LES ABORIGÈNES ÉLECTORAUX ET LES MALFRATS POLITIQUES DE PAUL BIYA ou la cour du lion d’Étoudi(suite)
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3. LES ANIMAUX DE LA COUR DE BIYA. Il faut, comme Jean de La Fontaine, critiquer les hommes à travers la peinture des animaux qui leur ressemblent ou à qui ils ressemblent, si l’on ne peut plus les distinguer de leurs totems. C’est une règle élémentaire de l’analyse politique dont la pertinence est prouvée par le fait que les acteurs dominants, objets de tout discours critique, revendiquent cette identité d’emprunt. Mobutu était un Léopard ; Biya est un lion ….

Au Cameroun plus qu’ailleurs, ce bestiaire est d’actualité. Il prévaut actuellement dans la cour d’Étoudi une ambiance lourde et lancinante caractéristique des lendemains d’élections. Cet air maussade et massacreur est identique au climat mortuaire des lendemains d’enterrement dans nos villages. Dans tous les salons huppés de la capitale, l’éther de l’incertitude et de la déréliction christique et ésotérique embaume les esprits retors qui croyaient jusque-là dicter au peuple ou au souverain le rythme de sa respiration quotidienne. Les malfrats politiques sont en pleine repentance : ils ont violé la loi électorale, bourré cyniquement les urnes, corrompu systématique des électeurs et fait arrêter par la gendarmerie, la police ou la garde présidentielle ceux qu’ils ont suspectés de vouloir leur résister. Heureusement, Dieu est miséricordieux. Maintenant, ils prient pour que le Roi-Dieu ne considère pas leurs peccadilles ; ils jeûnent et pactisent avec le diable afin que le Grand Camarade ne voie rien. Cependant que la méfiance est de règle et les intrigues de la cour s’épanouissent comme des fruits murs de saison…

Ce cirque anachronique me rappelle d’ailleurs le film de la déchéance du ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara. J’étais un témoin indirect de cette intrigue et de son dénuement. Un certain ministre que j’apprécie était aux aguets et, je crois, il comptait certainement sur ce même Atangana Mebara pour que, éventuellement, le Grand Autre se souvienne de lui. Avec toute sa finesse, son dévouement exemplaire et son immense sens des opportunités, ma personne manœuvrait. Il visait, mais il ne savait ni la cible de ses cailloux politiques ni l’identité et l’état de la mangue qu’il voulait cueillir. Au détour d’un événement public radiodiffusé, le Roi-Dieu l’aperçut, tout arcbouté sur un ultime effort, épuisé, mais concentré à viser la mangue la plus proche du sol. Le divin souverain compris le message de ses gesticulations saugrenues et le miracle se produisit. Avant même qu’il n’ait finit d’armer son tir manuel, la plus grosse mangue se détacha des cimes célestes : Ministre des relations extérieures !

4. CAMEROUN : LE RÈGNE DES ABORIGÈNES ÉLECTORAUX ET DES MALFRATS POLITIQUES

Revenons à l’essentiel et insistons-y : les aborigènes électoraux sont des indigènes d’un nouveau genre. Ce sont des acteurs politico-administratifs dominants que le processus électoral déverse sur la place publique camerounaise comme des carcasses de naufragés éteints par l’oubli du temps ingrat. Au fur et à mesure que les voyants du patriotisme et du vivre-ensemble sont au rouge, les aborigènes électoraux et les malfrats politiques redoublent de frustrations, de brimades, d’abus de pouvoir, d’extorsion de la légitimité, d’effacement de la légalité.

En recourant à ces arrangements sordides et criminels, le préfet du département de la Lékié et le gouverneur de la région du Sud ont ravi la palme d’or de la bêtise électorale en 2020. Dans les deux cas, ils ont multiplié les dénégations, la balourdise, les sottises. Ils ont fini par se visser au sol mouvant de la grégarité administrative comme de vieux meubles cariés par une désuétude incoercible.

