LE DROIT AUX MANIFESTATIONS PACIFIQUES
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L'enjeu du moment, objet de toutes les spéculations, est le droit aux manifestations pacifiques. Aux termes de la loi n⁰ 90/055 du 19 décembre 1990 fixant le régime des réunions et des manifestations publiques, il est dit :

Article 3, alinéa 1 : Les réunions publiques, quel qu'en soit l'objet, sont libres.

Alinéa 2 : toutefois, elles doivent faire l'objet d'une déclaration préalable.

Alinéa 3 : sauf autorisation spéciale, les réunions sur la voie publique sont interdites.

Le problème, ce n'est pas la loi, qui est claire. Ce qui pose problème ici c'est l'interprétation et l'application de ladite loi.

LE RÔLE DES MANIFESTATIONS PUBLIQUES À CARACTÈRE POLITIQUE ET PROFESSIONNELLES.

La manifestation publique est un mode d'expression, une sorte de dialogue instauré entre les dirigeants et les citoyens, qui leur expriment leur soutien, leur contentement, leurs encouragements, mais aussi leurs souhaits, leurs revendications, leur mal-être, parfois leur colère et leur ras-le-bol. La manifestation agit dans ce cas comme une soupape de sécurité, qui laisse passer de l'air quand la pression devient trop forte dans le système, contribuant ainsi à le rééquilibrer et à le stabiliser. Si la soupape est bloquée, la pression monte progressivement et peut faire exploser le système.

Le rejet systématique des manifestations qui ne vont pas dans le sens souhaité par les autorités administratives, condamnent le système à l'explosion à terme. Mon avis est que le droit de manifester qui est souvent accordé à ceux qui expriment leur soutien et leur satisfaction au Gouvernement, devrait également, pour un besoin d'équilibre et d'équité, être concédé à ceux qui expriment leur mécontentement, leurs revendications, leurs souhaits. Cela permettrait d'éviter des tensions inutiles et le risque d'une explosion sociale lourde de conséquences.

Je rappelle à tous, au cas où certains feraient semblant de l'oublier, que l'origine de la guerre au NOSO est la répression d'une manifestation pacifique des avocats au barreau du Cameroun, qui revendiquaient des droits, lesquels droits leur ont été finalement accordés plus tard. C'est dire que la brutalité de la répression aura envenimé la situation inutilement, et que l'usage de la force ne résout pas tous les problèmes.

Les autorités camerounaises devraient éviter de tomber, une fois de plus, dans le piège de l'usage préventif ou anticipé de la force. Elles devraient laisser les manifestants s'exprimer pacifiquement, et n'intervenir qu'en cas de casse ou de désordre, comme cela se fait dans les autres pays à travers le monde. Nous voyons des manifestants s'exprimer à travers le monde quasi quotidiennement. Nous avons applaudi les manifestations monstres organiséesaux États-Unis et dans le monde entier contre le racisme et les violences policières. De nombreuses manifestations sont organisées au Cameroun, alors pourquoi ce droit est accordé aux uns et systématiquement refusé aux autres dans un pays qui se veut démocratique ?

Il serait souhaitable d'autoriser les manifestations afin de couper l'herbe sous les pieds de ceux qui veulent s'en servir pour des desseins inavouables.

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