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© Correspondance : Fridolin NKE, Expert du discernement, nkefridolin2000@yahoo.fr
- 09 Jun 2020 09:00:00
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CAMEROUN :: LETTRE D’OUTRE-TOMBE DE FRIDOLIN NKE À JACQUES FAME NDONGO: LE MICRO-TRIBALISME D’ÉTAT :: CAMEROON
La raison villageoise, ses usages et ses lois implacables...Dans ma Lettre d’adieu à Jacques, j’avais cru parler à un sage, avec toute l’emphase, les tournures de langue, les proverbes et les aphorismes qu’affectionnentles âmes mures et distinguées. Mon discours n’ayant pas eu l’effet escompté, je dois me résoudre, à mon corps défendant, à remplir sa vue de sa nudité morale, sans fard et sans paravent rhétorique : les intelligences engourdies ne s’animent qu’à la vue du tableau de leur affolante nudité. C’est pourquoi, dans ce texte, je montre que la défiance des hautes personnalités de la République et des idéologues du régime du Renouveau, Jacques en l’occurrence, à l’égard de la sagesse ancestrale négro-africaine relative au statut de l’enfant dans la société, réactualisée par Salomon et Platon, et ses vertus que Francis Bebeya contextualisées dans Le fils d’Agatha Moudioentraîne le développement du micro-tribalisme d’État(I),doctrine réactionnaire qui fait des Eton les fous du Roi, et dont les usages malsains sont systématiques dans les milieux universitaires et dans toutes les administrations publiques (II) ; ce fléau obéit à des lois implacables qui la codifient en comportements déviantset abusqui causent d’énormes souffrances aux usagers des services publics et préjudicient au développement économique du Cameroun à cause de la promotion des minables aux hautes fonctions publiques. D’où la nécessité de s’interroger sur le statut et le comportement d’un ministre dans ses fonctions (III). Dans ces conditions et plus que jamais, les frustrations légitimes, l’aigreur et les injustices abominables se multiplient, au point où la responsabilité des gardiens de l’éthique et de l’orthodoxie des pratiques républicaines est engagée : il leur revient d’encadrer la procession de l’oubli de la caste régnante, au-delà de l’avenir sombre du micro-tribalisme (IV).
Jacques,
Lorsqu’on a plus de soixante-dix ans, on n’aspire qu’au repos du corps et de l’âme, voire à la méditation. Chaque matin, on se lève, surpris de voir la lumière du jour, on rend grâce à l’Éternel pour sa mansuétude infinie. À ton âge, je crois, les braquages de diligences, les aventures amoureuses, l’expérience du banditisme, lesconquêtes du pouvoir, tout cela appartient au cinéma grossier du passé, lorsqu’on avait quarante-quatre ans, comme moi, dans le temps. Maintenant, j’espère, tu ne vistout cela qu’à travers la paisible et rassurante médiation des films western, d’espionnage et de beaux drames amoureux, des séries télévisées telles que Dynastie, Isaura, El Diablo, Au Cœur du péché, Marina, L’imposture, Le Chemin du Destin, Catalina, Rédemption, Théressa, Tourbillon de passions, Rosa, Marimar, Dans la peau d’une autre, La Patrona, Terre de passions ou Les feux de l’amour, bref toutes les aventures improbables qui emplissent les âmes simples et apaisées d’un divin contentement. En ce sens, la vieillesse est bien.On n’a pas besoin de trop d’effort pour jouir… de la vie. Un vieillard riche aspire à d’autres stades d’existence que celui, rétractile, dont nous faisons l’expérience ici-bas. En tant qu’Ancien, ilne perd pas la précieuse énergie requise dans l’ultime transmutation dans une guerre avortée contre Maurice Kamto. Il est à l’abri des questions saugrenues et encombrantes de recherche et d’enseignement supérieurs, des injonctions néolibérales et capitalistes de distinction de ces champs universitaires, de la rareté des financements de la recherche, de l’économie des savoirs, de la professionnalisation des enseignements, de la numérisation des cours, du télé-enseignement, etc.
I/ Dans une République, l’enfant appartient à qui ?
Les jeunes, avec le sang chaud, sont essentiellement prisonniers de l’action, des passions, de l’ambition en l’occurrence. À la différence de toi qui, par principe, ne vit plus que pour (te) pacifier, pour (te) discipliner et adoucir les sanguins, ils souffrent de ne pouvoir se tenir tranquilles devant les tentations du corps et les folies de l’intelligence vive. Nos ancêtres l’ont établi : l’enfant n’appartient pas à la famille ; il est un produit et un sujet collectif : tout le monde peut en disposer à sa guise, le gratifier d’un cadeau, le corriger ou l’éduquer dès que le hasard fait qu’on croise son chemin ou s’il s’aventure dans une concession autre que celle de son géniteur. Il est partout chez lui.
