Pendant que nous célébrions le 13 février nos 83 ans dont 33 au Palais royale d’Etoudi, le président zimbabwéen fêtait le 21 février son 92e anniversaire. Au pouvoir depuis 36 ans, Robert Mugabe est ainsi devenu le plus vieux chef d’Etat en exercice du monde. Il est donc bien en vie !

Alors qu’à la mi-février certains médias le donnaient mort, le doyen des chefs d’Etat était rentré d’Asie le mois suivant et en avait profité pour taper sur les journalistes qui, selon lui, devraient mieux faire leur travail. Bien vivant, le chef d’Etat du Zimbabwe a, comme chaque année, tenu à le faire savoir. Comme le veut en effet sa tradition, il a célébré son anniversaire en grande pompe.

Six jours après l’anniversaire du président, plus de 50 000 invités se sont retrouvés à Masvingo (sud) pour fêter la longévité mugabesque. Parmi ces nombreux invités, on compte surtout des partisans de la Zanu-PF (le parti au pouvoir) et les cadres du régime. Au menu des festivités, 92 ballons lâchés, 60 bêtes fraîchement abattues pour l’occasion pour 300 kg de boeuf, des centaines de kilos d’animaux et de très nombreux gâteaux, dont un en forme du continent africain et un autre de 92 kilos.

Selon la presse locale, le coût total de cet évènement est estimé à 800 000 dollars (soit plus de 482 millions de CFA). Selon les médias, des villageois des districts autour de Masvingo auraient été contraints à payer entre un et cinq dollars (entre 600 et 3 000 CFA) pour financer une partie des festivités.

Face à de telles dépenses, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour Okay Machisa, président de l’Association des Droits de l’Homme au Zimbabwe: «Quand vous avez un chef qui dépense 800’000 dollars pour son anniversaire et que des milliers de gens n’ont rien à manger, vous vous demandez quel genre de père (de la nation) vous dirige.»

Du côté de l’opposition, la ligue des jeunes du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), avait manifesté à Masvingo quelques jours plus tôt pour protester contre cette fête en brandissant des pancartes «Pas d’anniversaire quand les enfants meurent de faim», ou «Nous voulons des emplois, pas une fiesta».

Au pays de Mugabe, un quart de la population est en état d’insécurité alimentaire et le gouvernement a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans plusieurs régions en raison de la sécheresse.