Et si Maurice KAMTO et le MRC constituaient le rempart contre  la dictature militaire au Cameroun ?
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Et si Maurice KAMTO et le MRC constituaient le rempart contre la dictature militaire au Cameroun ? :: CAMEROON

 

Absents mais jamais aussi présents ; boycotteurs mais ventriloques entendus sur les lèvres de tous les participants. Oui ! Maurice KAMTO et son parti obsèdent par fascination ou par détestation, la scène politique camerounaise. C’est que jamais, un peuple n’aura été aussi servile à son dictateur et jamais un dictateur n’aura essoré son peuple avec autant de cynisme. L’intrusion osée de Maurice KAMTO dans la dialectique mortifère qui lie les camerounais à Mr BIYA vaut naturellement au « dangereux dissident » tous les gémonies des courtisans. Peut-être faut-il donc s’interroger sur la manière d’exister d’un appareil politique désormais volontairement à la marge d’un jeu institutionnel foncièrement corrompu.

Les affres d’une culture de mercenariat politique

Qui sont donc ces participants qui font la morale au MRC absent ? La scène politique camerounaise est embouteillée par une infinité de formations politiques ; de sigles de partis devrait-on dire. Cela pour souligner la trop grande facilité avec laquelle s’acquiert la qualité d’ »homme politique » chez nous. Toujours est-il que tant d’individus ne représentant rien d’autre que leur estomac vocifèrent à longueur de semaine à travers les ondes avec la bénédiction d’un pouvoir cynique qui les suscite pour mieux alimenter le brouillard. Des partis dits de la majorité présidentielle (UNDP, ANDP, FSNC, PADEC) etc à peine la présidentielle achevée prétendent faire concurrence au parti dominant à l’occasion des législatives et municipales ; alors même qu’il s’agit de donner au chef d’état qu’ils ont soutenu la majorité parlementaire pour gouverner. S’agissant d’un régime à prééminence présidentielle de quoi peut-il retourner si ce n’est d’une vulgaire quête d’aliments. Avec le basculement de certains citoyens anglophones dans la lutte armée, le Cameroun n’a pas encore achevé de payer la note de l’étiolement d’un SDF dont la radicalité constitua longtemps une digue contre certaines dérives violentes. De compromissions en concussions multiples, le régime « radio actif » contamine et démonétise société civile, syndicats, partis politiques pour donner l’impression d’un grand vide au tour. Le mercenariat politique des élites du Cameroun septentrional dont un originaire (ex ministre de la justice) dévoilait les névroses tribalistes lors d’un entretien avec celle qui était alors l’ambassadrice des Etats-unis à Yaoundé traduit une inconscience effroyable. Le désenchantement dans lequel ces aventuriers plongent les populations qu’ils prétendent défendre ne laissera à ces dernières que la sharia en ultime recours. Le Nord du Nigéria, les confins du Mali le Niger et le Burkina ne semblent point les aviser ; obnubilé qu’ils sont par l’attente d’une succession de gré à gré.

Mort mais jamais aussi vivant !

Comme pour exorciser leurs angoisses, regardez tous ces turiféraires psalmodier « le MRC est mort ! KAMTO est fini » ! L’ambition clamée par les fondateurs de ce mouvement était d’offrir aux camerounais une formation politique crédible et non de garantir des postes à quelques camarades. De fait, l’insignifiance de tous les prétendus présents garantie au MRC et son leader l’évidence de leur existence. Mieux, le MRC demeuré à la marge de toutes les combines et la corruption ambiante constitue plus que jamais le dernier rempare contre le chaos et la dictature militaire qui se profilent à l’horizon. Il est évident que confronté à une incapacité à répondre aux attentes des masses et à l’épuisement naturel du pivot despotique, le groupuscule apocalyptique qui tire les ficelles du pouvoir à Yaoundé est tenté par une restauration dictatoriale. Sauf que dans le contexte d’une gouvernance déjà particulièrement autoritaire, l’étape au dessus ne peut être qu’une dictature militaire. Un tel augure survient lorsque comme y travaille le régime, la confusion, le chaos et la corruption parvenus au paroxysme n’offrent d’issue autre que celle d’un pronunciamento. Maurice KAMTO et le MRC sont de fait la dernière chance pour un Cameroun démocratique à moyen terme.

Contrairement à certaines analyses téléologiques, la position de principal parti de l’opposition ne saurait être contestée à cette formation politique. Les rapports de force politique s’évaluent en fonction de la nature du régime politique en question. Dans un régime semi présidentiel de type français, qui pratique tout au plus une séparation souple des pouvoirs et de surcroît l’élection de la tête de l’exécutif par un suffrage universel direct, les larges prérogatives du président font de ce dernier un véritable monarque surplombant tout le système politique. Cette prééminence de la fonction présidentielle se traduit également par le fait que le chalengeur direct du candidat élu apparaît la véritable force d’opposition. Il n’en est par exemple pas de même dans un régime présidentiel à l’américaine qui pratique une stricte séparation des pouvoirs. Dans ce cas, le candidat non élu s’efface au profit du chef de l’opposition au Congrès. Un tel équilibre trouve sa pertinence dans l’autonomie réelle dont disposent les chambres a contrario  de la soumission du parlement français. Dans un régime de type parlementaire la figure de l’opposition est incarnée par le chef du plus grand groupe de députés n’ayant pas pu constituer une coalition de gouvernement. De fait au Cameroun, le régime semi présidentiel de type français implique le maintien des rapports de force jusqu’à la prochaine consultation présidentielle.

Au final, le boycotte des dernières élections locales et le laminage de bien des mercenaires politiques ont pour effet positif de clarifier la scène politique camerounais et purger la confusion induite par l’UNDP, le MDR et l’UPC depuis les années quatre-vingt-dix. Désormais en face de la dictature ultra conservatrice soutenue par quelques enclaves tribales fanatisées des régions du (Centre, Sud, Est) alliées aux féodalités médiévales corrompues du septentrion se constituent un arc contestataire rassemblant au tour d’un projet plus ou moins fédéraliste des personnalités anglophones modérées et les contre élites francophones las de l’interminable despotisme. Reste à espérer un toilettage sérieux des règles du jeu politique de sorte à permettre un choix populaire incontestable. Seule à cette condition notre nation pourra se sauver de la balkanisation qui la guète.

 

 

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