Peux-tu donc te résoudre à accepter que tes filsfassent le péché, sans les jalouser ? La réponse positive à cette question conditionne ton accès au Très Haut. Car l’ataraxie (le gros mot des philosophes pour dire la paix de l’âme) à laquelle tu dois aspirer devrait compenser leurs indélicatesses envers les dieux. Ton rôle, désormais, devrait consister à intercéder pour eux, car ton cœur est apaisé, ayant éprouvé toutes sortes d’émotions, les plus nobles comme les moins avouables. Toi, à cet âge de maturité et desagesse, tu devrais aspirer à conseiller, à enseigner ta généalogie, pour que les jeunes se souviennent de leurs racines, dont tu leur avouerais, avec humilité, que tu ne représentes qu’une petite branche d’une respectable lignée de femmes et d’hommes travailleurs, intègres et valeureux. Certains patriarches, pour réussir cette transition entre les générations, se font passer toujours pour des êtres aimants, humbles, distraitset remplis de sollicitude et de mystères comme des carafes sacrées. Ilsrevendiquent tous les enfants de la terre comme leurs petits-fils. Ils assument en toute sincérité ces mots inépuisables de Francis Bebey, dans Le fils d’Agatha Moudio :
« Qu’il vienne du Ciel ou de l’Enfer
Qu’il soit noir ou blanc, ou jaune, ou même rouge,
Un enfant c’est toujours un enfant1 ».
Les patriarches ont la sagesse du roi Salomon : ils traitentde manière juste aussi bien les enfants du village que la progéniture des lointains et inconnus étrangers d’autres contrées. Ils passent par conséquent pour des références de rectitude morale, d’empathie et de pardon (même si, au fond, ils furent féroces dans leur jeunesse, ils se rattrapent vite pour tuer les mauvais souvenirs). Dans le partage de l’héritage, les vrais anciens se distinguent par leur équité et leur impartialité. Un vieillard qui aime bientait, par l’exercice du jugement, les choix précipités et passionnés de son cœur, car il juge que ces inclinaisons sont de nature à compromettre la santé et l’intégrité de l’héritage qu’il veut voir fructifier par les générations à venir.
Lorsqu’un vieux bien placé discrimine parmi ses petits-fils, lorsqu’il comble son rejeton biologique en tuant l’avenir des orphelins, lorsqu’il stigmatise certains enfants et choisi d’élever d’autres sur les bases non du mérite et de l’effort, mais suivant leurs caprices et des préférences immorales, il devient une curiosité dans le village. Si, de surcroît, on le surprend en train de préparer la guerre fratricide ou un conflit tribal, il passe pour un sorcier, une abomination donc, et il risque le bûcher (se faire brûler vif).
Jacques,
Par la pensée, j’ai traversé le mur du temps ; j’ai franchi le revers de l’espace et accédé à l’indéterminé, d’où je t’écris. En un mot, j’ai trépassé ! C’est lorsqu’on est sous terre, piétiné par une coterie (clique) de furibonds (des gens dont les passions sont déchaînées), qu’on voit mieux le ciel ; on mesure le fond abyssal du cœur des haineux et distingue avec netteté l’azur de l’espoir, l’identité des saints et des véritables anges et archanges, à savoir les hommes de bonne volonté. Y étant, l’on se libère de la peur, de l’envie, de l’amour de fixation, de la haine, de la souillure dont se gavent tous ceux qui sont prisonniers du manger, du boire, ainsi que de l’ambiance de rots, de pets et du plaisir de déféquer qui accompagnent leur répit.
D’ici, je te vois dans de telles insanités ; je mesure les risques que tu prends pour propulser les minables, les Ndongo, les Abane, les Ze, les Mbia, les Meyoloet toute la clique desnon méritants du Sud. Ton aveuglement est si profond que j’entends, au moyen de mon ouïe incommensurable, les plaintes de tes autres petits-fils, les Bassa, les Pygmées, les Tikar, les Massa, les Bamiléké, les Eton, les Nordistes, toutes les populations du Nord-Ouest et du Sud-ouest, et tous les autres. Tu as la main dans le sac des trésors publics, en train d’exclure certains de tes
petits-fils, pis, en train de préparer la guerre civile. Ce que je dis-là, tu le comprends mieux que les curieux qui nous épient en lisant nos échanges privés.
