STRATAGEME : La Semil et la DST prennent des «mange 5000» en flagrant délit
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Un fonctionnaire de police poursuit la Délégation générale à la Sûreté nationale qu’il accuse de lui avoir infligé une double sanction à la suite de faits matériellement inexistants. L’administration estime qu’il a compromis sa corporation en fermant les yeux sur l’extorsion de fonds aux usagers, pratiquée à ciel ouvert à son barrage de contrôle.

C’est un fonctionnaire de police qui met l’affaire sur la place publique au cours d’une audience du Tribunal administratif de Yaoundé, tenue le 8 janvier 2019. Christian Bekono, gardien de la paix principal au moment des faits se plaint d’avoir subi à tort selon lui, les foudres de la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn), son administration utilisatrice à la suite d’une opération commandée par la hiérarchie. Celle-ci a permis de débusquer grâce à un guet-apens savamment monté, des agents véreux qui monnayaient à hauteur de 5000 francs, le franchissement d’un barrage de contrôle au quartier Nkolmesseng à Yaoundé.

Le policier soutient qu’il n’avait pas connaissance desdites pratiques tandis que la Dgsn penche pour le contraire et juge son silence, coupable. C’est ce qui a justifié sa rétrogradation le 1er juin 2016 pour «compromission portant atteinte à la considération de la police». Les faits ont eu lieu le 3 octobre 2014. Christian Bekono veut faire annuler l’arrêté présidentiel prononçant son abaissement de grade. Un acte qui le ramène de gardien de la paix principal à gardien de la paix de deuxième grade. Dans sa version des faits, il dit avoir été désigné comme membre d’une patrouille mixte police et gendarmerie postée à un barrage afin de procéder au contrôle des véhicules au lieu-dit Nkolmesseng à Yaoundé. Alors qu’il était momentanément absent de ce poste, l’inspection de la police et les agents de la sécurité militaire (Semil) ont effectué une descente sur le site et ont découvert que des usagers avaient fait l’objet d’extorsion d’une somme de 175 000 francs dissimulée dans le blouson du chef de patrouille, l’adjudant-chef Mbombo.

Radiation

Il explique que la Dgsn l’a immédiatement considéré comme étant un complice du gendarme dont il aurait couvert les agissements pourtant pratiqués à ciel ouvert. Pour l’Etat, le plaignant ne pouvait ignorer le mécanisme alors qu’il était chargé de tenir la herse qui barrait le passage aux véhicules. Tenant compte de ce raisonnement, le nom du policier a été radié de la liste d’aptitude visant l’accès au cadre des inspecteurs de police malgré son admission au stage y afférent. Plus tard, il va subir un abaissement de grade qui viendra davantage plomber son ascension professionnelle.

Contrairement aux affirmations du plaignant, la Dgsn soutient que les faits querellés sont avérés. Elle explique que la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de la sécurité militaire ont été saisis de plaintes récurrentes des usagers du tronçon décrié laissant croire qu’ils font régulièrement l’objet d’extorsions de fonds. C’est ainsi qu’un stratagème a été mis en place. Des agents de police et des militaires en civil passant pour des chauffeurs de camions de sable ont été mis sur cet itinéraire munis de billets de 5000 francs préalablement photocopiés. L'info claire et nette. Sans se douter de rien, la patrouille mixte va procéder comme à son habitude devant son barrage et exiger 5000 francs pour laisser traverser les camions contenant du sable. Un peu plus tard, les contrôleurs de la DST et de la Semil vont faire irruption sur les lieux et procéder à une fouille au corps de l’ensemble des membres de la patrouille mixte. La fouille va s’avérer infructueuse. C’est un enfant sillonnant le poste qui va vendre la mèche. Le gamin va faire savoir aux inspecteurs qu’un blouson appartenant à un membre de l’équipe mixte est accroché à un citronnier quelques mètres plus loin et sert à stocker le butin de l’extorsion présumée. Dans ce blouson, une somme de 175 000 francs est découverte avec en prime, les billets photocopiés qui avaient été remis aux agents infiltrés.

Convocation

La Dgsn va riposter en expliquant que l’histoire peut sembler bizarre mais elle est vraiment réelle. L’opération visait à prendre des agents véreux «la main dans le sac» d’où le stratagème qui a été mis en place. «M. Bekono tenait la herse. Ils ont remis l’argent au gendarme», affirme le porte-parole de l’Etat qui donne des précisions sur ce qui est en fait reproché au policier. «Il ne lui ai pas reproché le fait d’avoir perçu les fonds mais plutôt d’avoir décidé de taire les faits au lieu de les dénoncer. Les faits ayant eu cours en sa présence », clarifie l’émissaire de la police. Après avoir demandé à prendre la parole à plusieurs reprises en vain, Christian Bekono va finalement être autorisé à s’exprimer. Il va simplement solliciter un report du jugement de son affaire au prétexte que la convocation à l’audience ne lui est pas parvenue en dépit de la présence du conseil qui disait assurer la défense de ses intérêts.

L’avocate va rétorquer qu’elle a été désignée par la Commission des droits de l’homme du barreau que le policier avait sollicité pour s’offrir les services d’un avocat. C’est à ce titre qu’elle a reçu une convocation du tribunal pour comparaitre à l’audience en cours. Le collège des juges a opté pour un report de l’affaire, le temps de faire parvenir une convocation régulière au policier.

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