Obsession : Les fous de pari
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Ils sont de plus en plus nombreux, ces jeunes qui parient sur les matchs de football.

André Atangana fait partie de ces personnes accros aux jeux de hasard. Tous les matins, c’est par un tour dans un kiosque qu’il débute sa journée. Un jeu, comme son nom l’indique, consacré aux paris sur des matchs de football de différents championnats dans le monde. Malgré les multiples pertes enregistrées au quotidien lors de ses différents paris, ce jeune homme âgé de 25 ans dit ne pas perdre espoir. Boulanger, il n’a qu’un seul rêve : gagner un jour le « gros lot » pour subvenir aux besoins de ses six cadets dont il a la charge. « Il ne se passe pas un jour sans que je ne joue.

Chaque matin, mon premier reflexe est d’acheter le journal. J’étudie les matchs qui vont se jouer dans la journée et je valide ceux que je veux. Même si je gagne rarement, je ne me décourage jamais. Je garde espoir de pouvoir un jour gagner le ou les millions », explique le jeune homme. Loveline Enow est également une abonnée de ce jeu de hasard. Agée de 31 ans, cette « call-boxeuse » a fait du pari son autre fonds de commerce. C’est d’ailleurs dans un kiosque de pari que nous l’avons rencontrée ce 7 janvier 2015 au quartier Mballa II. Adossée sur le petit contreplaqué qui sert de guichet, C’est avec une grande attention qu’elle lit le journal des paris du jour. Par la suite, elle valide les matchs qu’elle a choisis.

Pour cette jeune mère de deux enfants, ce jeu est d’une importance capitale. « Pour jouer, je puise généralement dans le capital du call-box que je fais. En retour, lorsque je gagne, je réinvestis cet argent en achetant du crédit de téléphone. Mes gains varient entre 750 Fcfa et 320 000 Fcfa. C’est vrai que je ne gagne pas tout le temps, mais je me sens obligée de jouer tous les jours pour pouvoir joindre les deux bouts. C’est déjà comme une obsession pour moi. Je ne suis pas mariée et j’ai deux enfants à ma charge. Il faut bien que je subvienne à leurs besoins », déclare la jeune dame.

Pauvreté et chômage

Comme ces deux personnes, ils sont nombreux les Camerounais qui s’adonnent de façon inconditionnelle aux jeux de hasard, qui ont élu domicile dans presque tous les coins de rues de la ville de Yaoundé. Dans l’une de ces structures située non loin du lieu-dit carrefour Régie, c’est la grande affluence ce mercredi matin. Il est un peu plus de 11h. Dans la grande salle aménagée pour la réception des différents parieurs, une quinzaine de jeunes hommes se bousculent au guichet pour l’enregistrement de leurs combinaisons. Assis sur les chaises disposées dans cet espace, les autres parieurs qui, apprend-on, ont déjà validé leurs jeux, visionnent attentivement à travers les six écrans plasmas accrochés sur les murs, les différents matchs qui se jouent. L’espoir ici est de gagner à tout prix.

Selon les informations recueillies auprès des caissières, la tranche d’âge de ces parieurs est comprise entre 19 ans et plus. Les paris se font à parti de 3OO Fcfa, et le degré d’affluence varie en fonction des heures et des jours. « En semaine, il y a plus d’affluence à partir de 18h. Le week-end, il se joue beaucoup de match dont, toute la journée, il y a un monde fou. La plupart des clients sont les étudiants, les taximen, les moto-taximen, les sans emplois et autres. Les élèves en uniforme ne peuvent pas jouer », confie une caissière. En plus de l’amour qu’ils ont pour le football, de nombreux parieurs justifient leur obsession pour les jeux de hasard par le fait qu’ils leur permettent de gagner un peu d’argent, dans un contexte de pauvreté et de chômage.

« Quand on commence à jouer, on n’arrive plus à s’en passer. Je peux jouer 5 000 Fcfa par jour. Cependant, les gains sont en dent de scie. Mais chaque fois, j’ai toujours espoir qu’un jour, je gagnerais mieux. La vie est difficile. On n’arrive pas à trouver le travail alors qu’on a des bouches à nourrir. Donc nous sommes obligés de jouer pour survivre au lieu d’aller voler comme certains », explique Xavier Awono, un parieur.

© Le Jour : Bravo Tchundju

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