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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 27 Jun 2021 08:49:41
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 27 JUIN 2021 PAR LE REV. DR. JOËL HERVE BOUDJA
Textes : Ezéchiel 18, 21-32 ; 2 Corinthiens 8, 7-15 ; marc 5, 21-43
Voilà un évangile bien compliqué ! Il nous raconte deux miracles. Mais ce n’est pas cela le plus compliqué. Le plus compliqué, c’est que ces deux miracles ne sont pas l’un après l’autre, mais l’un dans l’autre.
C’est quand Jésus part guérir la fille de Jaïre que par hasard et presque malgré lui il fait un autre miracle. C’est un peu comme dans un roman policier où, pendant l’enquête sur un meurtre, on découvre un autre meurtre qui n’a rien à voir avec le premier. On se croirait dans une histoire écrite par Georges Simenon ou Agatha Christie. Et cette histoire est d’autant plus étonnante qu’elle mêle deux personnages totalement différents. D’un côté, nous avons Jaïre. C’est un homme. C’est le chef de la synagogue.
On l’imagine bien droit, avec de beaux vêtements. Quand il marche dans la rue, les gens le saluent et lui laissent de la place. Et de l’autre côté, nous avons une femme qui n’a pas de nom, qui n’a pas de famille, qui n’a pas de beaux vêtements. Elle a tout perdu en payant des médecins qui ne l’ont pas guérie. Car elle est atteinte d’une terrible maladie : elle perd tout le temps du sang.
Non seulement elle perd ainsi de la force et de la vie, mais elle est aussi impure. Elle ne peut pas aller au Temple, ni à la synagogue, ni même au marché parce qu’elle apporte avec elle l’impureté, et peut-être la maladie. Vous pensez bien : avoir du sang qui tombe ainsi au milieu de la nourriture ! C’est comme une lépreuse : elle est malade dans son corps et elle est rejetée. C’est une situation que nous connaissons malheureusement bien : un homme à la cinquantaine, il avait une femme, elle le quitte. Il avait un boulot, il le perd, soit parce qu’il est trop vieux, soit parce qu’il est tellement déprimé qu’il fait tout de travers. C’est alors qu’on se rend compte que tout est fragile : la vie, la santé, le bonheur. Un rien et tout s’écroule. C’est ce que Jaïre a lui aussi découvert. Il avait tout, un bon poste, chef de la synagogue, la renommée, la considération.
Mais tout cela paraît être de la poussière devant la maladie de sa fille. Il risque de la perdre. Alors, lui, l’homme important et respecté, il va voir un vagabond. Jésus n’a pas de maison, il n’a plus de famille, il n’a pas de diplôme. Et c’est lui que Jaïre va chercher. Quelle humiliation et quel courage ! Oui, c’est sans doute là une des leçons de cet évangile un peu compliqué : c’est un encouragement à avoir le courage d’aller chercher la solution. La femme qui perd tout le temps son sang va au milieu de la foule, elle qui est rejetée par tout le monde, et elle va toucher Jésus, elle qui est impure. Et c’est pour cela qu’elle a peur. Elle a fait quelque chose qui lui est interdit : toucher quelqu’un, même le pan de son vêtement.
Et c’est pour cela qu’elle est guérie. C’est le premier pas qui apporte la guérison, comme l’alcoolique qui jette sa bouteille maintenant, tout de suite, comme le déprimé qui se lève le matin et qui nettoie sa maison. C’est déjà la guérison, pas complète, mais le premier pas a été fait. Voilà pourquoi l’évangile dit tout d’abord : « elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie », et ensuite, Jésus lui dit « va en paix et sois guérie de ton mal ». Le premier pas accompli par l’homme permet de recevoir la grâce de Dieu dans toute sa plénitude.
