Camair-Co : Ce qui s’est passé avec «le Dja» à Nsimalen
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Un départ de feu a été signalé au décollage du Boeing, dans un contexte interne où les réseaux mafieux ont repris du service.

Il était environ 19h, ce vendredi 2 août à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen. Le commandant de bord, Polycarpe Binyam, engage son aéronef sur la piste de décollage. «le Dja», le seul long-courrier (Boeing 767- 300) de la Cameroon airlines Corporation (Camair- Co), n’avait pas encore atteint sa vitesse de croisière pour lever ses trains, en bout de piste, que le pilote remarque, sur son écran de contrôle, un début d’incendie sur un des deux réacteurs.

La tour de contrôle constate elle  aussi la même anomalie. Les 18 passagers à bord, pour Douala, ne se doutent jusque-là de rien. Ils seront transportés à destination par le ma60. Polycarpe Binyam est un pilote averti. Il sait ce qu’il faut faire en pareille circonstance. La sérénité est d’abord recommandée à l’équipage. Le commandant doit aussitôt mettre en application les instructions techniques d’usage : si l’incident survenait en vol, il pratiquerait un «pompage du réacteur» à partir des télécommandes de son outillage automatique ; si l’incendie devrait gagner d’autres espaces, il couperait le moteur et chercherait l’aéroport le plus proche afin de solliciter un atterrissage d’urgence.

Tel n’était pas le cas à Nsimalen, ce vendredi. Le commandant a tout de même effectué un «pompage au sol», parvenant ainsi à maîtriser le départ du feu avant de ramener l’appareil au parking. Tous les passagers en sortiront sans dégâts physiques, excepté quelques traumatismes psychologiques consécutifs à ce genre d’incident. La panne, qui a provoqué la panique plus tard, sera réparée tard dans la nuit et l’avion pourra finalement poursuivre son voyage vers la métropole économique, selon le service de la communication de la compagnie.

Lorsque Polycarpe Binyam prend les commandes du «Dja» pour Douala-Garoua, et retour avec escale à l’aller et au retour à Nsimalen, l’aéronef ne présente aucune anomalie. Mieux, selon les mêmes sources, l’avion venait d’effectuer huit rotations ininterrompues entre les villes saoudiennes de Djeddah, de la Mecque et de Médine au départ du Cameroun, pour y déposer des pèlerins musulmans partis accomplir leur acte de foi. Pourtant, certains pilotes, notamment le commandant de bord assermenté Ngouadje, avaient émis des réserves quant à la capacité technique de cet avion à effectuer ces missions, estimant qu’il «n’était pas en bonne santé».

Pourtant, a estimé un autre navigant, «les réserves de Ngouadje ne reposaient sur aucun élément objectif pour un avion qui venait d’achever sa révision avec succès». Et une autre source, à Camair-Co, de renchérir : «Le commandant Ngouadje est dans une logique identique à celle de son collègue, Eugène Wandji, qui est de surcroît instructeur et chef pilote. On connaît sa passion de voler. Il passerait ses jours et ses nuits dans les airs sans se plaindre. Curieusement, Wandji a demandé un repos injustifié de 3 jours, à un moment crucial où ses fonctions l’obligeaient à être là pour suppléer à toute défaillance de pilote…» Il y a un vrai malaise à Camair-Co, c’est une lapalissade. Un trouble qui s’est accentué avec le limogeage, le 25 août dernier, de Jean-Paul Nana Sandjo  de la direction générale  de cette compagnie.

«Ce n’est pas un as de la gestion, c’est vrai, mais il est proche de ses collaborateurs. Il sait les écouter», analyse un cadre maison. Une partie du personnel estime en effet que la décision de limoger Jean-Paul Nana n’était pas la meilleure à prendre par les pouvoirs publics camerounais. «Camair-Co connaît certes des problèmes structurels, et un changement brusque de manager ne saurait les résoudre», estime un de ses collègues.

Une autre frange du personnel semble quant à elle à l’aise dans le statu quo. Pour celle-là, il faut neutraliser la modeste flotte de la compagnie au profit de la location permanente des avions. Une location qui, déplorent certains, permet d’entretenir la distribution des rétro-commissions aux différents négociants sur la chaîne.  

Rétro-commissions

Peut-on alors déduire que cette catégorie du personnel irait jusqu’à faire bloquer la flotte de la compagnie ? Quelle que soit la réponse, force est de constater que, avec la panne survenue asur le Dja, Camair- Co est obligée de tourner avec un seul long-courrier. Le Boeing 737 immatriculé «Tjq-CA» est immobilisé en afrique du sud depuis bientôt trois semaines. Qui a préféré pour sa révision dans les ateliers sud-africains à ceux d’Ethiopian Airlines, dont l’expertise est pourtant avérée et reconnue par le constructeur américain ?

Quand il a fallu remplacer les trains d’atterrissage de cet avion arrivés à bout d’usage, les mêmes réseaux de blocage ont opté pour un marché où il fallait débourser 6 fois plus que le tarif normal, toujours pour des raisons de grasses rétro-commissions au détriment de  l’entreprise.

Ernest Dikoum, le nouveau Dg, n’aura pas la tâche facile. Elle ne le fut pas non plus pour Jean-Paul Nana Sandjo , son prédécesseur. Camair-Co est une entreprise complexe et hyper spécialisée qui n’a pas besoin de parachutage. Il lui faut un staff de management maison, et ce n’est pas la chose la plus compliquée à trouver. Mr Nana Sandjo  a tenté de s’appuyer sur un groupe de personnes pour connaître la maison et réussir.

Mais il y aura toujours dans cette compagnie des personnes pour casser la baraque par la caisse, et d’autres par la technique, si ce n’est par les deux. Nous osons croire que l’incident du 2 août n’était rien d’autre qu’un  incident banal, comme on en connaît partout …

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