LOTISSEMENT NTOUGOU GOLF : L’autorité du chef de l’Etat annexé
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La ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), offre l’opportunité à des barons du régime, indexés dans l’affaire de détournement des terres au détriment des populations autochtones, de vendre « leurs lots mal acquis ». André Mama Fouda, Peter Mafany Musonge, Claude Mbafou concernés. Samuel Eto’o Fils et Congelcam parmi les acquéreurs. Jacqueline Koung à Bessike, invoque pourtant l’enquête ordonnée par Paul Biya pour proscrire les transactions aux autres usagers.

Octobre 2013. Le président de la République enjoint la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) de constituer une commission pour diligenter une enquête administrative sur le lotissement de Ntougou-Golf. C’est que le président de la République a reçu un mémorandum des populations autochtones de cette zone de Yaoundé, daté du 13 septembre 2013. 4ème du genre, le brûlot a pour objet «Accaparement, appropriation illicite et détournement des terres des populations autochtones de Ntougou et de l'Etat dans le lotissement de Ntougou quartier Golf». Par la plume de leur porte-parole, le nommé Jean Claude Essomba, les plaignants font état de ce que l’opération de lotissement de Ntougou Golf avait été entachée de tripatouillages et de malversations au profit de certains proches collaborateurs du chef de l’Etat.

Les familles autochtones indiquent alors dans leur mémorandum qu’André Mama Fouda, à l’époque directeur général de la Maetur, s’est octroyé 06 parcelles de terrain sur ce site. Elles citent également le Dg adjoint, Ekaney Thomas Kollé (un lot), Helé Pierre (deux lots), le Premier ministre de l’époque, Peter Mafany Musonge, et le secrétaire général de la présidence de la République d’alors, Marafa Hamidou Yaya (un lot chacun) d’avoir bénéficié du partage de ce qu’elles nomment « le butin ». Au même titre que Pierre Minlo Medjo, Remy Ze Meka ou encore l’ancien trésorier payeur général de Yaoundé, Akumchi Peter Awa.

Seulement, après avoir engagé ses travaux le 16 octobre 2013, la commission d’enquête mise en place sur instruction présidentielle et que préside l’inspecteur général du Mindcaf, Jean Marie Vianney Bendegue, n’a pas jusqu’ici fournie la moindre nouvelle sur l’issue de ses investigations. Des sources proches du dossier laissent cependant entendre que le rapport d’enquête a été envoyé au chef de l’Etat, à qui revient de décider en dernier ressort de l’application ou non des recommandations formulées par les enquêteurs pour pouvoir mettre fin à ce sempiternel conflit foncier. D’aucuns invoquent avec récurrence une annulation éventuelle d’un grand nombre de titres de propriété dont certaines personnalités seraient des détenteurs illicites.

Entre temps, les populations pâtissent des affres de la mesure d’interdiction des transactions sur ll’intégralité des lots situés dans le lotissement Ntougou Golf. Cette restriction a été décidée par le Mincaf pour des raisons d’enquête. A en croire leur porte-parole, toutes les tentatives de transactions provenant des membres de la communauté villageoise se sont soldées par un échec. Jean Claude Essomba allègue comment il a été personnellement éconduit à l’inspection générale du Mindcaf, épicentre de la commission d’enquête ordonnée par le président Paul Biya. Bien que salutaire, le veto du Mindcaf est plutôt appliqué de façon exclusive à l’encontre populations. Certains proches collaborateurs du chef de l’Etat indexés dans cette affaire se frottent plutôt les mains.

De sources concordantes, André Mama Fouda, Peter Mafany Musonge et Claude Joseph Mbafou, ont procédé à des ventes de terrain en dépit de la mesure d’interdiction. L’actuel ministre de la Santé publique a par exemple cédé une parcelle au footballeur Samuel Eto’o. Il s’agit de l’un des six lots dont il est « propriétaire » dans la zone. Des sources proches de ce dossier estiment le prix de la transaction à 200 millions franc CFA. L’affaire n’a connu d’ébruitement que parce qu’elle a d’abord coincé du fait de ce que le fils de l’ancien directeur de la Maetur, prête nom de son géniteur sur le titre foncier, ne pouvait signer le contrat de vente du fait qu’il est encore mineur. Sous la pression d’un Samuel Eto’o Fils redoutant d’être floué, le Minsanté a dû plier l’échine en lui signant une mutation. Ancien premier ministre et actuellement grand chancelier des ordres nationaux, Peter Mafany Musongue, a quant à lui cédé son unique parcelle dans la zone au milliardaire Sylvestre Ngounchingue, PDG de Congelcam. Claude Joseph Mbafou, ancien ministre et actuel ambassadeur du Cameroun en Algérie a lui, vendu sa parcelle à l’entreprise chinoise CHEC, engagée dans la construction du complexe portuaire de Kribi.

Les transactions ainsi révélées n’auront été rendues possibles sans l’accord du ministre en charge du dossier. D’aucuns invoquent l’intervention personnelle de Jacqueline Koung à Bessike dans la gestion des procédures y afférentes. Pourquoi certains de ces barons ont-ils choisi de se défaire de leurs lots sans attendre l’issue de l’enquête commandée par le chef de l’Etat afin de se blanchir des accusations de détournement de terres qui les accablent ? Qu’est-ce qui justifie la solidarité suspecte du Mindcaf, au point de se couvrir de discrédit en violant ses propres dispositions dans la gestion de ce dossier ? Autant d’interrogations sur de nouveaux trafics suffisamment révélateurs de la détermination des collaborateurs du chef de l’Etat d’annexer son autorité dans la gestion du scandale foncier du lotissement de Ntougou Golf.

© Essingan : Marie Robert Eloundou

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