La construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal, promesse d'un essor énergétique pour le Cameroun, est confrontée à des obstacles qui pourraient retarder sa livraison initialement prévue pour septembre 2024. La Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), chargée de ce projet ambitieux, se trouve désormais confrontée à des défis majeurs.

L'Agence de régulation du secteur de l'électricité (Arsel), lors d'une mission de contrôle le 11 août 2023, a révélé des anomalies sérieuses au sein de la structure. Des fissures et des infiltrations d'eau ont été découvertes sur plusieurs parties du barrage déversant, mettant en évidence des dégradations précoces des matériaux de construction.

Jean Pacal Nkou, directeur général de l'Agence, a exposé dans un compte rendu au ministre de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Eloundou Essomba, les préoccupations concernant ces défauts constatés. Il a insisté sur l'urgence d'une action corrective, demandant à NHPC de fournir un rapport détaillé sur les anomalies, des solutions pour les corriger et un calendrier pour les travaux de réparation et de renforcement des structures défectueuses.

Ces réparations, jugées cruciales pour la pérennité de l'ouvrage, risquent de retarder la livraison prévue. Ce contretemps pourrait également impacter l'injection des premiers 60 mégawatts dans le réseau interconnecté Sud dès décembre 2023, aggravant ainsi les tensions actuelles dans l'approvisionnement électrique du pays.

Ce barrage représente un investissement colossal de 786 milliards de FCFA et s'annonce comme un vecteur majeur d'augmentation de la production électrique au Cameroun. Il permettrait une hausse significative des capacités de production, réduisant ainsi la dépendance aux centrales thermiques et les achats de combustibles nécessaires à leur fonctionnement.

Néanmoins, les accords entre l'État camerounais, les développeurs (notamment Électricité de France - EDF et la Société financière internationale - SFI), et le concessionnaire du service public de l'électricité, Eneo, stipulent un paiement mensuel de 10 milliards de FCFA à NHPC à partir de la mise en service, indépendamment de la consommation effective de l'énergie produite.

Face à ces péripéties, l'échéance de livraison initiale de septembre 2024 reste incertaine, soulevant des interrogations quant à la stabilité et à la fiabilité de cette infrastructure majeure pour le secteur énergétique camerounais. La nécessité de garantir la qualité et la sûreté des ouvrages hydroélectriques reste un enjeu crucial pour répondre aux besoins croissants en énergie dans le pays.