Dja-et-Lobo : La grimace de l’élite
CAMEROUN :: SOCIETE

Cameroun :: Dja-Et-Lobo : La Grimace De L’élite :: Cameroon

Accusés, depuis les émeutes de Sangmelima, d’avoir abandonné la jeunesse du département d’origine du chef de l’Etat, des barons se livrent désormais à une guerre fratricide.

L’incendie s’est éteint à Sangmelima, mais l’air empeste encore le souffre. Le 11 octobre, la maison du parti du chef-lieu du Dja-et-Lobo, surnommé « La belle », abrite une palabre censée agir comme un extincteur. Le gouverneur de la région du Sud, Félix Nguele Nguele, préside des débats où sont représentées toutes les composantes sociologiques et politiques du département. L’on note un fort déploiement sécuritaire pour gérer une affluence inhabituelle en ce lieu. Des centaines de jeunes n’ayant pu accéder à la salle sont amassés à l’extérieur.

Plusieurs prises de parole, parfois interrompues par des cris d’approbation ou de désapprobation, se succèdent tant bien que mal. Jacques Fame Ndongo, Jean Jacques Ndoudoumou ou encore le représentant du Sultan roi des Bamouns, vont alors appeler à l’apaisement. Puis, viendra le tour de Bonaventure Mvondo Assam (affectueusement appelé ‘Bonivan’), de s’exprimer. Le député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), tiendra un discours fortement applaudi par les jeunes présents. D’après l’élu, les affrontements de Sangmelima sont la conséquence de la faillite de l’élite locale ; laquelle brille par son égoïsme et son individualisme.

A écouter les uns et les autres, la jeunesse du Dja-et-Lobo ploie sous le poids du chômage, de la précarité, de la misère et du sous-emploi. La grande incompréhension ici est celle d’avoir autant d’élites sans que des retombées quelconques ne soient palpables sur le terrain. Les « grands » du coin sont visibles uniquement lorsque surviennent les échéances électorales et leur corollaire, la recherche des voix. Les émeutes du 09 et 10 octobre seraient alors l’expression d’un mal être longtemps refoulé.

Règlements de compte

Ces événements surviennent moins d’une semaine après la tenue du Grand dialogue national (Gdn). Si ces assises étaient centrées sur la situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, c’était également l’opportunité pour diverses voix de magnifier le vivre-ensemble au Cameroun. Mais, avec la fracture qui vient de Sangmelima, l’élite politique est frappée d’un terrible embarras dans la mesure où le Djaet- Lobo est aussi et surtout, le département d’origine du chef de l’Etat, lui qui a pourtant initié le Gdn. L’on observe alors une espèce de branle-bas au moment où le procès de l’élite bat son plein. Pourtant, en mission hors du pays, Louis Paul Motaze, ministre des Finances (Minfi), est revenu de toute urgence au Cameroun pour savoir ce qu’il en est exactement. Le chef de la délégation permanente du Comité central du Rdpc pour le Dja-et-Lobo, a ainsi reçu le 13 octobre, à son domicile de Sangmelima, diverses personnalités et autorités pour discuter du problème.

Le Minfi a lui aussi tenu un discours d’apaisement. Dans le même temps, l’on observe que les barons du Djaet- Lobo se livrent à des règlements de compte politiques, afin de désigner un responsable au président de la République. Le nom de Edgard Alain Mebe Ngo’o, incarcéré depuis environ huit mois, est ainsi sorti du chapeau. L’ex-ministre des Transports est accusé par certains d’avoir orchestré, avec l’aide de ses lieutenants, les émeutes de Sangmelima depuis la prison centrale de Kondengui ; chose que ce dernier rejette catégoriquement, d’après ses proches.

Edgard Alain Mebe Ngo’o est demeuré silencieux jusqu’ici depuis son arrestation dans le cadre de l’opération « Epervier ». Selon son entourage, cette discrétion est due au fait que le natif du Dja-et-Lobo concentre entièrement toutes ses énergies à sa défense dans le cadre de ses démêlés judiciaires. Un confident de l’ancien ministre de la Défense voit même en cette nouvelle affaire qui lui est imputée, un « acharnement » qui dure depuis son incarcération. De retour de France, après un séjour de quatre jours, le chef de l’Etat a certainement trouvé sur sa table une pile de notes et rapports sur les tristes évènements de Sangmelima. Il saura, à coup sûr, séparer le bon grain de l’ivraie.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo