HOMMAGE DE SHANDA TONME AU PROCUREUR GENERAL LUC NDJODO
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: HOMMAGE DE SHANDA TONME AU PROCUREUR GENERAL LUC NDJODO :: CAMEROON

Le Médiateur Universel, Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), Président du Mouvement Populaire pour le Dialogue et la Réconciliation (MPDR), parle d’un savant et génie à la fois de la pratique du droit judiciaire qui s'en va...

Un monument de la justice camerounaise ? Un magistrat d’exception par vocation et un parquetier par dévotion ? Un haut commis d’une carrure qui en imposait et éclaboussait dans tous les commentaires du planisphère des professionnels de la pratique du droit

J’apprends à l’instant, la mort de Monsieur Luc Ndjodo, Procureur général auprès de la cour suprême du Cameroun. Si ma première réaction est un choc compréhensible, la suivante et sans doute la plus importante est une profonde et très sérieuse introspection. En effet dans un contexte où le commun des mortels a fini par traîner tout un corps aussi visible, aussi vénéré et aussi jadis respecté comme le corps de la magistrature dans les arcanes infectes de la dénonciation permanente, nous en sommes arrivés, beaucoup plus à tort qu’à raison mais légitimement néanmoins, à oublier que le système repose malgré tout, sur quelques piliers solides à la réputation de professionnalisme inébranlable, à la crédibilité sans tâche et à la loyauté infaillible vis-à-vis de la déontologie.

Ce n’est pas seulement un procureur général de la très prestigieuse cour suprême qui s’en est allé. Ce n’est pas simplement un magistrat qui vient de nous quitter, c’est un véritable et incontestable monument de la justice camerounaise. Il faut l’avoir fréquenté, côtoyé et pratiqué pour le comprendre, pour le savoir, pour mesurer l’immensité de la perte, pour assumer des propos comme les miens en ce moment et les sentiments composés d’admiration, de mélancolie et de mission bien accomplie pour l’intéressé qu’étalent mes émotions.

Qui, à Douala ne frémissait pas en franchissant le pas de la porte du bureau de ce magistrat calme, frais, chaleureux, impressionnant, intimidant et réservé, sanglé dans ses chemises d’une propreté et d’une candeur à susciter des interrogations sur la magie de son pressing, de son majordome, de son personnel de maison. C’était lui, tout lui là, lui le Procureur général qui par lui tout seul, et ces caractéristiques, incarnait le sérieux, le prestige et la crédibilité de notre justice. Quand je le rencontre pour la première fois à Douala à l’occasion d’une affaire, son accueil veut tout dire, traduisant de fait, le spécificité d’un lieu, d’une position ainsi que d’une fonction. 

Voici le magistère de la vérité et du paradis des procédures, me dis-je. Mentir ici serait trahir toutes les divinités et affronter toutes les sanctions. Il y avait un droit à lui, une intelligence de la science juridique propre à cet homme qui parlait déjà très bien, développait tranquillement et méthodiquement lorsque, face à un visiteur haut en compétences, il fallait produire l’argument juste et des conclusions implacables. Vous savez, me dit-il lors de notre deuxième rencontre, « j’ai fait l’essentiel de ma carrière au parquet. Je suis du parquet, et le parquet m’habite ». Il parlait tellement bien, que par la suite, je m’installerai dans un harcèlement continu pour lui recommander vivement, de produire des ouvrages sur son expérience. « J’y pense, me répondait-il à chaque fois ».

Rendu à Yaoundé, ma première visite dans son bureau pour le féliciter comme Avocat général n°1 à la cour suprême, je remis ma pression sur la table, mais gentiment. Et cet homme riche de sources et de ressources intellectuelles et professionnelles, me montra à plusieurs reprises, des éléments qu’il avait déjà rassemblés. Ce sera fait, jeune frère, rassurez-vous. J’ai pris vos conseils au sérieux.

Il existe des femmes et des hommes qui à eux tout seuls, font la fierté ou la honte, le bonheur ou le malheur d’une profession, d’un corps de métier, d’une équipe, d’une communauté humaine dans un champ de considération ou de spécialisation précise. Le grand Magistrat avec un « M » très majuscule qui nous a quitté, était absolument, définitivement et incontestablement de ceux qui font tout le bien à notre justice, à son corps de métier. Il en existe d’autres, et ceci me permet de remettre à l’ordre du jour pour implorer la relativisation, la mise en cause généralisée qui frappe les robes noires chargés des arbitrages des rapports sociaux de toute nature dans notre pays. Si Luc Ndjodo a existé, évolué et excellé dans la discrétion et la respectabilité jusqu’à son départ, c’est qu’il en existe d’autres, ce qui nous oblige à la réserve et à un nécessaire discernement.

Dire que nous venons de nous séparer avec un savant et génie à la fois de la pratique du droit judiciaire, n’est ni présomptif ni ostentatoire, c’est simplement traduire une réalité professionnelle bâtie sur la carrière d’un haut magistrat, c’est justement faire preuve d’honnêteté et de témoignage créatif à la fois pour le présent et pour la postérité. C’est un hommage légitime. Le PG/CS Luc Ndjodo le mérite amplement./.

Adieu l’artiste. 

Shanda Tonme

Pour plus d'informations sur l'actualité, abonnez vous sur : notre chaîne WhatsApp 

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo