RÉSEAUX SOCIAUX : Les dictatures à l’épreuve
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Depuis le renversement de plusieurs chefs d’Etats africains par la rue, ils sont nombreux les chefs d’Etats en fonction qui redoutent le développement fulgurant de ces nouvelles technologies de communication...

Les réseaux sociaux à l’instar de Facebook, Twitter, Whatsapp ne laissent plus douter de leur capacité de conduire des révolutions populaires jusqu’à la chute des régimes. Du printemps arabe qui débute en 2010 à la très récente mise en déroute du président burkinabé Blaise Compaoré, nombreux sont ces chefs d’Etats tombés sous le coup des réseaux sociaux. Présentant désormais ces derniers comme une arme révolutionnaire et redoutable contre les dictatures, mais aussi un instrument de manipulation tel que la décrié le président de la République du Cameroun lors à son adresse à la jeunesse le 10 février 2015.

C’est tout d’abord l’extrême rapidité de ces réseaux à faire circuler des informations non contrôlables qui a toujours constitué un élément de poids dans la chute des régimes en Afrique. Ceux-ci ont également permis la diffusion des opinions et des idées des principaux instigateurs de la révolution. C’est ainsi que de la Tunisie au Burkina Faso, des appels à manifester ont été propagés sur la toile. Et toujours, le peuple est massivement descendu dans les rues. « Les réseaux sociaux ont aidé les activistes à faire connaitre leurs revendications et exigences. Aussi ils ont surtout permit de lancer les manifestations et d’attirer l’attention, la sympathie et le soutien de l’ensemble de la population et de l’opinion internationale », explique Erick Achille Omar Nkoo, auteur d’une étude sur le Printemps arabe.

Cet auteur par ailleurs enseignant de culture et science humaine, et de langue arabe, ajoute que : « c’est aussi grâce aux réseaux sociaux que les jeunes révolutionnaires pour la plupart ont pu être au courant des jours et des heures des manifestations ». Des analyses qui confirment que ces nouvelles technologies ont favorisé l’éveil des peuples face aux dictatures décidées à perpétuer leurs régimes jugés répressifs, au détriment des aspirations populaires. Le printemps arabe voit le jour en Tunisie du fait de Mohamed Bouazizi, jeune commerçant de vivres frais qui décide de s’immoler suite à la confiscation de ses marchandises par les forces de l’ordre.

Des millions de Tunisien par effet de contagion à travers les réseaux sociaux, qui vont descendre dans les rues du pays pour s’insurger contre la montée de la corruption, du chômage, de la cherté de la vie et des pratiques d’un pouvoir qui est aux affaires depuis vingt-sept années. Le 14 janvier 2011, le président Zine El-Abidine Ben Ali s’en fuit en Arabie Saoudite. Le relais de la chasse contre « les vieux dictateurs » va se poursuivre en Egypte le 25 janvier de la même année. Dans des conditions presque similaires de celles du président tunisien, Hosni Moubarak en paiera les frais. Le 11 février, il quitte rênes du pouvoir au bénéfice du conseil supérieur des armés qui en assure la transition. Trois jours plus tard, c’est-à-dire le 14 février, les manifestations éclatent en Lybie, notamment à Manama, et à Bahreïn.

A travers ces révoltes, Erick Omer Nkoo pense que le peuple a décidé de « passer de la phase de l’observation de leur histoire vers une phase plus révolutionnaire en s’érigeant en acteur de la mutation sociale. » A l’issue de ces séries de renversements de chefs d’Etats en Afrique du Nord, la flamme des révoltes a inspiré plusieurs pays du continent. Les réseaux sociaux ont une fois de plus démontré de leur vitalité du côté Ouest-africain. Au Burkina Faso, Blaise Compaoré s’est vu contraint de démissionner de ses fonctions de président de la République. Devant une population mobilisée et agacée contre son projet de modification constitutionnelle orientée vers une levée du verrou des mandats présidentiels. Puis au Sénégal, où une partie du peuple s’est soulevée contre l’ambition de Me Abdoulaye Wade de briguer un mandat supplémentaire lors des présidentielles de 2012 au vu de son âge (89 ans).

Quelques  Sénégalais se sont violemment exprimés sur la toile à travers les réseaux sociaux, les médias classiques et puis finalement dans les rues du pays.   

OUTILS DE GOUVERNANCE

Or, au-delà d’être une arme d’affranchissement, les réseaux sociaux sont des cyberespaces d’interaction, d’échange d’idées, des tribunes libres d’opinions politiques sociales, culturelles, destinées à favoriser le développement et davantage la libre expression. Un espace permettant alors aux dirigeants de jauger le climat social et les courants de pensées naissants. « D’une certaine manière on peut voir les réseaux sociaux comme un outil qui renfoncent la démocratie car c’est un moyen de contourner la censure imposée par certains pays ou la liberté d’expression est encore restreinte », conclut Erick Omer Nkoo.

Le chef d’Etat américain Barack Obama comme tant d’autres, utilise par exemple son compte Facebook pour échanger avec le monde et attirer des investisseurs. Une preuve supplémentaire que les réseaux sociaux ne sont pas simplement des leviers de renversements des leaders politiques nationaux, principalement d’Afrique. Il y a donc aussi du bon.

© Essingan : Christian Djimadeu

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