Camair-Co : Bataille autour de 30 milliards
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Des réseaux dans le pouvoir à Yaoundé qui ne contrôlent pas la gestion de Camair-Co, proposent de mettre sur pied une deuxième compagnie. A défaut de tuer simplement la première.

Tout part d’une curieuse  correspondance signée d’un cadre du ministère des transports, «pilote/ingénieur de l’aéronautique civile, administrateur de Camair-Co», avec pour intitulé : «mise en place d’un transporteur domestique et sous-régional dans le cadre d’un partenariat public-privé».  Objectif, «mise en place d’une compagnie sous-régionale de transport à côté de l’actuelle Camair-Co dans le cadre d’un partenariat public-privé». La note propose par exemple que les deux avions MA 60 chinois (50 places chacun) que le Cameroun vient d’acquérir soient le «noyau» de cette nouvelle compagnie. Et bien d’autres aéronefs (2) EQUA-2C.

Autre proposition «originale», la compagnie basée à Douala, devra être «organisée de manière à ce que seuls les postes strictement indispensables à l’accomplissement des vols soient pourvus de façon continue. Le recrutement devra privilégier des personnes capables d’occuper plusieurs fonctions, dont notamment des postes techniques de haut niveau, associés à des tâches administratives. Les personnels les plus concernés par cela seront principalement les pilotes, notamment les jeunes  copilotes qui en plus de leurs fonctions sur avion, devront servir à d’autres tâches au sein de la compagnie». Cette note avec entête du ministère des transports, ne précise pas le destinataire. Mais les informations de la Nouvelle Expression  révèlent que la  note est adressée à la présidence de la République.  Il n’est pas aussi un fait de hasard  que des propositions aussi incompréhensibles, surtout à ce moment de redressement d’une compagnie à genoux depuis plusieurs décennies,  viennent d’un cadre du ministère des transports. Et surtout «pilote/ingénieur»

L’autre correspondance, «note d’analyse», dévoile les vraies motivations de ses auteurs : «le constat sans complaisance sur la Camair-Co est que la situation sur les plans financier (30 milliards de dette  en 03 ans) et opérationnel (3 aéronef pour 700 employés) frise la catastrophe. L’avenir de cette compagnie est fortement compromis par les conditions de son lancement autant que les choix managériaux douteux qui s’en sont suivis, l’absence d’une stratégie identifiable ainsi que des objectifs quantifiables. D’un autre côté, l’interventionnisme intempestif et inconsistant de certains représentants des pouvoirs publics en ajoute à la cacophonie. La tentative d’assainissement s’est heurtée à des luttes d’intérêts dont la finalité était l’appropriation des trente milliards de financement projetés». La lettre est très riches des récriminations qui tendent à justifier la création à côté de  Camair-Co d’une autre compagnie de navigation aérienne du Cameroun.

De fiables informations indiquent que Séraphin Magloire Fouda, conseiller économique du président de la République et Robert Nkili, ministre des transports, sont bien au courant de cette autre stratégie. Et en auraient même discuté  au cours de moult réunions à la présidence de la République. Pour quelles conclusions ? «Secrets d’Etat».

Mais il ne faut point être métaphysicien pour comprendre que l’enjeu de cette bataille, c’est bien la rondelette somme de 30 milliards promise depuis plusieurs années et qui  devrait être débloquée incessamment pour la relance de l’outil de production de Camair-Co, et l’acquisition de plusieurs aéronefs (des sources parlent de 6) destinés à faire décoller véritablement  la compagnie. Edouard Akame Mfoumou, redouté, pas du tout contrôlable par certains clans de la présidence de la République, et  qui s’est investi depuis des années qu’il trône à la tête du conseil d’administration, ne comptent pas que des amis au sein du sérail.  Parce qu’il se trouve des adversaires embusqués qui redoutent le voir briser le signe indien de la relance d’une compagnie dont les différents Directeurs généraux ont toujours été parachutés par  leurs cercles mafieux. D’après des sources, le ministre des finances, Alamine Ousmane Mey qui est bien au parfum de ces batailles au sein du sérail, serait concentré sur la procédure de déblocage de ces fonds.

A moins que Paul Biya qui n’ignore pas l’existence de ces combats, n‘en décide autrement.

© La Nouvelle Expression : David Nouwou

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