EXTRÊME-NORD : Une trentaine de «militaires indisciplinés» aux arrêts
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Ils ont bloqué la circulation sur la nationale n°1 pour demander la revalorisation de leurs primes.

Des moments difficiles attendent des militaires de la Force Multinationale Mixte (FMM) qui ont bloqué dans la matinée du 03 juin 2017, la circulation sur la nationale n°1 entre Zigagué et Dabanga. Ces militaires issus du corps des fusiliers de l’air, une trentaine sur près de 2.500 hommes que compte le secteur n°1 de la FMM commandé par le général Bouba Dobekréo, sont attendus à Yaoundé dans les prochains jours pour connaître des rigueurs de la loi.

«La circulation a repris peu  avant 10 heures après une descente sur les lieux des éléments du BIR stationnés à Waza, du préfet du Logone et Chari et du commandant de la légion de gendarmerie. Le général Bouba Dobekréo est également arrivé ici pour s’assurer que tout irait pour le mieux», explique une source locale. La trentaine de militaires qui ont engagé un mouvement d’humeur en zone de guerre, réclamaient l’alignement de leurs primes mensuelles sur celles des soldats camerounais déployés en République centrafricaine dans le cadre de la mission onusienne dénommée Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca).

Actuellement, ils perçoivent entre autres une prime d’alimentation de 2000 Fcfa/jour et 30.000 Fcfa de prime de risques et une troisième prime dont le montant avoisine 10.000 Fcfa par mois. Le total des primes mensuel tourne donc autour de 100.000 Fcfa. Le petit groupe de militaires voulait que la prime globale soit portée à 450.000 Fcfa comme celle des militaires camerounais de la Minusca. Sauf que les fusiliers de l’air ont oublié une chose essentielle : la Force Multinationale Mixte n’est pas sous commandement onusien. Pis, elle tire le diable par la queue en raison du peu de financements dont elle dispose, les principaux bailleurs qui s’étaient engagés à injecter des ressources financières traînant encore les pieds.

«La Force  Multinationale Mixte a été créée pour mutualiser nos opérations, nos renseignements, disposer d’un cadre qui nous permette de franchir les frontières. Elle n’est là que parce que nous avons un ennemi commun. Elle fonctionne avec nos ressources», explique une source introduite à la FMM. La hiérarchie militaire reproche aux «indisciplinés» une méconnaissance de la situation, d’avoir porté atteinte à l’image de l’armée, d’avoir sapé le moral des populations et surtout, de s’être rebellés en zone de guerre. L’affaire a dépassé le simple cadre de l’armée pour susciter des débats chez les riverains.

«Il ne faut pas que ce que l’on voit à  la télévision en Côte d’Ivoire inspire nos militaires. Nous avons une armée respectée et disciplinée, qui fait la fierté du Cameroun. L’armée est patriotique, et de telles revendications n’ont pour moi aucun sens. Je suis membre du comité de vigilance de Waza et la guerre contre Boko Haram est une guerre patriotique. Si des acteurs de cette guerre devaient exiger aujourd’hui plus de considération dans cette guerre, c’est bien nous qui avons tout abandonné et qui ne percevons aucun salaire, mais nous ne le faisons pas parce qu’il faut savoir faire preuve de patriotisme et de sacrifice. Là, c’est un esprit de syndicalisme qui veut s’installer là.

Que le ministre de la Défense sanctionne ces indisciplinés avec  la dernière énergie», explique Alhadji, membre du comité de vigilance de Waza. La seconde revendication du petit groupe de militaires issus pour l’essentiel de la promotion 2015, a trait à la relève qu’ils estiment trop longue. En effet, de nombreux militaires sont au front depuis de longue date et aspirent à servir sous d’autres cieux.

Quoi de plus normal. Sauf que cette revendication, non plus, ne résiste pas aux réalités du terrain. La vérité est que l’armée camerounaise est sous pression depuis son entrée en guerre contre Boko Haram en 2014. Elle participe aux opérations de la paix en République centrafricaine, est déployée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans le cadre de la crise anglophone, essaye de contenir les rebelles centrafricains à l’Est… Pour une armée de paix, cette succession de défis sécuritaires survenus au même moment a assurément perturbé la gestion classique des effectifs.

«Un bataillon de fusiliers de l’air a été déployé sur le théâtre des opérations en raison de nos  effectifs limités, parce qu’ils ne doivent normalement pas être là. Il leur est affecté des missions précises, comme le contrôle des véhicules sur la nationale n°1 entre Waza et Dabanga et la dissuasion par une présence armée.

La hiérarchie de l’armée en est consciente et petit à petit, au fur et à mesure des recrutements et de l’extinction de certains foyers d’insécurité, les choses vont revenir à la normale. En attendant, force doit rester à la discipline», explique une source militaire. Les regards sont désormais tournés vers le ministère de la Défense, contraint plus que jamais à la fermeté pour envoyer un message fort à tous ceux qui seraient tentés de semer la graine de la revendication dans les rangs d’une armée en guerre.

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