Pour avoir dénoncé les arrestations. Le révérend pasteur Ghislain Suffo de l’Eglise évangélique du Cameroun a été convoqué hier à la Délégation générale à la Sureté nationale.

Ce jeudi 28 février 2019, le révérend pasteur Ghislain Suffo, de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec) répondait à une convocation au cabinet du délégué général à la Sureté nationale. Aucun motif n’a été révélé sur la convocation qui lui a été adressée et signée par un commissaire de police en service au cabinet du Dgsn.

De sources proches, nous avons appris que le pasteur a été convoqué pour « incitation à la rébellion. Sa prédication faite lors des obsèques du Pr Samuel Domngang, il y a quelques semaines à Batoufam dans la région de l’Ouest, a été jugée virulente par les autorités présentes à ces obsèques. Certaines personnalités estiment de manière « inique » que les propos du pasteur peuvent conduire à un soulèvement populaire.

Hier pendant son audition à la Dgsn, le pasteur était accompagné par l’un de ses collègues. Ce dernier est resté dans les environs de la délégation pendant l’audition du
pasteur Ghislain Suffo.

Arrivé vers 10h, le pasteur de l’Eec est sorti aux environs de 19h30.

S’appuyant sur le texte d’Esdras, dans un enregistrement de 27mn, on peut écouter les paroles délivrées lors des obsèques l’on entend le pasteur attirer l’attention de l’assistance en ces termes : « (...) l’église ne peut se contenter de donner la nourriture aux prisonniers sans s’interroger si les conditions d’incarcération des prisonniers sont justes. C’est pour cela que l’église va lutter pour la justice sociale. L’église va lutter contre les arrestations arbitraires. C’est aussi cela le rôle de l’église. Ne laissez pas qu’on arrête des gens de façon arbitraire et vous venez leur donner à manger. On a besoin de justice sociale ».

En s’adressant particulièrement aux chrétiens, il dit aussi que : « Plusieurs dans ce pays parlent de troubles à l’ordre public mais ce qui les intéresse c’est de manger le sel
du palais. Ce qui les intéresse ce n’est pas votre développement, c’est de maintenir le sel du palais. Frères et sœurs, le voleur n’est pas toujours celui qu’on présente comme un voleur. Celui qui mange le sel du palais et qui ne s’intéresse qu’à cela parfois présente les vrais patriotes, les républicains comme des monstres, comme des ennemies de la
nation. Alors mes frères, méfiance. Qu’on ne vous fasse pas tirer sur un patriote. Méfiance mes frères, ne tomber pas dans l’erreur.

En outre, le pasteur s’émeut : « (...) dommage que parfois certains chrétiens pour le sel du palais se retrouvent en train de mentir, en train de jouer avec la fibre tribale
parce qu’ils veulent se positionner. En train de diaboliser un peuple ou une ethnie. Le fait de manger le sel de ce pays risque de séparer les familles ». A la fin de l’homélie,
le pasteur indique qu’il est important pour nous de refuser le vampirisme social,d’être les préparateurs de l’aide qui emprisonne. et pour cela nous devons nous confier en Dieu.

Philippe Nguete, le secrétaire général de l’Eec que nous avons contacté hier a dit être au courant de cette affaire, et que l’église attend l’aboutissement du dossier pour prendre une position : « nous sommes consacrés devant l’église et la nation comme ministre de la parole. Notre rôle est de dire la vérité à nos fidèles. Nous suivons ce dossier avec plus de précaution. Pour l’instant, il est difficile pour notre église de prendre position étant donné que nous ne maitrisons pas ce qu’on reproche à notre collègue pasteur.

Certains fidèles de l’Eec estiment que le pasteur n’a fait que son travail « lorsqu’un berger parle cela doit toucher notre sensibilité l’objectif de la prédication est que chacun puisse juger sa propre conscience sur ce qu’il fait pour bien-être du peuple.

La réaction de la police après cette prédication prouve bien que le pasteur a dénoncé ce qui ne pas pas bien dans notre pays » explique un chrétien de l’Eec.