Catastrophe ferroviaire d’Eseka: Comment le rapport d’expertise a été contrefait
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Une plainte déposée au directeur de la Police judiciaire incrimine un certain Benoit Essiga, pour contrefaçon du rapport d’étape du collège d’experts assermentés et relatif à la catastrophe survenue le 21 octobre 2016.

La volumineuse plainte de six pages et signée depuis le 1er octobre 2019 de Me Joseph Youmsi, avocat au Barreau du Cameroun,devrait certainement être classé « top secret ». Mais le Messager, dans une démarche d’investigation, a réussi à obtenir ce précieux document contenant des faits graves imputés au bien nommé Benoît Essiga.
Agissant au nom et pour le compte du cabinet Cerutti SA, dont le siège social est situé au 26, avenue Emile Augier 78 170 La Celle-Saint-Cloud, « nous avons l’honneur de porter plainte contre le sieur Benoit Essiga , pour contrefaçon du rapport d’étape du collège d’experts assermentés composé de messieurs Pierre Cerutti, Gérard Soulier, experts et de Sani Mouhamadou, conseiller militaire indépendant et pilote – coordinateur de la mission .

Ce rapport d’étape est relatif à la catastrophe ferroviaire d’Eseka– Cameroun du 21 octobre 2016 », peut-on lire sur la dite plainte qui s’achève par le souhait de l’ouverture d’une enquête afin que ce délit ne reste impuni. Comment en est-on arrivé là ? Il faut replonger au lendemain de la tristement célèbre catastrophe ferroviaire d’il y’a trois ans et dont le bilan faisait état de 79 morts et plus de 551 blessés.

Appel d’offre international

À la suite de cette catastrophe, le président de la République a décidé de la création d’une Commission d’enquête par un décret signé le 25 octobre 2016. Dans la foulée, une mission est confiée à Sani Mouhamadou, conseiller militaire indépendant, pour lancer un appel d’offre international, dans le but de « recruter un expert
international indépendant, chargé de mener des investigations relatives audit accident de train ». Au bout de ce processus, le cabinet Cerutti SA est retenu et sa mission d’une durée de 10 jours doit commencer le 14 novembre 2016. Un procèsverbal de réquisition, signé entre autre par le procureur de la République près le Tribunal de grande instance du Mfoundi, le directeur de la Police judiciaire et le Chef de service central des recherches judiciaires à la Gendarmerie, adressé aux experts, Pierre Cerutti, Gérard Soulier et au coordonnateur de la mission, Sani Mouhamadou, à l’effet de « poser tous les actes nécessaires en vue de déterminer les causes de l’accident ferroviaires suscité et de faire des suggestions pour éviter une éventuelle récidive ».

Le 12 novembre 2016, le cabinet adresse une correspondance à Paul Atanga Nji, ministre chargé de mission à la présidence de la République à l’époque des faits, pour lui faire part du plan des opérations et de la méthodologie de travail. Plusieurs points sont à examiner : la voie ferrée, le matériel roulant et les conditions météorologiques.Le travail d’expertise sur le terrain va se dérouler du 14 au 20 novembre 2016.

Il sera dressé un rapport d’étape présenté et remis le 21 novembre 2016 à la Commission réunie à cet effet sous la présidence de Philémon Yang, Premier ministre à l’époque des faits. Ledit document comprend 19 pages. Le rapport final d’expertise de 70 pages est quant à lui déposer le 14 février 2017. Ce rapport d’expertise final analytique, ne sera malheureusement pas exploité lors des différentes procédures judiciaires ouvertes à la suite de la catastrophe d’Eseka. En effet, seul le rapport d’étape sera mis à la disposition de la Justice.

Manquement au devoir d’impartialité

« Il se trouve qu’à leur arrivée au Cameroun, les représentants du cabinet Cerutti sont approchés par un certain Benoit Essiga, qui prétend avoir reçu du procureur de la République, l’autorisation de mener une mission parallèle sur la même affaire. Il va donc être présent aux investigations effectuées sur le terrain par les experts du cabinet Cerutti.

Plus tard, sur un site d’informations du Cameroun et un autre basé en Espagne, Benoit Essiga fait publier un rapport d’expertise réalisé par ses soins dont des plans entiers ont été simplement copiés sur le rapport d’étape du cabinet Cerutti », rapporte la plainte. Suffisant pour comprendre que le fameux Essiga a plagié l’expertise du cabinet Cerutti. Formulant ses observations sur les rapports d’expertise à lui communiquer par l’accusation, le conseil Camrail va accuser le cabinet Cerutti de « corruption, de manquement à son devoir d’impartialité ». Plus surprenant, Benoit Essiga est un ancien employé de Camrail avec laquelle il est d’ailleurs en contentieux social.

Face à des faits aussi graves, le cabinet Joseph Youmsi vient à la conclusion selon laquelle « les agissements de Monsieur Benoit Essiga ayant lourdement contribué à nuire à la réputation et au sérieux du cabinet Cerutti, celui-ci s’est vu dans l’obligation de l’attaquer devant la Justice dans le but de rétablir la vérité ».
A suivre !

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