En 37 ans de règne… : Comment le Rdpc a coulé le Renouveau
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Entre querelles internes, batailles de leadership et détournements de deniers publics, le parti au pouvoir a définitivement cloué le Renouveau au pilori.

Le 6 novembre 2019, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), célèbre le 37e anniversaire de l'accession à la magistrature suprême de Paul Biya, son inamovible président. « Tous ensemble derrière le président Paul Biya pour garantir la cohésion nationale et renforcer le vivre-ensemble dans un Cameroun un et indivisible », est le thème qui a été retenu à cette occasion. Le secrétaire général du comité central du Rdpc, Jean Nkuete a signé un communiqué le 23 octobre 2019 dans lequel il explique que « dans toutes les sections, les festivités marquant le 37ème anniversaire de l'accession à la magistrature suprême du président Paul Biya regrouperont les militantes et militants, amis et sympathisants du Rdpc, et des partis alliés », et seront animées, ajoute la deuxième personnalité du parti, par les responsables des sections Ofrdpc et Ojrdpc. Jean Nkuete précise par ailleurs que ces manifestations seront supervisées par les « les chefs des délégations permanentes régionales et départementales », appuyées par les élites locales.

Lancé sur les fonts baptismaux en 1985, soit trois ans après l’accession de son président à la tête du Cameroun, le Rdpc constitue l’alternative de Paul Biya aux épreuves qu’il traverse depuis le 6 novembre 1982 : bicéphalisme, crise avec le président Ahidjo, tentative d’assassinat en 1983, putsch manqué du 6 avril 1984… Pleins d’espoir, nombre d’analystes avaient, à la création de ce parti, voulu voir un parti moderne, dont le leader était un sincère « démocrate » désireux de faire entrer le Cameroun dans l'ère des pays développés. D’autres, plus pessimistes, pensaient que ce parti ne tiendrait pas. Pourtant, le Rdpc s’est enraciné en contrôlant entièrement le pouvoir. Sa domination de la scène politique n’est cependant pas due à la large adhésion des Camerounais à ses idées ou à ses réalisations. Même si le parti présidentiel a pris conscience pendant les « années de braise » de son impopularité, il n’a pas changé ses méthodes de fonctionnement et n’a pas cherché à concevoir et appliquer un projet de société qui aurait pu séduire les Camerounais. Celui de son président Paul Biya de construire une société juste et solidaire exposé dans son manifeste « Pour le libéralisme communautaire », paru en 1987, est resté dans les cartons et réédité en 2018 à la veille de la campagne présidentielle.

Parti Etat

En trente-sept ans de pouvoir de Paul Biya, le Rdpc, qui se confond souvent avec l’Etat, n’a pas brillé dans la conduite de la politique économique de la Nation. Sans faire-fi de la conjoncture internationale difficile, dont les effets néfastes touchent particulièrement les économies du Sud, le parti au pouvoir n’a pas su enrayer la dégradation du tissu économique du pays. Quel bilan peut-on revendiquer au sein du parti en 37 ans de règne sans partage du Renouveau ? « Aucun !», tranche un cadre du Social Democratic Front (Sdf). « Le Rdpc a tué ce pays. Tous les gros voleurs à col blanc sont de ce parti politique. Atangana Kouna, Mebe Ngo'o, Marafa, Jean William Sollo, Mendo Ze, Abah Abah, Olanguena Awono, et j'en passe sont tous du Rdpc. Le portail des camerounais de Belgique. Ils ont à eux seuls pillé plus de 1000 milliards de F», poursuit-il. « Le bilan global des trente-sept années de pouvoir montre que Paul Biya a réalisé beaucoup de choses, notamment l’unité et la concorde nationales, la conscience et la fierté nationales, la paix, sans oublier la démocratie, qu’il nous a apportée et le Rdpc a toujours su accompagner son chef», défend un député Rdpc. En vérité, au sein de l’appareil étatique, le Rdpc a resserré l’étreinte. Comme à la période du parti unique, le parti contrôle totalement l’appareil administratif, grâce au pouvoir de nomination de son président.

Les hauts fonctionnaires nommés entretiennent ainsi une confusion entre l’Etat et le Rdpc, entre les biens de l’Etat et ceux du parti. La corruption, le détournement des deniers publics, la fraude ont plombé le développement économique du pays. « Le pays est l'ombre de lui-même. Le petit clan de ceux qui nous dirigent, en grande partie les gens du Rdpc, ont mis le pays à plat vendre», soutient un enseignant. Au sein même du parti, la vielle garde a été supplantée par une bourgeoisie d’affaires et du lucre, de moeurs déviantes, qui étale sans complexe ses relations claniques et son clientélisme dans un pays à bout de souffle économique.

« Nous regrettons tous l'époque du président Ahidjo qui était certes dictateur, mais le pays avançait », se souvient un libraire. En dernier ressort, le régime de Yaoundé compte sur les forces de sécurité pour compenser son manque de légitimité et assurer son contrôle sur les Camerounais. Police et gendarmerie sont utilisées pour stopper violemment toute tentative de manifestation n’émanant pas du pouvoir, voire du Rdpc. La dernière actualité sur les meetings interdits du Mrc, dont certains membres ont été violentés et d’autres blessés, en est une parfaite illustration.

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