Narcisse Mouelle Kombi : L’efficacité de l’encadrement technique a fait défaut
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Dans une interview accordée à la télévision nationale le 15 juillet dernier, le ministre des Sports évoquait déjà le limogeage de Clarence Seedorf et Patrick Kluivert.

Quelles leçons tirez-vous de la participation camerounaise à la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football en Egypte ?

Il n’échappe à personne que le bilan de la participation des Lions indomptables à la Can est mitigé. Puisqu’en quatre matchs, ils ont enregistré une victoire contre la Guinée-Bissau, deux matchs nuls contre le Ghana et le Bénin et une défaite fatidique, parce qu’éliminatoire contre le Nigeria. Nous ne pouvons que le déplorer. Et le moins que l’on puisse dire est que la sortie en huitième de finale de notre sélection nationale de la Can en Egypte a été prématurée. Ceci alors que nous sommes les tenants du dernier titre. L’on ajoutera à cela un bilan regrettable sur le plan moral, en raison de l’impact négatif sur l’image des Lions indomptables, de ce qu’on peut appeler l’affaire des primes.

Le gouvernement camerounais a-t-il fait sa part pour que les Lions indomptables puissent aller le plus loin possible dans cette compétition ?

Absolument. Le Cameroun s’était assigné des objectifs de victoires pour conserver son titre et apparaissait aux yeux de nombreux observateurs comme l’un des favoris de la compétition. Le gouvernement a pris toutes les dispositions, je dis bien toutes les dispositions. Le portail des camerounais de Belgique. D’abord, pour permettre la qualification des Lions indomptables, dans le cadre du match décisif contre les Comores ici même à Yaoundé le 23 mars dernier. Ensuite, pour permettre, en rapport avec la Fecafoot une bonne préparation de nos joueurs en Espagne, au Qatar et dans une certaine mesure, à Yaoundé. Enfin, le gouvernement a consenti d’importants efforts financiers pour régler toutes les primes, je dis bien toutes les primes dont le montant avait été arrêté par le Premier ministre longtemps à l’avance et communiqué aux joueurs via la Fecafoot. Si l’on tient compte au total de la prime de présence de 20 millions FCFA, versée avant le départ pour l’Egypte, des primes de matchs gagnés, des primes de matchs nuls ainsi que de la prime de performance, ces joueurs ont empoché quelques 32 millions FCFA. Je parle sous le contrôle de monsieur l’agent comptable de la Fecafoot. Je signale que cette prime a été intégralement versée jusqu’à l’étape des huitièmes de finale, bien sûr sans tenir compte de toutes les autres ressources mobilisées par l’Etat pour la logistique, le transport, l’hébergement, la restauration et autres charges de l’ensemble de l’équipe et des encadreurs qui, eux aussi, émargent dans le registre des primes. J’ajoute que les salaires de l’entraîneur sélectionneur Clarence Seedorf ont été intégralement payés par le gouvernement pour la période d’août 2018 à août 2019. Je signale par ailleurs que les joueurs camerounais ont été, selon divers témoignages, les mieux traités en matière d’avantages financiers dans le cadre de cette Can.

Y compris leur entraîneur…

Absolument. Dont on dit qu’il était le 2e le mieux payé.

Vous confirmez ?

Oui. Ce qui rend incompréhensible certains cas d’insubordination à l’autorité de l’Etat et d’incivilité par rapport au drapeau de la République. Je voudrais, comme le rappelle souvent le président Paul Biya, dire que le service de la nation et l’honneur de la patrie n’ont pas de prix. Chacun à son niveau, vous et moi Camerounais, devons être fiers de défendre les couleurs nationales sans marchandage ni chantage.

Malgré cette mobilisation de ressources, d’où vient-il que le bilan à l’arrivée soit si mitigé ?

Nous fondions tous en tant que citoyens beaucoup d’espoirs sur notre sélection nationale qui effectivement disposait de beaucoup d’atouts. Malheureusement, le fighting spirit, l’esprit de combativité et l’efficacité de l’encadrement technique ont dû faire défaut. Des avis de nombreux experts et spécialistes du football entendus ou consultés, les Lions indomptables se sont signalés par un jeu parfois inefficace, monotone, stéréotypé et même prévisible, ainsi que par l’absence d’un véritable leader technique. Leur élimination tiendrait, selon les analystes, à plusieurs causes dont trois semblent être plus importantes : l’incapacité de l’entraîneur-sélectionneur à mettre sur pied une équipe conquérante et cohérente. Ainsi, en quatre matches, on a dû constater qu’il a aligné quatre équipes différentes. Des équipes très variables. On note aussi sa difficulté à maitriser l’ensemble du groupe et à y faire régner l’ordre et la discipline. Le manque de motivation des joueurs et quelques influences externes dissonantes et nuisibles à la cohésion et à l’harmonie au sein du groupe ont été également été relevés par certains analystes. D’aucuns ont pointé du doigt les choix tactiques et inefficaces et peu cohérents ainsi que des classements hasardeux. Ceci se traduit par des remplacements peu adéquats et peu pertinents au cours de certains matches comme lors de la rencontre Cameroun-Nigeria. Nous avons encaissé très facilement trois buts et nous n’avons pas pu conserver l’avantage que nous avions pourtant acquis à un certain moment. A cela s’ajoute, à l’évidence, des systèmes de jeu contre-productifs sur le plan offensif et défensif. Ce qui explique que les Lions n’aient marqué aucun but en deux matchs, contre le Ghana et le Bénin. Je dois, pour être complet, selon le rapport qui m’a été fait par nos représentants en Egypte, dire qu’il y aurait eu des discordances entre l’entraîneur-sélectionneur Seedorf et son adjoint immédiat Kluivert d’un côté, et ses adjoints nationaux qui pourtant peut-être avaient à cœur de faire des propositions mélioratives, mais, qui n’étaient pas écoutés. 

Le constat étant maintenant fait, quelles sont les conclusions que vous tirez de l’élimination des Lions indomptables de football de la Can égyptienne ?

L’incapacité de l’entraîneur-sélectionneur à maintenir la discipline, la cohésion, à allumer ce fighting spirit cher au président Paul Biya, explique en grande partie l’échec des Lions. Ceci, hélas, en contradiction avec les obligations qui incombaient à l’entraîneur-sélectionneur Clarence Seedorf, en vertu du contrat signé par lui le 10 août 2018. Dans ces conditions, le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), cosignataires dudit contrat, sont en droit de faire jouer la clause résolutoire ou de terminaison. Autrement dit, la question du maintien de M. Seedorf à la tête de notre sélection fanion est clairement posée. Il ne me semble pas que cette question puisse trouver raisonnablement, objectivement, au regard de toutes les circonstances que j’ai évoquées, une réponse en terme de reconduction. Son maintien me paraît donc, comme à beaucoup de Camerounais, problématique. Et j’ai demandé M. le président de la Fecafoot de le lui signifier, conformément aux stipulations pertinentes du contrat. Et j’ajoute que le Cameroun, pour sa part, a rempli toutes ses obligations vis-à-vis de l’entraîneur-sélectionneur. Les Lions indomptables doivent se relever dans un sursaut patriotique et conquérant. Une nouvelle ère doit s’ouvrir pour notre équipe nationale. Notre équipe si réputée dans le monde. Pas seulement en Afrique pour son palmarès, cinq fois victorieux de la Coupe d’Afrique des nations, ses exploits élogieux. En effet, une équipe nationale qui gagne fait le bonheur de toute la nation. Tout comme récemment, on a éprouvé ce bonheur avec les U17, vainqueurs de la Can en Tanzanie et qui ont eu l’honneur d’une réception le 20 mai dernier au palais de l’Unité. Il me semble donc qu’un renouvellement de l’encadrement technique, une refondation de l’équipe et même au-delà de l’équipe fanion, des autres équipes face aux défis et aux prochaines échéances, est nécessaire. Nous avons la Coupe du monde U17 au Brésil ; nous avons le tournoi olympique qui engage les U23 ; il y a à l’horizon la Can féminine, comme il y a le Championnat d’Afrique des nations (Chan) que le Cameroun va accueillir, de même que la Can en 2021. Au regard de tout cela, il me semble donc qu’un renouvellement de l’encadrement technique, une refondation sur des bases éthiques s’impose. D’où la nécessité et l’urgence d’une charte d’éthique et de déontologie qui concernera toutes les sélections nationales de football. Le chantier de l’élaboration en rapport avec la Fecafoot est déjà ouvert. 

Quel est l’état d’avancement des infrastructures sportives dans notre pays à quelques six mois du début du Chan au Cameroun ?

S’agissant de la date de la tenue du Chan au Cameroun, vous savez, même s’agissant de la Can, il y a eu des modifications de période. Au départ, c’était au début de l’année. Par la suite, on expérimente en été, en juin. Or, au départ c’était en janvier-février. Selon les informations provenant de la Confédération africaine de football (Caf), le Chan devrait plutôt se tenir en été 2020 ; disons entre le mois de mai et de juin, sous des indications plus précises de la part de la Caf. Quoiqu’il en soit, les travaux sur les différents chantiers d’infrastructures sportives, sur les sites de Yaoundé, Douala, Limbe, Bafoussam, Garoua que nous avons visité plusieurs fois, avancent remarquablement et significativement de manière globale. C’est le constat positif que nous pouvons faire de manière à ce que le Cameroun soit prêt à accueillir dans de bonnes conditions le Chan l’année prochaine et la Can l’année d’après, c’est à dire en 2021. Ce pourquoi le président Paul Biya a engagé un ambitieux programme de construction et de réhabilitation d’une trentaine d’infrastructures sportives modernes et mêmes futuristes pour certains, je pense par exemple aux Complexes sportifs de Japoma et d’Olembé.

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