Je te l’ai dit dans un quasi rêve. Tu as cru que tu faisais un cauchemar certainement. Mais c’était une rencontre aussi imaginaire qu’attestée par les sens. Pour en comprendre la portée, il faut organiser tes souvenirs : l’initiation est un rêve éveillé. Nous étions supposés nous être vus ou, plus exactement, on nous prête l’intention de nous rencontrer. Dans les deux cas, je ne suis plus sûr de rien. Car, dans un monde aussi évanescent, où tout est vanité, où l’imposture est de rigueur, le moindre geste ou l’infime parole paraît si improbable que l’unique façon de demeurer viable, fiable, pour toute conscience engourdie par la vanité ou l’effroi, c’est de persévérer dans ses extases, de s’illusionner sans cesse et d’imiter ces inimitables aventures oniriques qui font un si grand bien aux âmes traumatisées dans le vrai jour.
En revanche, pour les âmes éprouvées qui rechignent à se résigner, comme la mienne, l’univers est si difficile à démêler qu’il faut en conquérir le sens ; il faut retrouver, au-delà des couplets et du refrain, le morceau complet de la musique du monde. Je t’ai donc prié dans ce rêve que nous fîmes ensemble, de te souvenir de l’année 2005, lorsque j’étais encore dans le monde éphémère des vivants. Eyébé Ayissi et sa Majesté Tsala Ndzomo Guy m’avaient sollicité pour venir au secours du Chef de l’État. Moi, aider le Président de la République ? C’était inespéré ! Je pouvais même me déshabiller et me tuer pour de tels honneurs. Je crus que j’allais dépasser l’exploit du Christ, devenir le premier mortel qui parvient au Père céleste sans passer par l’épreuve de la mort. Je crus donc qu’ils allaient me conduire directement à Lui. Ils me traînèrent à tes pieds. Les vicieux ! J’ai failli les maudire, mais ils me consolèrent : tu étais le frère de l’Autre, et nul ne pouvait aller au Père sans passer par le frère. Je me résignai.
Tu t’étais presque mis à genoux afin que j’intercédasse auprès des autres turbulents leaders pour mettre un terme à la grève qui faisait rage dans les universités d’État. Je me rappelle ton soulagement devant mon arrivée dans ta résidence, vers une heure du matin, avec les Okala Ebode, Lindjom, Messi et les autres, tes suppliques, l’élévation du ton, les conditionnalités, les fausses promesses de rétribution, etc. En ce moment, l’Eton était utile. Heureusement je fus sage, je demandai juste une mission de chercheur à l’étranger. Car on m’avait mis en garde : en dehors des membres du clan, tous les autres sont utilisés, pressés comme des oranges et jetés dans la poubelle. Au MINESUP, on me dit qu’il n’y avait pas d’argent ; je fis valoir que la seule lettre du ministre me suffirait. Je l’obtins et, sans un sou, j’embarquai dans un avion grâce à un billet d’avion offert par une âme de bonne volonté d’Obala. N’étant plus là, je n’ai jamais su qui avait déchargé les 1 500 000 Fcfa qui m’étaient destinés.
II/ La fausse identité Ekang-Bëtiet l’expérience du micro-tribalisme d’État
Mon très instruit Jacques,
Je comprends maintenant pourquoi les ethnologues s’embrouillaient tant lorsqu’ils voulaient rassembler les clans du Sud, de l’Est du Centre dans une même dénomination : tantôt Fang-bëti, tantôt Ekang-bëti-Bulu, ou encore les Pahouin. Au-delà des proximités de la langue, de quelques homonymies de circonstance, nous sommes vraiment autres. Bulu, Eton, Fang, Ewondo sont différents ; on ne les associe que pour créer le buzz en formulant des hypothèses hardies, pour affiner la science théorique, par stratégie, comme en politique, par paresse même. Les Bulu même disent qu’ils n’ont rien à voir avec les Eton.Il faut être cotonneux (avoir l’esprit tordu) pour s’imaginer que ces gens viennent d’un même ancêtre !Les ethnologues étaient paresseux ; ils n’ont pas creusé l’objet de leur science. Tout est à refaire, vous dis-je !
Dans tous les cas, qu’ils aient eu raison ou pas, moi j’observe de telles disparités de comportements et de si vives discriminations parmi ces gens que l’unique possibilité pour que cette fraternité soit attestée est de la voir produite dans les interactions réelles, non sous les postulats surannés de la science historique, ethnographique, ethnologique ouanthropologique. Il me faut voir cette fraternité décrétée à l’œuvre, rassemblant tous les enfants du Centre-Sud-Est dans une dynamique constructive dans un mouvement national général qui enracine les identités tout en les projetant dans le vivre-ensemble, en cœur avec les autres tribus, avec les équilibres de devoirs et de droits requises conformément aux aléas de notre itinéraire historique en tant que peuple.