Comme tous les aborigènes électoraux et les malfrats politiques qui écument les collectivités territoriales décentralisées, ils ne se dérangent même plus en mentant comme par le passé. Fatigués d’être confondus par le peuple silencieux ; ils nient tout en bloc ; ils se renient ; ils démentent en permanence les sentences implacables des organes de sens ! C’est parce qu’ils n’ont plus le sens de l’élégance, de l’honneur, des valeurs morales et républicaines. L’indignité, le déshonneur, la malchance et la sorcellerie sont devenus leur raison de vivre. C’est pourquoi ils entretiennent l’industrie des cadavres et l’économie de la malchance. En l’occurrence, il y aura d’autres petits massacres édifiants au NOSO. D’ailleurs, ces petits cadavres puants de « faux frères » sont l’humus indispensable au pouvoir « républicain » qu’ils revendiquent.

5. DE QUELS SERVITEURS ET COURTISANS PAUL BIYA EST-IL LE ROI ?

Devant une situation qui commence à échapper à tout contrôle, Paul Biya suivra-t-il l’exemple de l’empereur Caligula, qui, après la mort de sa sœur Drusilla, mit à morts tous ceux qui ne pleuraient pas, pour punir leur insensibilité ? Il eut surtout le génie de tuer tous ceux qui pleuraient parce qu’ils offensaient la morte par leurs larmes et contestaient de fait le statut de déesse acquise par sa sœur trépassée. La rhétorique politicienne des aborigènes électoraux est rôdée, implacable : le Louvre d’Étoudi ne dégage pas une pestilence de cadavre ; on y sent rien ! Pour ces normands tropicaux, acteurs gouvernementaux déloyaux, immoraux, tricheurs et pilleurs d’urnes, bref pour nos gouvernants, les échéances électorales ne sont nullement l’occasion de renouveler le contrat avec le peuple ; c’est plutôt la période où ils changent le cadenas des muselières qu’ils avaient pris un soin religieux de poser sur la bouche exsangue des villageois étourdis lors des précédentes campagnes électorales.

Ces malhonnêtes malfaisants – qui passent pour des références éthiques et politiques de dévouement et de fidélité à la faveur d’un décret qui les sort de l’anonymat, – ne gouvernent pas ; ils n’ont jamais véritablement pensé gouverner. Ils font mieux : ils se préservent dans d’immondes intrigues ; ils s’épient et persévèrent dans leur être en cultivant au quotidien un immobilisme sépulcral…. Ils travaillent à ne pas vraiment trop plaire au Prince, sans oublier de s’assurer qu’ils ne le dégoûtent pas non plus. L’enjeu est le même : il faut travailler à être un excellent courtisan, c’est-à-dire un comédien ambitieux quoique sevré d’esprit, dépourvu d’affects et inapte aux hautes fonctions auxquelles ils aspirent.

Le peuple quant à lui demeure étrangement silencieux, un silence funèbre. Mais un peuple cadavérique ne meurt jamais définitivement. Ce cadavre tourmenté résiste toujours à la putréfaction et, de surcroît, il se laisse même pousser des ongles lugubres. Il se ranime à travers ses révoltes étouffées et se revivifie tout en laissant son héritage pousser dans une postérité ineffaçable.

Ce sont ces excroissances unguéales du passé malmené qui se chargent non seulement de défigurer les imposteurs meurtriers, mais aussi de saccager leur legs infâme dans leurs cauchemars présents et dans l’avenir qui s’annonce ingrat et incertain à leur endroit. Le temps se charge nécessairement de nettoyer la mémoire maudite des malfrats politiques et autres aborigènes électoraux. D’où le défi républicain de Paul Biya : que faire de l’Ours, du Singe et du Renard, les animaux de sa Cour empestée ? Comment dissimuler les odeurs insoutenables du charnier qui la constitue ?

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