La situation actuelle du Cameroun, porte une seule et unique responsabilité : celle du pouvoir !
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La situation actuelle du Cameroun, porte une seule et unique responsabilité : celle du pouvoir ! :: CAMEROON

CHER ANICET EKANE

Je vais te dire, toi qui m’as appris des choses fondamentales sur le Cameroun, l'Afrique, la politique et la citoyenneté, et aussi à appeler les chiens sauvages de la politique chiens sauvages, des choses claires sur les sectes et les gourous politiques au Cameroun :

1- Quand on a un ministre, Jacques Fame Ndongo, qui appelle Paul Biya, le " Créateur « lui comme nombre d’autres, utilisant une figure de style de substitution qu'il maitrise à la perfection de l'obligé, mêlant métonymie, antonomase et synecdoque, pour remplacer les cieux par Etoudi, et Dieu par l'homme du 6 novembre, on a affaire à l'un des mécanismes clés des phénomènes sectaires : la construction d'une image immaculée, la sacralisation et la déification de la figure du chef.

Cela a produit, notamment dans des régimes totalitaires, un culte officiel, des processions, une liturgie de la personnalité et de graves troubles de la personnalité citoyenne. Il existe quelques traductions à échelle tropicale de ce culte, de ces processions et de cette liturgie : l'effigie du président qui préside des cérémonies ; la pratique d'autorisation et d'encadrement des marches uniquement quand il s'agit de soutenir le chef de l’État ; la mention obsessionnelle du nom du chef de l’État, Son Excellence, de ses hautes instructions, dans la moindre initiative des ministres, des ambassadeurs et des hauts fonctionnaires ; la persistance de la logique du parti-État ; le président transformé en monarque absolu, de droit divin...

2- La logique de déclassement, mise à l'index et de bannissement de la figure de l'opposant. Au Cameroun, tu le sais pour l'avoir subi dans ta chair, le terme opposant est un marqueur d'opprobre, un terme péjoratif qui renvoie aux effets de la propagande française, suite à la répression de la lutte pour l'indépendance, en construisant la figure diabolique du maquisard : le syndrome Um Nyobé, Ouandié, Ossendé, Moumié, etc, pestiférés, loosers, perdants et Ahidjo, gagnant, winner, sacralisé.

Autrement dit, s'opposer à Paul Biya, donc au dieu de Fame Ndongo, à l'infaillible pontifical, est un acte d'hérésie, d'infamie, avec ses corolaires : blasphème, schisme, apostasie, sacrilège, déviation, fausseté, révolte...Le bagne donc, et souvent la misère.

C'est pourquoi, hélas, tout opposant, digne de ce nom, finit souvent au Cameroun par devenir fade comme le Kpem sans sel, après avoir bouillonné comme le Nnam Wondo, à force de répression, de contrôle et de pressions sociales, de tentations diverses et d'une

De cela, je tire deux conclusions :

  • En parlant de secte, devant Paul Biya, héritier d'un système qui prend ses sources dans les colonisations de fait allemandes et françaises, le régime d'Ahidjo et les mécanismes d'endoctrinement et de caporalisation évoqués plus haut, Maurice Kamto, Cabral Libii comme toi en ton temps, sont de sympathiques hommes politiques. Ceux qui hystérisent juste des partisans qui s'accrochent selon les cas sur une figure dans laquelle ils investissent l'espoir d'une alternance, de se libérer de carcans, parfois de voir un frère du village à Etoudi...Tout juste, doivent-ils se défaire du réflexe du Messie, très tentant, de façon classique, pour des figures politiques montantes.
  • La situation actuelle du Cameroun, lesté de tensions et de conflits meurtriers, porte une seule et unique responsabilité : celle du pouvoir ! Maurice Kamto ou un autre opposant ne sont en rien responsables de ce qui nous arrive. En rien !
  • Tu as fait des sacrifices pour cela et c'est pourquoi je prenais du temps, de l'intérêt et du plaisir à écouter tes réflexions : le droit de créer une formation politique, de ne pas suivre une seule voie ; le droit de manifester, marcher, de s'exprimer pour dire oui ou non, est un droit fondamental pour chaque Camerounais. Il tient de la Constitution, des conventions internationales et de la Raison. Il n'est plus absolument question d'accepter qu'un ministre de l'Administration territoriale ou des Forces de Sécurité, interdisent à un Camerounais le droit de manifester pour dire NON ! Sans la liberté de blâmer, disait l'autre, point d'éloge flatteur. Par conséquent, si l'on a le droit d'adouber, de soutenir, de marcher pour Paul Biya, la réciproque doit être intégrale, vraie !

Hier à Bépanda, tu te battais pour un État de droit. À juste titre. C'était beau et grand ! Aujourd'hui, d'autres Camerounais se battent pour des droits effectifs dans un État ; et une autre idée de la gouvernance. Et pour cela, ils n'ont pas besoin d'emprunter la liturgie à Fame Ndongo : le bréviaire des droits est contenu dans la Constitution, les conventions et les Chartes signées par le Cameroun. Si cela est une secte, alors c'est la bonne et pas celle de ceux qui ont fait de Paul Biya, un monarque absolu, de droit divin, pardon, le Créateur !

Il y'a un très beau proverbe en Douala que j'aime beaucoup :

Moto na titi o mudumbu, moto é ndé o bebolo, traduction :l'homme ce n'est pas seulement sa bouche, l'homme, ce sont surtout ses actes.

Fort de cela, comme toi, hier, à cran, preux et courageux, sur le terrain, dans la rue et partout où se défendent les droits, je défendrai comme d'autres de nos compatriotes, ce droit : au prix de tout, il faut libérer les Camerounais de la secte de la prosternation, de l'obséquiosité, du salamalec, pour que nous devenions des citoyens, qui ont le droit de dire : je ne suis pas d'accord ; j'approuve ; je ne suis pas ou plus content du président ; je marche pour ou contre !

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