !

Adolphe Moudiki, haut cadre du régime de Yaoundé est aller voter lors des dernières élections présidentielles françaises à l'Ambassade de France et est rentré dans son bureau de la SNH. Que dire de Ndedi EYANGO, privé de son poste de PCA à la SOCAM, société de droits d'auteurs au Cameroun au motif de la possession d'une autre nationalité...Que dire de nombreux de nos footballeurs qui évoluent au sein de l'équipe nationale de football du Cameroun ? Des cas similaires sont nombreux...

Il  nous revient de proposer que dans le Code de la nationalité future, une disposition règle la question de la double nationalité en prévoyant que le Camerounais ne perd sa nationalité que s’il en formule expressément la demande écrite.  

Selon la  Loi n°68-LF-3 du 11 Juin 1968 portant code de nationalité camerounaise , ne sont plus considérés comme étant nationaux, tous les Camerounais majeurs ayant acquis et conservant volontairement une nationalité étrangère ; tous les Camerounais exerçant la faculté de répudier la qualité de Camerounais, conformément au « Code » ; ceux qui, remplissant un emploi dans un service public d'un organisme international ou étranger, le conservent nonobstant l'injonction de le résigner faite par le gouvernement camerounais.

De toute évidence, les pouvoirs publics camerounais encore en retard sur la question, n'admettent pas le principe de double nationalité.

Ceci pose un problème aux membres de la diaspora, qui, du fait de la durée de leur séjour à l'étranger, peuvent avoir acquis une nationalité étrangère. Loin d'être, à partir de ce moment, considéré comme des Camerounais, leur droit à une certaine ingérence dans la vie politique de leur pays d'origine, est remis ou peut être remis en cause par les autorités camerounaises.

Certains pays africains ont compris la nécessité et ont même adopté cette notion de double nationalité. Ce qui est louable avec pour corollaires des retombées positives qui pourraient servir d'exemple au Cameroun.

Depuis le 21 juillet 2014, le gouvernement togolais a décidé d’exempter de visa d’entrée et de sortie les Togolais détenteurs de passeport étranger, à l’exception de ceux ayant légalement renoncé à leur nationalité togolaise d’origine. Idem pour le Nigeria, l'Afrique du Sud etc. Et le Cameroun alors dans tout ça?

Le chef de l'Etat camerounais en visite officielle en France le 24 juillet 2009,au pavillon Dauphine- Paris, avait pour mémoire reçu quelques Camerounais de la diaspora invités au cours d'un dîner. Plusieurs invités en ont profité  à l'époque pour déplorer le fait que le code de nationalité du Cameroun n'autorise pas la double nationalité. Le chef de l'Etat camerounais leur avait promis que le sujet sera examiné à l'assemblée nationale dès son retour au Cameroun.

Lors de la dernière session de l'assemblée nationale du Cameroun en 2009, rien  n’a filtré le sujet concerné pourtant tous les 180 élus avaient reçu les propositions faites par un élu du Sdf ( Social democratic front). Nous sommes en 2015, toujours rien. A l'assemblée nationale du Cameroun, on  n'en parle plus... Faudra t-il attendre 2035, l'année de l'émergence du Cameroun?

© Camer.be : Hugues SEUMO

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