Droit de réponse à Maître Charles TCHOUGANG.
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Au cours de l'émission de L'ARÈNE de dimanche soir, vous vous êtes évertué à démontrer que les Avocats au Barreau du Cameroun ne sont pas bien formés.

Argument pris de ce qu'il n’y aurait pas d'instituts d'études judiciaires dans les universités et une école d'avocats au Cameroun.

Je tiens à vous rappeler que les Avocats camerounais sont parmi les plus compétents de l'espace francophone.

Je le dis parce que j'ai le grand avantage de voir passer ici à Paris, les Avocats de plusieurs nationalités dont des confrères camerounais.

Les Avocats camerounais sont très futés, plaident bien et surtout très assis dans la connaissance juridique pure.

Ils font partie de la classe sociale la mieux formée du Cameroun.

La preuve, plusieurs de nos jeunes confrères, dont Maitres Michèle Ndocky, Ipanda en stage au Cameroun, ... ont été sacrées dans des concours de plaidoiries ici en France.

De quelle compétence parlez-vous quand vous suivez des jeunes Avocats comme Maître Roland Diewou, manier avec aisance la rhétorique et le droit ?

Et Dieu seul sait, s'ils sont nombreux ces confrères camerounais formés en cabinet avec autant de talents et de prégnance !

Les Avocats camerounais formés en cabinet, n'ont rien à envier à leurs confrères de France ou d'autres pays, formés dans des écoles d'avocats, même s'il est important d'avoir des écoles d'avocats, pour asseoir certaines connaissances professionnelles et surtout déontologiques.

Ce qui fait l'avocat, ce n'est pas l'école d'Avocat, mais la pratique, la confrontation aux dossiers.

L'école d'Avocat n'a pas pour vocation comme vous semblez le présenter d'être une faculté de droit bis, qui apprendrait le droit aux Avocats, mais plutôt un centre de préparation théorique à l'exercice professionnel.

Et à ce niveau, le jeune Avocat camerounais a un plus.

Dès sa prestation de serment comme Avocat stagiaire, il est lancé dans l'arène.

Il porte la robe et commence à plaider tout seul les dossiers devant les juridictions.

Ce qui n'est pas possible pour les élèves Avocats dans un pays comme la France ; qui ne portent même pas de robe durant leur formation.

À la fin de son stage, le jeune Avocat camerounais a déjà 02 bonnes années d'exercice professionnel au compteur.

Il est déjà suffisamment aguerri pour défendre et porter seul son cabinet.

Ce que n'aura pas connu le jeune Avocat d'un Barreau français, qui durant un stage en cabinet de 06 mois, n'aura véritablement pas pris la main.

La formation des Avocats en cabinet auprès d'un maître de stage, obéit à la tradition séculaire de la transmission du savoir par le maître à l'apprenti. Car après tout, l'Avocature est un art.

L’Avocat va ressembler à son maître, son parrain, qui lui enseignera les rudiments du métier.

Quel Avocat stagiaire camerounais ne redoute pas ces moments si formateurs de soumission des conclusions préparées à la sanction des parrains ?

Tout y passe : vérification des fautes, de style et de raisonnement juridique.

Les plus grands Avocats français, ceux de la vieille garde et dont la renommée est si grande dans le monde, ont été exactement formés comme les Avocats camerounais de nos jours.

Verges, Woog, Badinter, Stasi, Soulez Larivière, ... n'ont pas été dans des écoles d'avocats, légiférées en France, seulement en 1971, et devenus effectifs à partir de 1980, même si le Barreau de Paris s'était déjà doté d'un semblant d’institut de formation en 1965.

Cher confrère, les problèmes auxquels sont souvent confrontés les jeunes Avocats camerounais, et même leurs parrains sont simplement d'ordre conjoncturel : la précarité.

Rien à voir avec leur formation.

D'où certains manquements professionnels observés en termes d'éthique pour ceux qui n'ont pas cette force de résistance à la difficulté.

Bien évidemment, pour certains la cupidité et le manque de vocation est à l'origine de leurs déviances. Car ne mesurant pas l'ampleur du sens du sacerdoce, et ayant souvent cru que la profession d'avocats est un refuge pour chercheur d'emplois.

Et c'est là, la responsabilité de l'ordre qui doit pouvoir trouver les voies et moyens pour améliorer la condition sociale du jeune Avocat.

Par exemple, obtenir du gouvernement la revalorisation de la rémunération de la commission d'office qui pourrait aider le jeune Avocat qui s'installe.

Comme dans de nombreux pays, créer des structures sociales au sein de l'ordre pour accompagner les Avocats confrontés aux difficultés d'exercice.

Cher confrère, la loyauté est un devoir impérieux chez l'Avocat.

Présenter publiquement dans une émission de grande écoute, subtilement et faussement vos confrères, comme des incompétents, pour paraître certainement comme le seul compétent, relève de la félonie et de la déloyauté.


Christian Ntimbane Bomo

Avocat au Barreau du Cameroun

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