Hommage: Qui était victor Fotso? Esquisse d'un parcours atypique
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Bandjoun 1926-2020. Fotso Victor a rendu son dernier souffle vendredi dans sa quatre vingt quatorzième années de vie sur terre. Mais qui était cet homme dont le monde entier salue la mémoire?

Le natif de Bandjoun était un homme d'affaires accompli, un capitaine d'industrie confirmé, un investisseur averti. L'homme a pourtant bâti sa réputation et surtout sa fortune à la force de ses bras, à la finesse de sa sagesse, tout cela sans être passé par les grandes académies de sciences économiques du monde.

Bandjoun, 19/08/2019: Dans la vidéo suivante, Fotso Victor explique qu'il a risqué la mort 4 fois

De Bandjoun à Mbalmayo pour faire fortune

Le jeune Fotso quitte les bancs de l'école missionnaire très tôt, sans le moindre diplôme, à l'âge de 15 ans. Il part du quartier Tsela (Bandjoun) pour s'installer dans un premier temps dans le Noun. Il s'engage dans les travaux de plantations à Foumbot (Noun), puis migre à Bafang (Haut-Nkam).

Dès 1947, il quitte la région de l'ouest et s'installe à Mbalmayo où il ouvre un petit commerce dans ce qui était encore la région du centre-sud. En 1955, il se lance dans le transport en commun qu'il abandonne rapidement aux lendemains de l'indépendance du Cameroun en 1960.

Victor Fotso consctruit sa toute première villa au quartier New Town (Mbalmayo) où il partage le voisinage du chef de famille des ressortissants Mifi, Sylvestre Fogno. Ce dernier lui-même aujourd'hui décédé était le propriétaire de "Cinésport", la toute 1ère salle de cinéma de la ville de Mbalmayo. A Mbalmayo, Victor Fotso gravit les étapes dans le monde des affaires et construit un centre commercial en plein centre ville de Mbalmayo dès 1956.

L'entrée dans l'industrie

C'est à partir de 1970 que Victor Fotso se lance dans l'immobilier (construction de l'immeuble qui abritera le Cinéma Abbia, des villas de luxe au quartier Etoa Meki à Yaoundé notamment), puis dans l'industrie avec la naissance de la Société Africaine de Fabrication de Cahiers (SAFCA), ensuite la création de la Société PILCAM en 1974. Plusieurs autre compagnies commerciales et industrielles suivront.

La compagnie Internationale de Service (CIS) naîtra à Paris en 1983, en collaboration avec le français Jacques Lacombe, qui fût un acteur important dans le fondement de l'empire Fotso (il décède le 9 juillet 1996).

Le Groupe Fotso à la fin des années 90 comptait plusieurs industries et entreprises à savoir : FERMACAM, FABASSEM, FISHCO, GFA, PHYTOCAM, PILCAM, PROLEG, UNALOR et SOPICAM. Celles se avaient pignion sur rue aussi bien au Cameroun qu'au Mali ou en France. La banque CBC viendra s'y ajouter en 1997.

Puis vint la crise économique

Au début des années 2000, avec l'effet de la mondialisation, le groupe Fotso connaîtra des difficultés sous l'effet de la concurrence et celle-ci aura raison des industries du Groupe qui seront pour la majorité vendues.

M. Fotso se lance en politique avec l'avènement de la démocratie au Cameroun au début des années 90 et occupe un poste au sein du bureau politique du RDPC, le parti au pouvoir RDPC.

L'entrée en politique

Qualifié d'ami proche du président de la république Paul Biya, Victor Fotso contribuera à la victoire du RDPC à Bandjoun (village devenu bastillon du SDF avec l'avènement du multipartisme) et sera élu maire de la commune de Bandjoun aux termes des élections municipales de 1996. Il succède alors à Sa Majesté Ngniè Kamga Joseph alors Roi des Bandjoun cumulativement avec ses fonctions de maire.

Victor Fotso a publié en 1994, son autobiographie intitulé, le chemin de Hiala.

Le phylantrope


En pleine crise politique, Victor Fotso fait don en 1992 à l'État du Cameroun des bâtiments du Collège Laïc Polyvalent Fotso Victor qui deviendra plutard l'IUT Fotso Victor.

Il y a peu, il a fait également don de l'hôtel de ville de Bandjoun construite sur fond propre à environ 5 milliards de Franc Cfa à l'État du Cameroun.

Parmi ces nombreux dons, on citera plusieurs églises réparties sur l'étendu du triangle national, des salles de classe dans la région de l'Ouest, des foyers Bandjoun à différents régions du pays et du bitumage de certains tronçons de route à Bandjoun.

Un parcours qui confert le sacre nobiliaire

Fotso Victor porte le nom de Fô Wato bieng Gap bi gung (littéralement le Chef qui attrape le gibier le prépare et le partage à son peuple). Titre de noblesse qui lui a été attribué par le Roi des Bandjoun.

La disparition d'un dinausore

Victor Fotso est l'un des derniers dinausores issus du rang des "self made man" qui ont marqué le milieu économique du Cameroun et d'Afrique depuis les indépendances.

Victor Fotso quitte la scène après la récente disparition de Jean Samuel Noutchogwing (son voisin au quartier Mbouo à Bandjoun), Kadji Defosso (Bana) ou encore André Sohaing (Bayangam).

Avec la mort de Victor Fotso, 94 ans, le Cameroun perd un baobab, un pilier de l'économie du Cameroun.

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