Simon Ateba : «J’ai été détenu dans des conditions inhumaines»
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Article sur le trafic des personnes humaines. J’ai fait de tels articles dans le monde entier et je n’ai jamais eu de problèmes. Le 28 août 2015, j’ai été arrêté au camp de Minawao parce que, selon les gendarmes, je n’avais pas d’autorisation. Pourtant, j’avais tout fait pour informer les autorités de ma mission.

Quelles sont les démarches que vous avez entreprises auprès des officiels pour faciliter votre travail ?
A Lagos, j’ai demandé aux journalistes locaux ce dont j’avais besoin pour visiter le camp de Minawao. Ils m’ont expliqué que je devais rencontrer le gouverneur en personne qui me donnera une autorisation spéciale à cette fin. J’ai pris un avion à Abuja au Nigeria, le dimanche 23 août 2015, pour Ndjamena au Tchad et je suis arrivé à Maroua le 25 août dans la nuit à cause du mauvais état de route entre Kousseri et Maroua, l’une des pires au monde. Le 26 août au matin, je suis allé dans les services du gouverneur. Il n’a pas pu me recevoir, mais au téléphone le lendemain, jeudi, il m’a demandé de saisir le ministre de la Communication pour obtenir cette autorisation. J’ai appelé le ministre. Il m’a mis en attente. J’ai envoyé des messages sur son téléphone pour savoir quand il pouvait me recevoir ou ce que je devais faire, il ne m’a jamais répondu. J’ai aussi saisi le colonel Badjeck de la Défense. Je n’ai jamais eu de réponse. Je suis allé au siège des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, et ils m’ont donné les informations qu’ils avaient. Après un seul jour à Maroua, j’ai décidé d’aller voir à quoi ressemblait ce camp qui compte presque 50.000 réfugiés nigérians et c’est là que j’ai été arrêté.

Que vous reprochaient les services de sécurité camerounais ?
Les gendarmes ont dit que j’étais un espion au service de la secte terroriste Boko Haram et ils m’ont gardé en cellule pendant trois nuits dans des conditions complètement inhumaines.

Quelles ont été les conditions de votre détention ?
Terriblement inhumaines. Je suis tombé malade et ils ne m’ont pas amené à l’hôpital. Ils m’ont demandé de balayer leur bureau. Je dormais à même le sol avec des moustiques partout, et je n’avais rien pour me couvrir. Je suis toujours malade.

Votre matériel de travail a-t-il été confisqué ?
Ils m’ont confisqué mes deux téléphones, mais me les ont remis quand ils m'ont relâché.

Quelle leçon vous inspire cette mésaventure ?
Le journalisme est difficile au Cameroun. L’accès à la information est compliqué, la collaboration entre les forces de l’ordre et les journalistes est presque inexistante. Les détentions sont arbitraires et les exactions sont partout dans les cellules.

Selon vous, est-ce que les procédures d'accréditation mises en place par le gouvernement camerounais, dans le cadre de cette guerre, sont une entrave à la liberté d'informer ?
Je préfère ne rien dire. Je dois d’abord être hors du Cameroun.

© L’Oeil du Sahel : PROPOS RECUEILLIS PAR R.G

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