Malheureusement, c’est la raison villageoise qui prévaut encore et encore. Par raison villageoise, j’entends le précepte immoral qui conditionne l’acceptation ou le rejet de l’humanité d’un individu en fonction des critères liés à la consanguinité du nombril, au patronyme, à l’ethnonyme ou à la capacité de celui-ci de se « mouiller » avec soi dans toutes les énormités qu’entretient la malgouvernance. Le parent, le frère, c’est le complice de ces errements immoraux ; c’est le soldat de nos rapines dans les valises de l’avenir commun. Dès lors, pour les tenants de cette politique d’exclusion tribale d’État, le melting-pot originel des migrations de la souche, d’un Paul Abouna, l’anthropologue énervant qui veut retrouver l’identité commune des peuples camerounais, au-delà des disparités contextuelles et conjoncturelles, devient une hérésie. Pour les âmes rassies, de tels universitaires rêvent debout. Car au lieu de ramener le tout en une composante dominante, au lieu d’uniformiser, de décréter la supériorité « raciale » de la minorité élue, il perd le temps à rechercher « l’hétérogénéité des peuples » ou l’ « Un-multiple », « les Diasporas ethniques », « le Présent imparfait » et « les connivences entre les peuples » qui composent le triangle national et reproduisent l’unité nationale. Au lieu d’établir les règles strictes de la suprématie clanique d’une minorité sur l’ensemble de la tribu Ekang-Bëti et au-delà, il s’évertue à théoriser le passé-composé du Cameroun ancien avec de nouveaux codes sociaux entre ethnies. Pour celui qui veut manger, cette prière élastique est un péché !
Cher Jacques,
Le micro-tribalisme, c’est le règne des instincts grégaires, du favoritisme, du double langage. La victime la plus emblématique de ses effets néfastes est la Lékié, « l’amie fidèle ». Ceux qui évaluent l’amitié en termes de postes et de hautes fonctions ont perdu leur latin. Dans l’administration des universités, dans les directions générales des sociétés d’État et des EPA, aucun Eton ou presque. Dans les récentes nominations dans les université d’État, l’on n’a suivi que des noms qui sonnent doux, rusé ou enflammé et aux consonances méridionales (du Sud). Constate aussi l’absence des Eton dans la haute administration de la Présidence de la République. Il y a certes Ndong Benoît, qui y est ministre Chargé de missions. C’est tout. Or il est dit, du bout des lèvres, que la Lékié est « l’ami fidèle ». On l’a même visité par deux fois !
Moi qui sonde la franchise et l’affection de l’ami sur les réalisations sur le terrain, en termes d’infrastructures routières, d’électrification, d’industrialisation, de réalisations d’adductions d’eau, d’équipements hospitaliers, etc., je ne vois aucun changement notable depuis quarante ans.
Ce n’est point que le Président ne fait rien. Non, il en fait même trop ! Il fait nommer les descendants de ses « amis » au sein de « l’amie fidèle », qui, en réalité, sont les ennemis aussi bien de la communauté Eton que de son amitié envers elle. L’on se demande : la faute à qui, on a nommé vos frères non ? Je réponds que la faute revient à notre « ami », car on ne demande pas les nominations qui visent à diviser le peuple Eton, des postes qui ne sont donnés que pour fidéliser une amitié stérile, pour enraciner la pauvreté sous le prétexte de la fidélité. À preuve, où est le plan Marshall que le Très distingué ami a mobilisé pour nous sortir de l’obscurité, de la poussière, de la soif, de la boue, des moustiques, du chômage ? Je ne convoque pas la faim, puisque nous sommes des travailleurs infatigables ; nous naissons et mourront la machette à la main, le tracteur, cet objet télévisé, étant à jamais hors de portée ?
Revenons à moi, si tu me le permets. Souviens-toi de la dernière réunion décisive en 2005, au MINESUP, où je pris la parole pour parler durement aux miens et où je demandai la suspension de la séance pour la concertation, sachant ce qui allait résulter de cet imbroglio. Quel membre de ton clan a eu le courage d’affronter tous les grévistes et de leur parler le langage de la raison, en leur rappelant que la grève n’était pas organisée pour qu’on cesse de payer les frais universitaires ou pour qu’on fasse tomber le régime, stratagème auquel les opposants voulaient recourir en manipulant certains parmi nous ? Sans compter que je ne sus jamais à quoi avaient servi les milliards que le Chef de l’État avait débloqués. Quel membre de ton clan peut ne pas recevoir, à l’instant même qu’il en fait la demande, ce que je te réclameet que tu refuses de me concéder depuis deux ans?
