Des vérités que des Gabonais ne veulent pas entendre
GABON :: POINT DE VUE

Des Vérités Que Des Gabonais Ne Veulent Pas Entendre

Dans un article du 02 janvier 2015 sur le Gabon intitulé «Dans la phase critique actuelle de son histoire sociopolitique, le peuple gabonais suivra-t-il la meilleure voie ? », je déplorais les erreurs, les choix spirituels d’Ali Bongo et son style dépensier des fonds gabonais, en dénonçant en même temps les manœuvres déstabilisatrices du pouvoir en place par l’opposition politique gabonaise habilement appuyée par certains individus et medias français.

A la lecture des avis et commentaires de certains lecteurs frères et sœurs gabonais, j’ai vu croître exponentiellement mes convictions selon lesquelles les jeunes gabonais tant de l’opposition politique que du PDG au pouvoir étaient résolus par leurs engagements et courages de laisser leurs empreintes sur la vie sociale, économique et politique de leur pays dans les années à venir.

Toutefois, le plus important n’est pas d’être en chemin mais de savoir choisir le bon et vrai chemin et d’étudier et se procurer les moyens qui à la fin du jour vous met au bout de ce parcours. Il s’avère que certains lecteurs ont très mal accueilli ledit texte, ce qui me donne un billet d’invitation de retourner vers eux pour quelques appréciations et précisions.

D’aucuns ont estimé qu’ils étaient assez mûrs pour s’occuper eux-mêmes de leur pays, que Paul Biya nous a dépassés au Cameroun, d’aller combattre Boko Haram, ou encore que le Cameroun est plus misérable que le Gabon, etc. soit.

S’agit-il de la naïveté, de la lâcheté ou de la méchanceté de la part de ceux-là ? Un peu de tout cela car, aucun pays francophone par ses propres et seules forces ne saurait se défaire de la néocolonisation française ou de la Françafrique et s’épanouir. Je dis bien, aucun.

Il faut des alliances, des concertations, des échanges constants et des actions coordonnées entre tous les blocs qui constituent l’Afrique francophone, et entre toute sa jeunesse réveillée et toute éveillée. Certains théoriciens occidentaux et africains vous diront le contraire, parce qu’ils savent pour qui et conte qui eux ils roulent. Ceux qui pourraient lire mon ouvrage Letters to Africans gagneraient quelque chose de plus en ce sens.

Les fleuves de lectures et appréciations cependant furent pour moi un signe enchanteur que la jeunesse gabonaise de plus en plus est debout et veut façonner le destin de ce pays dont les nombreuses richesses ne profitent le plus qu’aux étrangers comme au Cameroun et ailleurs en Afrique.

Mais les Gabonais doivent éviter le changement pour le changement, un changement d’individus et peut-être d’ethnie, et non de ce qui est à la source des malheurs du Gabon. De fait, ces malheurs vont au-delà du régime d’Omar Bongo avec le PDG et de sa lignée. Une mauvaise appréciation des causes fortifieront les effets déjà existants et chevilleront le Gabon pour un demi-siècle tout en l’enfonçant au fil des ans dans des misères plus atroces.

Le salut du peuple gabonais ne viendra ni du PDG qui est au pouvoir depuis presque cinq décennies (et aujourd’hui avec à sa tête le grand Maître) ni des anciens barons de ce parti qui de nos jours se sont constitués en opposants et abondent dans l’opposition et l’enjolivent. Ce qui a lieu au Gabon maintenant est plus une lutte d’intérêts entre groupes membres des sectes que d’une lutte patriotique réelle pour le bien-être du peuple gabonais.

Mais, sans qu’il soit l’homme rêvé des Gabonais, l’homme courageux, souverainiste et patriote pouvant conduire le pays véritablement vers des lendemains enchanteurs (sa façon d’accéder au pouvoir et ses choix spirituels sont déjà de lourdes chaînes qu’il ne casserait impunément), Ali Bongo pour le moment et dans les prochaines années figure le moindre mal pour le Gabon.

Pendant ce temps, une nouvelle opposition nourrie du sang neuf, nourrie des valeurs spirituelles et sociales purement africaines, nourrie des patriotes aux cœurs impavides, doivent s’organiser, se fortifier et se greffer de façon irrésistible dans les cœurs des Gabonais et prendre le pouvoir au Gabon en profitant des querelles et conflits qui continueront certainement entre le PDG et les opposants-valets qui s’agitent présentement. C’est cette nouvelle opposition qui rendra définitivement le Gabon maître de son destin.

Beaucoup de mes frères et sœurs gabonais tombés sous les feux d’émotions, de frustrations et de passions ne lisent que superficiellement ou partiellement certaines actions et humeurs qui viennent de la France, d’ailleurs et de leurs opposants.

Le régime en place voudrait bousculer certaines traditions en procédant à quelques réformes qui profiteraient aux Gabonais. Mais il ignore qu’il n’émane pas de la volonté du peuple gabonais ; et la France affairiste est fâchée de se voir un peu désobéie par « l’enfant » qu’elle a mis au pouvoir hier. D’autres Gabonais croient qu’avec la montée au pouvoir de l’opposition actuelle le Gabon irait mieux, mais il n’en est rien. C’est un autre train pour la même destination. Sans être organisé et uni, le Gabon ne peut « désobéir » aux dieux.

Ces opérateurs économiques dorénavant sont mécontents et lâchent des chiens contre le pouvoir en place. Si le président fait marche-arrière, ces soutiens à l’opposition deviendront neige au soleil ardent. S’il s’accroche à ses positions sans le soutien résolu de tout son peuple, en 15 minutes les forces françaises de Libreville pourraient l’extirper du Palais. Alors, le Gabon continuera avec un nouveau président sous des pillages plus ouverts de ses richesses avec encore plus de pauvretés et misères dans les maisons et les assiettes des Gabonais.

C’est le moment pour la jeunesse gabonaise bouillonnante orientée vers la rupture et assoiffée de quelque chose de neuf, de travailler de façon pragmatique, décisive et rationnelle pour le Gabon du futur, ce qui empêchera que la démographie gabonaise galopante se retrouve trop au-dessus des ressources matérielles, alimentaires et infrastructurelles disponibles. Ces mots, pilules si amères à avaler, sont pourtant les seules salvatrices que je connaisse.

L’avenir du Gabon, tel que je le perçois, se trouve entre les mains d’une nouvelle classe politique à bâtir par toute sa jeunesse forte montante. Elle doit travailler pour sa gésine, sa croissance et sa maturité pour se réapproprier le Gabon au profit de tous les Gabonais, classes et ethnies confondues. Tâche vraiment ardue, lorsqu’on sait combien tenaces, manipulatrices et cruelles sont les forces maffieuses profiteuses des richesses des pays africains.

C’est pourquoi en regardant dans le miroir du passé nous devons en tirer des leçons pour bâtir le présent et le futur et nous assagir, tout en restant tous convaincus que ce qui touche à un pays africain devrait nécessairement intéresser les autres.

Ne mettons pas un autre demi-siècle pour voir que nous sommes un seul peuple à qui l’on sert honteusement des mensonges de tous genres. Le Gabon est mon pays, le Tchad, le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, le Congo, le Mozambique, l’Egypte, etc. Cette terre africaine est mienne, est vôtre, nôtre.

© Correspondance : Léon Tuam,Activiste des Droits Humains et écrivain

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