Pays européens, complices de violences sur les migrants en Libye?
LIBYE :: POINT DE VUE

Pays Européens, Complices De Violences Sur Les Migrants En Libye? :: Libya

Alors qu'Amnesty International s'attaque aux gouvernements des pays européens pour complicité de violences sur les réfugiés en Libye, l'expert des problèmes libyens Youssef Chakir, dans un entretien à Sputnik, partage ce point de vue et précise comment l'Europe a contribué à ces violations.

Selon le rapport de l'ONG internationale publié mardi, les pays membres de l'UE accordent depuis fin 2016 leur aide et leur soutien technique au département libyen de lutte contre la migration clandestine qui, de fait, dirige les centres d'accueil provisoire des migrants. En outre, les pays européens ont contribué aux interpellations en mer, en entraînant les garde-côtes et en mettant les matériels nécessaires à leur disposition. Youssef Chakir, expert des problèmes libyens, a déclaré lors d'une interview accordée à Sputnik que «l'Europe en général et l'Italie en particulier étaient les principaux responsables des violations à l'égard des migrants en Libye».

«Les pays de l'Otan assument la responsabilité pour le démantèlement des forces libyennes qui contrôlaient les frontières du pays et leurs passages», a-t-il affirmé.

«Les méthodes de l'Union européenne dans la lutte contre la violation des droits des migrants sont inefficaces. Les mafias locales, qui se livrent au trafic et s'occupent de passages illégaux des frontières en Libye et dans les pays africains voisins sont plus puissantes que toute organisation internationale. Elles connaissent toutes les planques et les échappatoires dans leurs activités», a poursuivi Youssef Chakir.

«Grâce à leurs services de renseignement, les gouvernements européens sont au courant de ce qui se passe en Libye et dans les centres locaux de migrants. Nous constatons aujourd'hui les fruits de leurs actions en 2011, quand l'armée et la police qui remplissaient pourtant leurs fonctions avaient été anéanties», a-t-il encore fait remarquer.

Selon Mohammed Zuaida, secrétaire général de l'association libyenne des victimes de l'Otan, «la situation actuelle découle de l'intervention militaire de l'Otan en 2011».

«Aujourd'hui, nous sommes confrontés au terrorisme, à la traite d'humains, au trafic d'armes, à la migration clandestine et aux violations des droits de l'homme», a-t-il indiqué.

Des criminels sont régulièrement payés pour transférer des migrants sur les côtes européennes et ce n'est pas un phénomène spontané, mais un réseau commercial bien organisé, a-t-il affirmé.

Il a ajouté que la situation était aujourd'hui particulièrement dangereuse dans le sud de la Libye qui recèle d'importants gisements de pétrole, de gaz et d'eau, alors que la population n'y dépasse pas 5.000 habitants. Des familles africaines viennent s'y installer, ce qui risque d'aboutir à l'éviction des Libyens et d'engendrer des problèmes et des tensions, a expliqué Mohammed Zuaida.

La Libye, qui connaît une période de profonde instabilité depuis le renversement du régime de Mouammar Kadhafi, est soumise à un embargo international sur les armes depuis février 2011.

La chaîne CNN avait précédemment diffusé une vidéo d'une vente aux enchères en Libye de migrants illégaux tentant d'atteindre l'Europe. Un migrant avait été acheté contre 400 dollars environ, de toute évidence pour l'utiliser dans une ferme agricole. Les médias rappellent que la Libye, en proie à l'instabilité politique, est un point de transbordement pour les migrants illégaux qui tentent de partir pour l'Europe dans l'espoir d'une vie meilleure. Nombre d'entre eux deviennent victimes d'abus de la part des passeurs.

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