Jacques,
Les pies sortent en période d’abondance. Les tiens et toi, donc vous nous prenez vraiment pour des fous, les fous Eton du roi ? Donc vous croyez vraiment queles Eton, les
Mangissa, le Batchenga sont vos fous ; que leur caractère trempé les destine de toute éternité à torturer et museler leurs frères Camerounais, pour pacifier la scène de vos tonitruants ébats ? Comme depuis les indépendances et André Marie Mbida, certains cultivent ; d’autres récoltent et se gavent de victuailles. Détrompez-vous ! Le monde évolue et vous voulez qu’il se range sous la dictée de vos indélicats fantasmes ? Tu croyais m’avoir avec ton évangile éthéré axé sur l’impératif du regroupement tribal en tant de crise, se faire avoir, entendu aux multiples sens de pervertir, soumettre, posséder ou tuer. Car dans ce régime, lorsqu’on veut vous avoir, l’on vous tend préalablement quelque chose. Ce présent est infect, miné.
Marcel Mauss soutenait que la Nation est la forme moderne d'organisation sociale des individus, une fois le monde des communautés détruit :« Il ne peut y avoir de Nation sans une certaine intégration de la société, c'est-à-dire qu'elle doit avoir aboli toute segmentation par clans, cités, tribus, royaumes et domaines féodaux... Cette intégration est telle que dans les nations d'un type naturellement achevé, il n'existe pour ainsi dire pas d'intermédiaire entre la nation et le citoyen, que toute espèce de sous-groupe a pour ainsi dire disparu, que la toute-puissance de l'individu dans la société et de la société sur l'individu s'exerçant sans frein et sans rouage, a quelque chose de déréglé ». La constitution d’une identité tribale, micro-clanique et anti-républicaine au sein de l’administration est une entreprise de sabotage de l’unité nationale. Elle a pour enjeu de privilégier les intérêts du clan et le bien-être exclusif de ses membres. La fraternité décrétée pour les besoins d’une politique d’exclusion n’est pas digne de prospérer.
Retiens donc que la crédibilité d’un régime s’évalue à l’aune de son exemplarité. Tout ce que vous faites, c’est encadrer le sous-développement, inculquer la démission devant la vie, tordre le cou au courage, dissuader l’inventivité, certifier l’imposture scientifique et administrative, concentrer l’attention sur la peur et pourfendre les libertés sous le prétexte du fameux « État » de droit. Ces dérives sont incompatibles avec nos valeurs. Nos« défauts », nous les Eton, se nomment sincérité, franchise, loyauté, dévouement, fidélité. Un autre viendra qui le reconnaîtra. Il comprendra les vertus de notre trésor d’identité ; il partagera nos valeurs et nous rétribuera pour tous nos sacrifices.
III/Les lois du micro-tribalisme et la fonction ministérielle comme dispositif de discrimination d’État
Mais adoucissons la voie. Je veux te préserver d’un fatal emportement. Revenons au quotidien sans sel ni piment qui sied mieux à ton grand âge : une historiette qui pourra avantageusement entretenir ta lucidité et aiguiser ta vue politique qui s’assombrit.
Jacques,
Tu m’avais donné ta parole d’honneur le 24 avril dernier : tout serait résolu en quelques jours ! Mais nous sommes à près de deux mois. Pis, monsieur Ngue, le chef de la cellule de suivi, m’a chassé de son bureau avec ces paroles : « Sortez de mon bureau ! Je ne vous reçois pas. Allez écrire dans les réseaux sociaux ! » Quelle arrogance ! Quelle suffisance ! Quelle morgue !Pis, ton neveu, le faux Agrégé Abane Engolo Patrick (l’imposteur directeur des affaires juridiques du MINESUP, qui ne sait presque rien du droit – et je vais en apporter la preuve irréfutable dans les prochains jours, –) te fais signer tout ce que sa fantaisie se représente pour narguer le bon sens. Un autre de tes fils, qui est à tes côtés, Dr Mbia, est chargé de me donner des faux rendez-vous pour me distraire. Par leurs comportements, ils confirment que les lois de l’imposture sont l’immoralité, l’incompétence, la légèreté, la superstition, le banditisme et la cancritude. On comprend aisément ceux qui suivent les enseignements du cynisme. Leurs maîtres, comme les instituteurs immoraux dont parle le Marquis de Sade dans la philosophie dans le boudoir, les forment à la carrière du bonheur et des plaisirs qu’ils doivent parcourir ensemble : ils étouffent dans ces jeunes cœurs les semences de la vertu et de la religion qui y placèrent ses institutrices. Le plus hardi parmi eux, Abane Engolo Patrick, excellent dans la pratique des théories de Dolmancé ; il se passe de la pudeur et du scrupule moral et, « dirigeant le glaive des lois, le scélérat s’en est souvent servi pour satisfaire à ses passions ». Sa foi surpasse toutes les lois et parcourt toutes les routes de la luxure intellectuelle pour cueillir les fleurs de la lubricité des académies et toutes les saveurs rosées qu’expirent les voluptés criminelles des prétoires. Il est certain « que ce n’est qu’en étendant la sphère de vos goûts et de ses fantaisies, que ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le
malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelque roses sur les épines de la vie ».