L’évangile d’aujourd’hui insiste donc sur la nécessité, d’oser, de prendre le risque de se laisser transformer par Dieu. Car il est parfois plus facile de rester dans son malheur que de se lever et de commencer à construire le bonheur. Il est parfois plus facile de rester de mauvaise humeur que de commencer à essayer d’être gentil. Parce que la vie nous échappe. Regardez : quand la fille de Jaïre se lève, elle marche, c’est-à-dire qu’elle est prête à s’en aller. Jaïre parle toujours de sa fille, de sa petite fille qu’il aime et qu’il chérit.
Quand Jésus lui parle, il lui dit : « jeune fille », c’est-à-dire mademoiselle, parce qu’elle a douze ans. Dans la société juive et romaine, une fille qui a douze ans est nubile : elle peut se marier et donc commencer une autre vie. C’est la raison pour laquelle l’évangile dit qu’elle se lève et qu’elle marche : elle part. La grande leçon de cet évangile me paraît être une mise en garde, évitons de nous installer dans notre petit bonheur ou dans nos grands malheurs. Prenons le risque de nous lever et de recevoir l’amour de Dieu.
Il nous invite à quitter les ténèbres de notre vie pour aller dans la lumière de son amour infini. Frères et Sœurs dans le seigneur, Notre rapport au temps est donc différent d'une idée cyclique. Pour nous le temps est linéaire. Il y a eu un début et il y aura une fin, comme chacune de nos vies. Nous vivons donc avec deux certitudes qu'il est bon de se rappeler de temps à autre. La première, nous sommes des êtres vivants, c'est-à-dire des êtres appelés à la Vie. En effet, nous sommes les biographes de nos histoires et nous écrivons l'histoire de notre vie par la manière dont nous la vivons. Dans la foi, cette histoire personnelle s'écrit avec l'encre de Dieu, une encre indicible et surtout indélébile qui marque notre cœur à jamais.
Nous devenons ainsi, ce qu'un théologien belge a appelé, des théographes. Notre écriture est de l'ordre divine car notre foi est le fondement même de vivre sa vie. La lumière de la résurrection nous imprègne et nous pousse à oser plonger dans l'existence avec cette confiance qui nous fait prendre conscience que nous ne sommes jamais seuls. Dieu vient nous saisir la main et nous dit par le biais de son fils « Talitha koum, je te le dis lève-toi ! ». Notre foi n'est pas une eau dormante mais bien une invitation à se lever pour, à l'instar de la fille de Jaïre, nous mettre en marche. Oui, depuis le temps de l'Exode, nous sommes un peuple en marche, en quête de foi, en recherche de vérité, en désir de sens.
Le Christ Jésus nous offre cette occasion merveilleuse de vivre notre vie au goût de Dieu. De plus, par sa mort et sa résurrection, il nous fait entrer dans une nouvelle dimension de notre être. Grâce à l'événement de la croix, la vie n'est plus mortelle mais bien appelée à l'éternité. Nous devenons à notre tour des êtres éternels. D'ailleurs, nous sommes déjà entrés dans le temps de notre éternité.
L'humoriste Pierre Desproges disait que la vie est une maladie mortelle. Dans la foi, nous pouvons affirmer que la vie est une épiphanie éternelle. Il est vrai que nous serons toutes et tous un jour confrontés à l'expérience de notre propre mort. Toutefois, pour nous, celle-ci ne sera qu'un bref instant qui nous fera passer de la vie à la vie éternelle. « De l'humanité à l'éternité », telle est notre destinée. Et peut-être qu'en mourant, nous emportons avec nous notre manuscrit, notre biographie et que nous en poursuivons notre écriture mais cette fois avec une encre éternelle.
Le temps de la foi sera derrière nous. Nous vivrons alors le temps de la rencontre avec Dieu le Père, révélé en son Fils et glorifié dans l'Esprit. A cet instant précis, nous saurons que nous avions eu raison lors de notre pèlerinage terrestre de mettre notre espérance en ce Dieu qui « n'a pas fait la mort » mais qui nous a créé pour cette vie au goût de l'éternité.
Amen.
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