Malaise au CONSUPE : Un vérificateur écrit à Paul Biya…
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Cette correspondance signée d’un vérificateur qui a voulu pour des raisons évidentes choisi l’anonymat est révélatrice du malaise qui couve dans la maison Consupe. Mieux, elle vient mettre à nu, certaines pratiques qui ternissent l’image du Contrôle supérieur de l’Etat. En interne, nul ne doute des compétences managériales de la ministre déléguée à la présidence de la république en charge du Contrôle Supérieur de l’État (CONSUPE). Sa volonté de moderniser, mieux de donner une image plus reluisante à l’institution gendarme de la fortune publique est obstruée par plusieurs facteurs : D’abord le manque de moyens pour réaliser les audits. Le budget alloué au Consupe continue à être inversement proportionnel aux résultats attendus de l’institution, entend on dire régulièrement. En 2017 par exemple, le Consupe devait contrôler 71 administrations publiques, 35 représentations diplomatiques, 375 collectivités territoriales décentralisées et 150 établissements publics administratifs. Au final, par an, le Consupe n’a qu’une dizaine de missions exécutées sur les 60 qui sont programmées. « A chaque début d’exercice, le Consupe fait des propositions de programme annuel de vérification ainsi que son plan d’action qu’il soumet à l’appréciation du président de la République. C’est ce dernier qui décide du contrôle », explique un cadre de la maison. Une fois que le président de la République ordonne le contrôle d’une institution, une mission du Consupe est mise en mouvement, continuent à nous expliquer les employés de ce département ministériel. Ce n’est pas le Consupe qui décide de sanctionner. Les rapports des missions de contrôle sont transmis au Conseil de discipline budgétaire et financière. C’est lui qui décide, après examen et sur la base des justificatifs présentés par les gestionnaires concernés, s’il y a lieu ou pas de sanctionner. Un véritable désordre dans lequel certaines pratiques enfoncent le clou de la mal gouvernance. Un fonctionnaire en service ici nous rappelle une insolite assez sordide, l’achat par Etame Massoma, ex ministre du Contrôle supérieur des coffres-forts avec des roues, lesquels coffrent furent volés et retrouvés à Ebebda, vidé de son contenu ; des centaines de millions de FCFA. Que dire aussi de certaines décisions jugées peu orthodoxes de l’actuel ministre Délégué. Un acte de nomination opérée au sein de ce ministère il ya quelques jours fait l’objet de moult commentaires, « Comment désigner comme auditeur interne donc inspecteur General un chef de brigade avec rang de chef de service alors qu’il ya en poste un auditeur nommé par décret du Président de la République et qui a rang de directeur et même des chefs de division titulaires » Explique notre source avant de révéler qu’un chef de section est nommé Secrétaire permanant du Conseil de discipline budgétaire et financière par Intérim alors qu’il e le Chef de division par intérim, donc il passe d’intérim a intérim. Autant de faits qui laissent penser que cette institution qui semble afficher fière allure serait en fait un grand malade…

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EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

Il est notoriété publique que votre programme politique accorde une place de choix à la lutte contre les atteintes à la fortune publique au Cameroun, qu’elles prennent la forme d’actes de corruption, de détournement ou de distraction des fonds publics. À cet égard, vous avez fait des services du Contrôle Supérieur de l’Etat, la pierre d’angle du système de détection et de répression mis en place dans notre univers institutionnel, au point de rattacher lesdits Services à la Présidence de la République. Ce qui leur a conféré le statut d’Institution de la souveraineté dont la noblesse des missions s’est établi au travers des résultats importants engrangés ces dernières années.

Par le passé en effet, cette Institution, a atteint avec satisfaction et fierté les objectifs découlant de la mise en œuvre de ses missions et prérogatives ? D’où son rayonnement au plan interne et même international, lequel a rejailli sur le statut d’un personnel qualifié, dévoué et respecté » au service de son chef, que vous êtes ? Aujourd’hui il est dommage de constater que cette institution, que son statuts et ses missions appellent à se positionner comme un modèle devant inspirer les autres, est en rupture totale avec les principes de transparence er de traçabilité dans la gestion à plusieurs égards :

Premièrement, et principalement, s’agissant de la gestion des ressources financières dédiées au financement d’audit lesquelles sont le cœur de métier du CONSUPE : le budget de l’Etat pour l’année 2018 a consacré environ un milliard de nos francs ç la réalisation des missions d’audit. Le cout moyen d’une mission de soixante(60) jours étant de 35 millions FCFA, cette enveloppe aurait pu permettre le déploiement de vingt huit équipes ? Or il s’observe, que rendu à novembre de cette année, alors que Madame le Ministre a fait procéder au décaissement au trésor, de fonds à hauteur de sept cent cinquante millions FCFA ? Seules trois (3) équipes ont été déployées sur le terrain (Société de Recouvrement des Créances), pour des paiements n’atteignant pas la totalité des faits de mission dus aux intéressés (le cumul des fonds servis aux trois(3) missions ne dépasse guère cinquante millions)

Deuxièmement, le recours , comme pratique courante au sein de l’institution, à des manœuvres frauduleuses facilitatrice de décaissement des fonds liés aux missions de vérification, caractérisé par l’utilisation, sans autorisation et sous le prétexte de leur mise en mission, des bulletins de solde du

personnel de l’Institution, sans exécution des missions, et sans que lesdits fonds leur soient effectivement reversés, comme cela vient d’être démontré en premier point :

Troisièmement, la gestion privative des ressources matérielles de l’Institution n en rupture avec les règles établies, et dont l’effet est de réduire la mobilisation des équipes de vérification. Les manifestations les plus visibles en sont d’une part, les réformes récurrentes de véhicules de mission, dont le nombre est déjà limité ; et l’affectation des véhicules disponibles aux membres de ka famille du Ministre ;

Les conséquences tirées de ce qui précède sont la démobilisation du personnel, au regard du délaissement dont il fait l’objet et l’entrée de celui –ci dans un cycle de paupérisation sans précédent, source évidente de pratiques de corruption lors des missions de vérification.

En sus de cela, et plus grave, il importe de signaler la perte de crédibilité du CONSUPE au sein de l’opinion publique. Le discrédit est d’autant plus perceptible que sont actuellement diffusés dans les réseaux sociaux des informations révélant avec preuve, comme ci-joint, les décaissements de fonds de ces deux derniers exercices par le Ministre.

Face à ce qui décrit ci-dessus, il peut paraitre étonnant que le personnel, donc la fonction est e constater les actes contraires aux règles de bonne gestion garde le silence. Ce silence qui n’est nullement constitutifs d’aveu, se justifie sans doute par les limites imposées par les dispositions du texte organique du CONSUPE qui laisse à la seule compétence du Président de la République la prérogative du déclanchement des missions d’audit.

Il serait par conséquent souhaitable que les conséquences soient tirées à au moins un double plan : la neutralisation des auteurs des actes décrit ci-dessus, et le déclenchement d’une mission d’audit interne, ou de toute enquête, dont le mérite serait de remettre en scelle l’Institution.

Dans j’espoir que des actions appropriées à votre discrétion soient prises, je vous prie de bien vouloir agréer ; Excellence Monsieur le PRESIDENT DE REPUBLIQUE, l’expression de mon déférent respect.

Un Vérificateur

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