Voilà les frères dont tu me parlais et dont tu me demandais de rejoindre les rangs. Ils sont ivres de leur liberté et de leur puissance de pacotille. Des deux espèces d’hommes qu’avait identifiées Alain, « ceux qui s’habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres », ils font partie des deux : ils sont des mammifères administratifs inclassables. Ces gens ont un esprit trop tordu pour être des partenaires de lutte fiables. Ils sont trop friands de leurs dégueulements qu’il ne leur est plus loisible d’appréhender autre chose que leur précarité ontologique et intellectuelle qu’ils veulent imposer comme une norme administrative, professionnelle et comportementale. Mieux, nous n’avons pas le même combat. Nos idéaux s’affrontent dans une guerre à mort. Aujourd’hui même je les renie : ils ne furent, ne sont et ne seront jamais mes frères.
De plus, voir un ministre de la République ainsi trimbalé par ses subordonnés m’est insupportable. Un ministre ne peut suivre leurs balourdises. Il ne cherche pas non plus des prétextes pour endormir l’usager ; il maîtrise les procédures et invente des stratagèmes pour impulser le changement. Ruser, duper, pour un haut commis de l’État, revient à profaner l’édifice sacré. C’est décrédibiliser les fonctions publiques et leur solennité constitutive : c’est, en un mot, comploter en vue de la mort du pays.
Je renonce à questionner plus avant cette désinvolture et cette insoumission de tes collaborateurs. Il y a des fonctionnaires qui ne se représentent pas ce qu’est la hiérarchie. Mais c’est à toi de t’imposer et de te faire respecter. En demandant à un collaborateur, par écrit, à exécuter tes ordres, c’est que tu manques d’assurance. Le management, ce n’est pas exclusivement une affaire d’ordonnancement juridique et formel de textes de loi qui soustrait le regard aux modalités pratiques et fonctionnelles de la répartition et de l’utilisation des richesses. La gestion c’est une affaire de responsabilités, et qui dit responsabilités dit répondre devant la loi certes, mais aussi devant sa conscience et devant l’avenir (gérer, penser la gestion, c’est se soucier de demain, des générations qui nous survivront).
Lorsqu’on est un manager visionnaire, c’est-à-dire, dans ce cas, lorsqu’on est un stratège, on réussit toujours à contourner les obstacles humains de l’administration....Le problème, encore une fois, c’est l’absence de principes rationnels de base, le vide éthique et la sécheresse de convictions chez ceux qui sont miraculeusement élevés aux hautes charges publiques. Nos fonctionnaires, agents de l’État et managers ne font pas de différence entre le diable et Dieu, comme le personnage du livre Les faux monnayeurs, d’André Gide : « La cruauté, voilà le premier attribut de Dieu », croient-ils. Ils finissent par empoisonner la société ; ils contaminent leur mal-être, la pourriture existentielle qu’ils pressentent furtivement, à la communauté entière où ils sont propulsés par mauvais casting ; ils possèdent donc, par leur esprit retors, les consciences saines qu’ils trouvent sur place. Celles-ci se décident alors, à leur tour, de gâter le travail, pour crier leur ras-le-bol, pour donner l’alerte et souffler en attendant la délivrance. Ils crient en cœur : l’organisation à laquelle nous appartenons est possédée par le diable. Ce diable, c’est les carences rédhibitoires de leur Boss qu’ils ne réussissent pas à identifier et à qualifier avec justesse, ne disposant pas de l’expertise nécessaire pour lire les âmes pleines d’inconstance que Dieu livre aux sociétés de crédules.
Jacques,
J’ai souvent eu la faiblesse d’esprit de penser qu’il y a, dans le gouvernement, des super-ministres dont la proximité avec le Chef de l’État devrait permettre de bien réaliser les desiderata du Grand patron. Malheureusement, ces privilégiés finissent par se constituer en de fieffés manipulateurs et cyniques intrigants, en des crapules donc, qui achèvent d’indisposer toute l’administration en place. Il veut régler des comptes à tel ou tel ; il veut mettre des copines à certains postes; lui-même il ne se contente pas de sa place ; il veut tout, en même temps ministre en même temps vice-Dieu ; il oriente le budget et l’utilise comme sa fontaine de prébendes et comme arme pour contrer de prétendus concurrents à son poste ministériel; il passe le temps à faire des incantations sataniques et des messes noires au lieu de travailler. En un sens, il n’est pas faux de soutenir que le bon management ne requiert pas des gros diplômes universitaires...
En principe, c’est ce manque chronique de discipline personnelle qui se manifeste dans l’indiscipline fiscale d’une bonne partie des gestionnaires publics. Des délinquants financiers qui confondent les caisses de l’Etat avec leurs poches. Conséquences des immédiates, la folie des grandeurs, l’usurpation des titres (académiques et professionnels), car étant fonctionnaires, riches plus que certains hommes d’affaires, ils se croient intouchables puis finissent en prison.
IV/ La procession de l’oubli : au-delà de l’avenir sombre du micro-tribalisme
Jacques,
Il faut pourtant ranimer l’espoir par la rigueur et la pénétration de la critique et des sacrifices personnels et collectifs. Tel est notre immense défi: comment pouvons-nous (et jusqu’à quel point sommes-nous capables de) nous « oublier » pour faire prospérer l’avenir exigible qui fleurit sous les cendres de destins piétinés et incendiés, sous des générations écrasées et enterrées par le poids des épanchements de notre suffisance, de notre cynisme et de nos prébendes infâmes? Les administrateurs à la mentalité néocoloniale malgouvernent en entretenant l’illusion que l’administration publique est toute-puissante et est dédiée à écraser les usagers. Il n’en est rien. L’efficacité de l’action publique est tributaire de la conformité des décisions des dirigeants aux lois de la République.
Diriger un pays implique aussi bien des privations du prince et des ministres, que les sacrifices de leursserviteurs et du peuple. Lorsque dans un régime donné la bourse des dirigeants commence à peser lourd et que par leur mine rafraichie ils n’ont pour autre préoccupation quotidienne que s’occuper du plaisir de narguer leurs administrés, il faut comprendre que l’on est plus qu’en face de pirates avides d’exploits criminels. Le pays a, de fait, accosté dans les eaux glaciales de la spoliation, des grands crimes économiques et des assassinats ciblés ayant pour enjeu de purger les racines d’éventuelles contestations. Toute étude sérieuse de cet environnement toxique relèverait que des grabataires malfaisants y ont pris le contrôle d’un grand peuple anéanti par la violence et les privations quasi cathartiques ordonnées par une horde de fainéants assoiffés d’avenirs juvéniles. Ce n’est ni de l’égoïsme ni de l’individualisme : c’est l’épanchement d’une méchanceté ritualisée, un cynisme déguisé en indifférence désintéressée.
Jacques,
Tu dois entamer le travail de l’oubli. Rappelle-toi 1982. Cette année-là, un romancier très inspiré publia La Citadelle de l’autarque. Ce que Gene Wolfe prenait pour de la science-fiction était en réalité une prémonition. Le Livre du Nouveau Soleil était davantage qu’un ouvrage d’esprit ; il présageait une expérience vécue sous les Tropiques : l’avènement des autarques ! Les autarques apparaissent dans un pays comme le soleil. Intarissable, il comprend le passé, le présent et l’avenir. Sur ce pays si jeune que de dizaines d’années d’histoire ont imprégné au Mémorial des misères et de la souffrance, plane un soleil agonisant. Comme Severian le Bourreau, tu es à la fois « fabuleusement ancien et rayonnant de jeunesse » ; tu règnes sur nos cerveaux : tu régente toutes les académies.
Or, dans les temps modernes marqués par la laïcité, on ne gouverne portant pas sans Dieu. Et Dieu, pour tout souverain de ces aires irréligieuses d’apparence, c’est le Peuple. Or, les dieux parlent le même langage : « Je vous ordonne de vous souvenir d’Allah beaucoup car le rappel de Dieu est comme une citadelle où un homme vient pour se protéger quand il est vivement pourchassé par l’ennemi ». Tel est l’un des cinq commandements qu’Allah donna à Yahyaa ibn Zakariyya. La prière quotidienne du souverain de notre temps consiste à s’en souvenir : sa citadelle sécurisée, c’est le peuple. C’est le travail de ce rappel seul qui fortifie son pouvoir et éloigne les démons de la division, aussi bien les rebelles, à l’intérieur, que la communauté internationale. Gouverner les universités est aussi exaltant et fastidieux que gouverner un pays de la périphérie du monde industrialisé : c’est plus exactement amplifier ce rappel de la sacralité de la communauté universitaire, cette divinité de la souveraineté académique, qui a une garantie de légitimité identique on dirait la souveraineté nationale. Car, en cessant d’être un bâtisseur ; vous vous conditionnez, de fait, en un usurpateur.
Jacques,
Le peuple camerounais est une citadelle sacrée, imprenable aussi bien par les forces réactionnaires du dedans que par les forces étrangères. Le gouverner, c’est en conquérir le cœur,
non par une expédition de quelques escouades armées, mais à travers les sacrifices que le pouvoir consent, en communion avec ses administrés, suivant ce que commande la foi renouvelée en sa souveraine puissance. Le défi majeur du régime du Renouveau tient donc en ceci : peut-il trouver refuge au sein de sa citadelle naturelle, le peuple camerounais ? Sinon, comment se réparer pour inscrire le rappel de ce Dieu en son cœur et en son esprit pour que, de ce travail d’oubli de soi, naisse la dévotion humble et non moins retentissante qui puisse faire oublier les infidélités et les trahisons politiques du passé.
