ECHANGES COMMERCIAUX : Un deuxième APE aux portes du Cameroun
CAMEROUN :: ECONOMIE

Echanges Commerciaux : Un Deuxième Ape Aux Portes Du Cameroun :: Cameroon

Une décennie après l’Accord de partenariat économique (APE) conclu avec l’Union européenne (UE), le pays s’apprête à négocier un autre avec le Royaume-Uni qui vient de quitter l’UE.

Le Royaume-Uni devrait en principe perdre le bénéfice des accords commerciaux passés entre l’UE et ses partenaires à travers le monde. Du fait d’avoir décidé au terme d’un référendum tenu le 27 mars 2019, de sortir de l’UE. Afin d’éviter des perturbations commerciales et économiques entre le Cameroun et le Royaume-Uni, le pays de la reine Elisabeth active des tractations pour nouer de nouveaux traités commerciaux. C’est ainsi que le gouvernement conduit par Theresa May saisit le Cameroun en date du 12 février 2018 pour ouvrir des négociations pourparlers en vue de la conclusion d’un APE bilatéral.

Favorables à une telle démarche, les autorités camerounaises conditionnent tout de même leur approbation à une étude sur l’impact commercial, économique et financier de l’APE bilatéral. Un préalable au démarrage effectif des négociations à conclure éventuellement d’ici 2021. C’est dans ce sens qu’un atelier de restitution et de validation du projet de rapport sur l’étude d’impact s’est tenu le mai 2019 à Yaoundé. Présidé par le secrétaire général du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Jean Tchoffo, il visait à estimer l’impact économique, commercial et budgétaire de l’APE envisagé, à proposer des axes de négociation prenant en compte les intérêts stratégiques du Cameroun, et les mesures de renforcement des capacités en vue d’atténuer l’impact fiscal évalué.

Selon le SG du Minepat, « il s’agissait entre autres de réexaminer le texte juridique de l’APE d’étape Cameroun-UE, en vue de sa transposition éventuelle en un APE bilatéral Cameroun — Royaume-Uni post-Brexit. » Aussi, tout porte à croire que l’issue des négociations devrait aboutir d’ici deux ans à l’ouverture du marché britannique aux produits exportés par le Cameroun, et vice versa. Camer.be. Ce qui est déjà le cas entre le Cameroun et l’UE qui ont conclu un APE le 17 décembre 2007. Il s’agit d’un accord qui ouvre sans taxe, les portes du marché européen aux exportateurs camerounais, et qui favorisent l’entrée des produits européens sur notre territoire par la baisse progressive les droits de douane. Son application provisoire est effective depuis le 4 août 2014. Depuis le premier janvier 2008, cet accord a permis au pays de bénéficier d’un accès libre au marché de l’UE pour ses produits d’exportation tels que la banane, l’aluminium, les produits transformés du cacao, les contreplaqués et d’autres produits agricoles frais ou transformés date qui marquait la fin des dispositions commerciales de l’accord de Cotonou. De son côté, l’UE bénéficie d’une libéralisation progressive de ses produits sur le marché national depuis le 4 août 2016.

QUID DE LA REDUCTION DES IMPORTATIONS ?

Seulement, cette offensive du Royaume-Uni dans notre pays, survient dans un contexte où il est prôné la réduction des importations, aux fins de rééquilibrer la balance commerciale nationale de plus en plus déficitaire, et de développer le tissu industriel local. D’ailleurs, au cours du Conseil de cabinet tenu le 31 janvier 2019, le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, a soutenu avec fermeté : «Sans prétendre à l’autarcie, notre pays doit pouvoir contenir le volume de ses importations en les circonscrivant à l’essentiel, c’est-à-dire aux produits nécessaires à la croissance de son économie et indispensables à sa compétitivité». Le Mincommerce s’inscrivait alors dans la suite des propos tenus par le chef de l’Etat lors de son discours d’investiture. L'information claire et nette. Celui-ci recommandait le 6 novembre 2018, de développer des secteurs de l’économie capables de diminuer substantiellement l’entrée des biens sur notre territoire. « Il me semble opportun de nous attacher à développer des secteurs de notre économie qui pourront réduire sensiblement nos importations de biens et services », indiquait Paul Biya. D’après lui, « cette politique présentera l’avantage de nous permettre de rééquilibrer notre balance commerciale chroniquement déficitaire. »

En effet, si l’on s’en tient aux données du ministère des Finances (Minfi), l’on se rend compte que l’analyse des principaux soldes de la balance de paiements du Cameroun révèle une détérioration progressive du déficit de la balance commerciale des biens et services. Le compte courant de la balance des paiements est structurellement déficitaire depuis plusieurs années et l’examen des données sur la période 1996-2018 met en évidence une corrélation entre l’aggravation progressive du déficit courant et l’accélération des dépenses d’importation de biens. Ces dépenses restent dominées par les produits alimentaires, les boissons, les tabacs, les produits minéraux, les biens d’équipement et autres consommations des ménages.

Une situation que le Mincommerce déplore : «Notre pays importe des produits alimentaires ainsi que des produits manufacturés pouvant pourtant être fabriqués localement pour la satisfaction, non seulement du marché intérieur, mais également du marché régional. Ces importations ont un coût élevé pour notre économie.» Pour remédier à ce problème, le Minfi préconise entre autres, « l’amélioration des stratégies de développement des productions dans le secteur agropastoral, dans les filières du bois et du textile, ainsi que la restructuration des services de transport et le renforcement des capacités d’intervention des entreprises locales. »

Mais, dans un environnement où les Accords de partenariat économique se bousculent désormais à nos portes, les intentions louables du gouvernement concernant la réduction des importations et l’accélération du processus de transformation locale de nos matières premières, ne peuvent réduire que très légèrement le déficit de la balance commerciale. Car si ailleurs le consommateur préfère toujours des produits de qualité supérieure, proposés à moindres coûts, cela s'avère davantage chez nous, où le pouvoir d'achat est des plus faibles.

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