Septennat et Inégalités : Crise de l'Emploi des Diplômés et Fracture Sociale au Cameroun
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Septennat et Inégalités : Crise de l'Emploi des Diplômés et Fracture Sociale au Cameroun :: CAMEROON

Le « Septennat des jeunes et des femmes », décliné autour de la promotion de la jeunesse et des femmes, révèle une fracture sociale préoccupante au Cameroun. La question de l'accès aux opportunités économiques et professionnelles cristallise un débat houleux, opposant l'élite administrative et les masses de diplômés de l’enseignement supérieur.

Il est de notoriété publique que l'admission aux concours des grandes écoles, telles que l'ENAM (École Nationale d'Administration et de Magistrature) ou l'EMIA (École Militaire Interarmes), est perçue par une large partie de la population comme une affaire de filiation et de relations. Alors que les enfants de l’élite accèdent aux postes de la haute fonction publique, assurant la continuité d'un certain pouvoir, la majorité des jeunes titulaires de Licence, Master et Doctorat peine à s’insérer dans le tissu économique formel.

L'économie camerounaise, bien que résiliente, peine à absorber le flux annuel de diplômés, exacerbant le chômage intellectuel. Cette situation conduit à une ironie cruelle : le secteur des moto-taxis, souvent désigné péjorativement sous le terme de benskineurs, devient l'issue par défaut pour une jeunesse pourtant hautement qualifiée. Cette réalité sociologique met en lumière l'échec de la politique de gouvernance à transformer le capital humain formé par les universités en une force motrice pour le développement économique formel.

La recherche d’emploi stable, digne de leurs qualifications, s’apparente à un parcours d’obstacles. L'alternative proposée, ou subie, du moto-taxi, symbolise le déclassement social et le gaspillage d'une intelligence nationale. Ce phénomène est d'autant plus critique que l'accès aux concours publics est régulièrement entaché de soupçons de corruption et de clientélisme, comme le révèlent périodiquement les controverses autour des résultats d’admission.

Face à cette crise de l'emploi, le rôle de l'État doit être réévalué. Au-delà des recrutements symboliques ou des initiatives limitées ciblant la jeunesse des quartiers, une réforme structurelle s'impose. Il est impératif de garantir la transparence et le mérite dans l'accès à la fonction publique et de stimuler un secteur privé réellement capable de créer des emplois qualifiés. La stabilité nationale ne peut être assurée durablement sans une résolution juste et équitable de cette fracture, qui oppose implicitement les héritiers de l'administration aux enfants de la masse, formés par l'université et destinés, faute de mieux, à arpenter les rues en quête de survie économique. Le défi pour le Cameroun est de faire de son potentiel humain un véritable levier d'émergence.

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