Actuellement, quoiqu’on pense de lui, Paul Biya, cette aurore agonisante, est la mémoire vivante de notre peuple. Il a rayonné pendant des décennies ; il a favorisé l’épanouissement de familles et de clans entiers et a aussi consumé l’avenir de plusieurs autres au profit de minables propulsés. Combien de millions de Camerounais en ont été victimes ? Dans notre pays, combien ont-ils été ruinés, affolés, exilés, assassinés ? Nul ne peut le savoir avec exactitude. D’ailleurs, à quoi cela servirait-il actuellement ? Le défi actuel, le plus prégnant, le plus décisif, est le suivant : Biya parviendra-t-il, à la fin de la croisière de sa vie, de faire coïncider l’apothéose de sa sénescence avec l’avènement d’un nouveau soleil dans notre pays ? D’où naîtra-t-il ? Tel est l’enjeu politique de l’heure. Il ne peut attendre vivre son propre déclin …
Mon bien aimé Jacques,
Je sais : je t’ai agacé avec ces questions sociales et politiques qui ne sont plus de ton ressort. Tu dédaignes aussi bien les panégyries abrutissantes que les réquisitoires enflammés. Tu ne fais plus partie de ceux qu’on ne peut distraire à cause qu’ils s’ennuient d’eux-mêmes, car convaincu, comme le philosophe Alain, que le bonheur intime et propre n’est point contraire à la vertu. Tu as pardonné à tous tes Seth (dans la mythologie de l’Égypte ancienne, Osiris fut capturé et tué par son frère Seth. Mais il ressuscita et trône de toute éternité dans l’Au-delà, pour juger les cœurs humains, avec sa balance sacrée, dans le Royaumes des morts). Un sage de plus de soixante-dix ans sait que ce sont les néophytes de la politique qui s’accommodent de ces errements insensés. Sa vie est désormais une prière :
« Je suis un dignitaire
qui s’est complu dans la justice,
qui obéit aux règlements
dans le Hall des deux Maât.
Je m’attendais (ainsi)
à parvenir au cimetière
sans qu’aucune méchanceté
ne s’attache à mon nom » (Stèle Baki).
Par l’épreuve initiatique de mes mots, qui volent tes pensées misanthropes et t’illuminent au travers du disque solaire, tu as entamé l’ascension de l’escalier qui mène à Osiris et au couronnement qui en est la suprême récompense. Toutes tes facultés s’y disposent : tu anticipes désormais, en tant que Grand Voyant et par la discipline comportementale que tu t’imposes à présent, lefulgurant éblouissement. Enfin tu as réalisé que toutes tes fausses initiations blanches où tu t’es fourré te pervertissent et te détruisent l’âme. Métamorphose-toi définitivement ! Quitte ces luttes sordides de positionnement où tu t’es engagé et cherche le véritable couronnement spirituel. Plonge-toi dans les mystères de l’Égypte antique ; vas à l’école de la mystique pharaonique qui commande de purifier son cœur avant de critiquer et d’enseigner les bonnes manières aux insoumis, aux égarés, aux opposants et à tous les subversifs. En un mot, marche vers la Lumière ! Habitue-toi surtout à l’exercice exigeant et permanent de tenue de la main d’Anubis, le seigneur des nécropoles et l’inventeur des rites de la renaissance ; réapprends la crainte du sacré ; laisse tes viscères au chacal noir ; entraîne-toi enfin à l’épreuve du passage des portes de l’étrange et découvre le vrai Mystère, la nuit illuminée de la vie que le Bienheureux traverse, accompagné des deux loups sacrés, pour déboucher sur la clarté de la totale Connaissance que garantit la paix du cœur.
1 Le fils d’Agatha Moudio est le récit, par l’écrivain camerounais Francis Bebey, des contradictions internes aux cultures africaines et aux conflits qui structuraient les rapports interraciaux pendant la période coloniale. Agatha Moudio, dix-sept ans, est une mineure dévergondée du village Bonakamé. Reniée dès sa naissance par son père à cause de son sexe, elle revendique sa maturité à quatorze ans, à la mort de son unique soutien, sa mère. En fait, Agatha Moudio incarne aussi bien les risques inhérents à la rencontre violente des cultures que le charme des mutations souhaitables dans les mœurs et les usages en vigueur chez ses frères nègres. C’est ainsi qu’à la suite d’un adultère avec le chef des colons, elle donnera naissance à un fils… métis !
Fridolin NKE
Expert du discernement
nkefridolin2000@yahoo.fr
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