AHMED ABBA : L’Etat camerounais vers l’humiliation
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AHMED ABBA : L’Etat camerounais vers l’humiliation :: CAMEROON

Que se passe-t-il dans l’interminable procès d’Ahmed Abba, le correspondant en langue Haoussa de RFI au Cameroun ? Que se passe-t-il pour que l’Etat camerounais qui poursuit notre confrère soit aussi cruellement démuni d’arguments et de témoins ?

Cette question que beaucoup d’observateurs depuis le démarrage laborieux de ce procès il y a un an. Mais avec l’invraisemblable déconvenue dont s’est couverte l’accusation à la faveur de l’audience d’hier, amène à se la poser publiquement.

L’audience de ce 3 août passait pourtant pour le tournant de ce long procès. L’accusation avait promis depuis des mois qu’elle ferait venir cinq témoins qui accréditeraient, preuves à l’appui, toutes les accusations qui sont portées contre notre confrère. Accusations qui, faut-il le rappeler, sont d’autant plus graves qu’elles tournent autour d’une présumé complicité entre le journaliste et la secte islamiste, Boko Haram. Mais à l’arrivée, se confondant en plates excuses, le commissaire a reconnu qu’il ne pouvait plus produire la liste des cinq témoins.

Que s’est-il passé alors ? Vu que l’argument de la rétractation n’est pas ici recevable, une seule explication subsiste : celle selon laquelle en réalité, ces fameux témoins n’ont jamais existé. Ce qui bien entendu accrédite un peu plus la thèse des avocats de la défense qui, tout le long du procès, n’ont cessé de dénoncer le caractère vide du dossier. Sauf que si les avocats d’Ahmed Abba sortent victorieux de ce bras de fer, le gouvernement camerounais devra donner des explications à son agissement. Il devra notamment dire s’il s’est gratuitement acharné sur notre confrère.

Mais d’ores et déjà, on a l’impression que les autorités camerounaises, s’étant rendues coupables de méprise, ont manqué de galanterie et d’humilité. En effet, le correspondant pourrait être une victime collatérale de la psychose que la secte islamiste avait réussi à instaurer dans la région. Pris de panique et perdant quelque peu la raison, l’Etat camerounais a assimilé les rapports somme toute normaux entre un journaliste et ses sources au sein d’un groupe terroriste, à une complicité d’actes terroristes. En proie à un certain affolement, les autorités camerounaises ont, dans la foulée, exigé du journaliste qu’il mette à leur disposition ses notes.

Naturellement, c’est là une exigence qu’il ne pouvait satisfaire. Car au-delà de son métier qui consiste à informer, il a le devoir de protéger ses sources, en vue de préserver ses rapports avec ces dernières. Et pour l’Etat du Cameroun, c’était l’ultime preuve de son accointance avec les terroristes. Naturellement, depuis, le Cameroun a réalisé sa méprise. Mais il a le complexe de l’avouer.

Malheureusement, il pourrait être contraint de le faire dans un contexte plus humiliant, à l’occasion du verdict qui sera prononcé dans ce procès.

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