Quand la Dgsn vire un policier atteint de «phobie de la route»
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En service dans un commissariat de sécurité publique de la ville de Yaoundé, un fonctionnaire de police a pris pour alibi sa frousse de la foule et de la route de manière générale pour disparaître de son lieu de service. Expulsé de l’effectif de la Sûreté nationale, il accuse sa hiérarchie d’abus de pouvoir. Le tribunal n’adhère pas à son point de vue.

Invisible à son lieu de travail pendant 36 mois. Voilà ce qui était reproché à l’officier de police de 1er grade Eboto Xavier Robert. C’est aussi le fondement de sa révocation d’office du corps des fonctionnaires de la Sûreté nationale par arrêté présidentiel du 22 février 2017. La Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn), son administration de rattachement considérait en effet qu’il a abandonné son poste sans motif valable. Mais, le concerné qui ne digérait pas cette lourde sanction et voulait récupérer son job, l’a attaquée en arguant qu’une curieuse affection mentale s’est emparée de lui et l’a maintenue dans l’impossibilité d’exercer ses fonctions pendant tout ce temps. Cet argumentaire n’a pas convaincu les juges du Tribunal administratif de Yaoundé lors de l’examen du recours le 9 juillet dernier.

Xavier Robert Eboto croyait ses absences couvertes jusqu’à la mise en circulation de l’arrêté présidentiel mettant fin à son séjour dans le corps des fonctionnaires de la Sûreté nationale. L’acte querellé évoque un «abandon de poste» constaté le 2 février 2015. Le désormais ancien policier présenté par son avocate comme un «malade» atteint d’une «phobie de la route et de la foule», une «phobie à se tenir debout dans la foule» entre autres, disait être en service au commissariat de sécurité publique de l’arrondissement de Yaoundé 3e avant le déclenchement de ses maux en 2014. L'info claire et nette. Une fois le handicap détecté, il fera l’objet d’un suivi particulier dans une structure sanitaire spécialisée de la capitale. D’après lui, son supérieur hiérarchique était informé de la situation et recevait des rapports médicaux d’où sa désagréablement surprise d’apprendre sa révocation d’office.

Position inconnue

Par la voix de son avocate, le policier absent à l’audience de jugement de son affaire déplorait outre le défaut de notification de la décision décriée, l’absence d’une procédure disciplinaire qui lui aurait donné l’opportunité de se défendre des griefs mis à son compte, la violation du principe du contradictoire ayant entrainé sa révocation prématurée, l’embargo fait sur une correspondance que sa famille avait adressé à M. Mbarga Nguele, délégué général à la Sûreté nationale faisant part de ses ennuis un mois avant que la décision ne tombe. Il fustigeait aussi le fait qu’aucun rapport de son supérieur hiérarchique n’a constaté les absences qui lui sont imputées. C’est en raison de toutes ces présumées entorses que l’annulation de l’arrêté présidentiel était sollicitée.

En guise de défense, la Dgsn a déclaré qu’une soixantaine d’agents ont été identifiés comme émargeant au budget de l’Etat alors qu’ils avaient abandonné le chemin de leur lieu de travail depuis des années. La découverte a été faite dans le cadre d’une opération d’assainissement du fichier solde de la police. Les salaires ont été suspendus et des enquêtes mises en route. C’est ce qui a abouti au constat selon lequel, l’agent Eboto était invisible à son lieu de service depuis le 6 février 2014. A la lumière des dispositions de l’article 139 du décret portant statut spécial du corps des fonctionnaires de la Sûreté nationale du 19 novembre 2012, cela équivaut à un abandon de poste.

Plus loin, la Dgsn raisonne que la maladie ne s’invoque pas, ne se proclame pas non plus mais se constate. Ceci pour faire admettre que le policier s’agrippe à tort sur son état de santé pour justifier ses absences alors que les dispositions de l’article 35 du décret ci-dessus cité, décrivent la démarche à suivre pour bénéficier d’un congémaladie en cas d’impossibilité d’exercer ses fonctions. Le portail des camerounais de Belgique. Cette formalité n’a jamais été effectuée, dit l’Etat. Enfin, l’administration soutient que le rapport médical qui lui est parvenu dit que l’agent de police a bénéficié d’un suivi dans une structure spécialisée à partir du 2 juin 2015 alors que son absence était effective 16 mois plus tôt, soit le 6 février 2014. Du fait de cette absence, M. Eboto était en position inconnue, non localisable même de la part de son chef hiérarchique. Le tribunal a jugé le recours sans fondement.

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