CRISE ANGLOPHONE : Le silence des partis du Grand-Nord
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Alors que les bruits des tambours d’appel à l’unité et au rejet de la violence comme mode d’expression dans les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest résonnent dans l’air ici et là, les partis politiques d’obédience nordistes sont plutôt d’une discrétion à couper le souffle. La situation est pourtant préoccupante, et rarement, l’économie de la parole si chère à certains leaders politiques n’a été aussi mauvaise option. Plus que jamais, l’urgence pour les acteurs politiques et autres leaders d’opinion est non seulement de défendre l’unité de la République, position de principe pour tout républicain, mais également de l’entonner comme refrain.
«Il faut rappeler  que les soulèvements de vendredi dernier, aussi exceptionnels soient-ils, sont un épisode de la crise anglophone. Les partis nordistes ont déjà eu l’occasion, par le passé, de se prononcer d’une façon ou d’une autre sur le sujet. Néanmoins, compte tenu du contexte particulier consacré par les évènements de vendredi dernier, ils doivent réaffirmer le plus vite leur position républicaine», analyse Moustapha, un observateur de la scène politique locale. Au sein de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) de Bello Bouba Maïgari, Mohamadou Talba, le secrétaire national à la communication et à la formation, rappelle que la position de son parti est connue et a été réaffirmée lors du dernier congrès de Yaoundé.

«L’Undp s’est clairement prononcée sur ce sujet au cours de notre dernier congrès de février 2017, en prônant, dans cette crise, le dialogue », souligne-t-il. Du côté de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp), boutique politique du ministre chargé de mission à la Présidence, Hamadou Moustapha, l’heure n’est surtout pas à la précipitation. «Le comité exécutif du parti va se réunir la semaine prochaine à Yaoundé. A cette occasion, nous allons passer en revue les sujets majeurs de l’heure parmi lesquels se trouvent les derniers développements de la crise dite anglophone. Vous aurez, à cette occasion, la position de notre parti», affirme Abdoulaye Ado, membre titulaire du comité central de cette formation politique. A en croire quelques cadres de l’Andp, le léger retard à l’allumage se justifie par la présence d’Hamadou Moustapha dans la délégation du chef de l’Etat, qui a pris part à la dernière assemblée générale de l’ONU. L’intéressé n’a regagné le Cameroun que dans la journée du 25 septembre 2017.

Le silence est également à l’ordre du jour au sein du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) d’Issa Tchiroma, le ministre de la Communication. Si ce dernier porte au quotidien la parole du gouvernement dans cette crise, il n’en est pas moins vrai que sa formation politique n’a toujours pas pris publiquement position sur le sujet. Un silence qui, à en croire Issa Tchiroma, sera très prochainement rompu. Joint au téléphone, il a déclaré : «Le Fsnc va rendre public, très prochainement, un communiqué dans lequel il va réaffirmer l’intangibilité de nos frontières et le choix du dialogue comme mode d’expression entre enfants d’une même famille. Nous allons également exhorter le gouvernement à poursuivre ses efforts pour renforcer la paix».

Si une voix est audible au sommet du Fsnc, ce n’est pas le cas au sein du Mouvement démocratique pour la défense de la République (MDR). Eloigné des projecteurs de la scène politique depuis quelques mois, pour des raisons indépendantes de sa volonté, le MDR est orphelin de son leader Dakolé Daïssala, seul à y détenir une casquette officielle. «Officiellement, le MDR ne s’est pas encore prononcé sur la crise anglophone. Mais, la position républicaine de notre patri est connue. Au niveau de l’Extrême- Nord, nous avons déjà tenu quatre concertations, parce que la crise anglophone est la crise du Cameroun. Les problèmes posés par les anglophones sont ceux de tous les Camerounais. Voilà pourquoi il serait bien qu’une concertation nationale soit organisée, pour réfléchir et trouver ensemble des solutions à toutes ces problématiques », rappelle Me Paulin Djorwé, conseiller municipal MDR de la commune de Maroua 1er, et coordonnateur officieux de cette formation politique dans la région de l’Extrême-Nord. Des quatre formations politiques nordistes, toutes alliées du chef de l’Etat, aussi bien au gouvernement qu’au Parlement, pas une seule ne s’est donc toujours manifestée publiquement. Et pourtant ! 

MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE

Hormis ces partis nordistes de la majorité présidentielle, l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) de Garga Haman Adji, autre formation politique de moyenne importance dans le Grand-Nord, n’est pas non plus monté au créneau aux lendemains des évènements du 22 septembre 2017. L’ancien ministre qui s’était rendu en début d’année dans les régions anglophones pour proposer ses bons offices est pourtant familier de la question… La tendance à la réserve, si ce n’est l’expression parfois d’un dysfonctionnement interne, interpelle sur la capacité de ces partis politiques à répondre dans l’urgence aux préoccupations majeures du pays.

Les partis d’opposition nordistes ne sont pas les seuls mis à l’index dans la réponse des politiques à la crise. Même l’élite Rdpc du Grand-Nord, installée à Yaoundé, si prompte à se mobiliser lors des grandes occasions, est également d’un calme inquiétant. «Oui, quelques personnalités se sont exprimées dans les médias. Mais, cela relève davantage de positions individuelles. Rappelezvous qu’au lendemain des émeutes du 28 février 2008, Cavaye Yeguié Djibril avait réuni chez lui, à Yaoundé, l’élite nordiste de la capitale. A cette occasion, une cellule d’information et un comité de veille avaient été mis sur pied. Pourquoi ne se grouillent-ils pas aujourd’hui ? Qu’attendent-ils pour rappeler publiquement leur attachement à l’unité, appeler au dialogue et condamner les violences ? Ils doivent cela au Cameroun», souligne Adamou, cadre à Yaoundé.

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