Gestion de la fortune publique : Tous en liberté provisoire ?
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Pour beaucoup, ces postes de responsabilité constituent la voie royale pour se retrouver en prison.

L’expression est d’un gestionnaire de crédit. Il avoue, à l’observation de ce qui se passe au Cameroun depuis quelque temps, que tous ceux qui, comme lui, gèrent la fortune publique, sont en liberté provisoire. Et l’interpellation, vendredi dernier de l’ancien directeur général de la Cameroon Radio and Television (Crtv), Amadou Vamoulké, a relancé le débat dans l’opinion.

Surtout que la certitude affichée par ceux qui annonçait son arrestation prochaine tranchait totalement avec l’assurance de l’ex-Dg. Celui-ci n’a eu de cesse de clamer son innocence. Approché par l’hebdomadaire Kalara au lendemain de son inculpation, il avait eu ces mots : « Je ne sais par quelle ficelle on peut me prendre dans une affaire de détournement des deniers publicsa J’attends donc sereinement de savoir concrètement ce qui m’est reproché lors de l’instruction ouverte au Tribunal ».

Amadou Vamoulké rejoint derrière les barreaux son prédécesseur à la tête de la Crtv, Gervais Mendo Ze, mais surtout plusieurs anciens ministres et directeurs généraux de sociétés d’Etat. On peut citer Gilles Roger Belinga, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Jean Baptiste Nguini Effa, Yves Michel Fotso, Zachaeus Forjindam, Iya Mohammed, Charles Metouck, etc. Après avoir tenté en vain de se défendre devant les tribunaux, certains d’entre eux ont choisi d’autres voies, l’écriture notamment, pour prendre le peuple à témoin.

Question : est-il possible au Cameroun de gérer la fortune publique sans courir le risque de se retrouver en prison ? A côté de ces différentes personnalités qui se plaignent d’être victimes de procès kafkaïens, il y a une foule de gestionnaires de différents niveaux qui ont ces dernières années rejoint les cellules de nos prisons pour leur gestion ou qui défilent chaque jour devant la barre. Une juridiction à part, le Tribunal criminel spécial (Tcs), a d’ailleurs été créée pour s’occuper des affaires de détournement de deniers publics.

Celles notamment dans lesquelles le préjudice est d’un montant minimum de cinquante millions (50.000.000) de francs F.Cfa. Au Tcs, une foule d’affaires a été enrôlée. En 2015, on en comptait une centaine. Les grosses, mettant en scène des cadres de grandes sociétés d’Etat, et des plus petites, comme celles qui ont concerné un certain nombre de maires.

Epée de Damoclès

Beaucoup de ces affaires partent de dénonciations faites auprès de la Commission nationale anti-corruption (Conac). D’autres des rapports du conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) du Contrôle supérieur de l’Etat, selon un agenda qui reste bien difficile à cerner. Certaines affaires sont en effet arrivées au tribunal de nombreuses années après les « constats » de mauvaise gestion.

D’autres n’y sont jamais arrivées. Certains gestionnaires épinglés pour des fautes de gestion n’ont été sanctionnés qu’au niveau du Cdbf par des débets notamment. Ce qui fait prendre à ces rapports des allures d’épées de Damoclès qui pendent sur la tête des gestionnaires de la fortune publique.

« Quand les enquêteurs cherchent, ils trouvent toujours quelque chose à vous mettre sur le dos», indique  un gestionnaire dans les colonnes de Jeune Afrique. Dans son livre « Mensonges d’Etat » (Ed. du Schabel, 2016), l’ancien ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono développe également cette idée d’une justice aux ordres.

« On ne peut s’accommoder de la violation arrogante des principes fondamentaux de justice et de respect de la dignité humaine par les acteurs de l’opération Epervier car elle constitue, selon le cas, une faute politique, juridique et morale lourde, dont chacun aura à en répondre devant l’Histoire », écrit-il.

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