Cameroun,Conférence Episcopale:La restitution d’une étude sur Boko Haram appelle à la paix
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Cameroun,Conférence Episcopale:La restitution d’une étude sur Boko Haram appelle à la paix :: CAMEROON

Sous la conduite des Professeurs Jean Paul Messina et Antoine  Essomba Fouda, tous enseignants à l’UCAC (Université Catholique d’Afrique Centrale), la restitution d’une étude effectuée dans le septentrion sur la violence et l’insécurité dans cette partie du Cameroun dévoile plusieurs vérités inédites.

D’après les deux chercheurs, s’il est vrai que la composante sociologique de l’Extrême Nord doit être considérée dans ce conflit, il n’en est pas moins de préciser que l’histoire des peuples doit aussi être mise en exergue pour mieux comprendre les dérives observées actuellement par le groupe islamiste.

En effet, les deux Professeurs précisent dans leur rapport que l’islam a pénétré dans le Grand Nord par deux voies. Celle arabo-berbère et celle arabo-soudanaise.
La première qui a été précurseur de l’islam en Afrique Noire a pu se développer par le commerce à travers les pistes cavalières. Ayant eu jadis pour base le Califat de Sokoto (Nord Nigéria) fondé par Ousmane Dan Fodio (1752-1817), c’est un certain Modibo Adama qui recevra l’étendard pour soumettre les peuples vivant dans la dorsale. C’est alors que naitra le nom d’ADAMAOUA. Un vaste territoire qui couvre aujourd’hui Ngaoundéré et ses environs pour s’étendre jusqu’au Nord de la Bénoué. Les peulhs qui joueront un rôle très important dans cette islamisation commenceront à utiliser le Jihad (guerre sainte) en 1804.
 
Celle arabo-soudanaise venue du Soudan et ayant pour épicentre le royaume du Mandara (royaume préislamique crée au 16e Siècle), atteint le Nord Est du Cameroun en 1715. Le Roi Malloum Mohaman Gourou, 25e Roi du Mandara assurera la tutelle. Mais ce dernier va constater que les territoires qu’il voulait régenter étaient sous domination du Roi de Bornou nommé Dounama. L’Etat de Bornou, actuel siège de Boko Haram, est ainsi considéré par les deux chercheurs comme le centre d’influence de l’Islam dans le Septentrion. A ce titre, ils rapportent que pendant des années se sont les Sultans de Sokoto et les Emirs de Yola qui ont exercé leur suzeraineté en installant pendant des années les Lamibés au Cameroun. Cette suzeraineté qui date du 19e Siècle pourrait justifier en partie l’attachement actuel de plusieurs habitants des zones de conflit qui se reconnaissent dans les réclamations de ces fous de la religion. 

Mais d’un autre côté, le Professeur Messina précisera que « la situation n’est pas seulement un problème militaire ». Lui qui sort fraichement du front ajoutera ensuite « Boko Haram sera vaincu mais est-ce que cela va faire disparaitre l’intégrisme et l’extrémisme religieux ? ». Une question restée centrale.

L’Extrême Nord : Zone difficile

Pour effectuer cette enquête, les deux Professeurs vont résider dans la région de l’Extrême Nord pendant une semaine, d’après leurs dires. 

Ayant interrogé pas moins de 50 personnes et personnalités de tous bords, ils arriveront à la conclusion selon laquelle Boko Haram sera très certainement vaincu mais est-ce cela va définitivement ramener la paix ? A l’observation, Boko Haram aurait des projets expansionnistes. Les chercheurs qui vont rappeler qu’actuellement les filles de Shibok qui ont été enlevé sont enceintes et vont mettre au monde très certainement des bras pour le combat, conclus que le maitre à penser Abubakar Shekau utiliserait par cette astuce les mêmes méthodes que Mussolini ou encore Hitler. 

Le projet Appel à la Paix Nkeng-Shalom qui aura orienté cette enquête se veut optimiste dans la culture ou la reconquête de la paix dans les cœurs de tous les acteurs de ce conflit. Pour cela, il est annoncé des messes œcuméniques sur l’ensemble du territoire national qui auront aussi pour objectif de participer à l’effort de guerre au profit des soldats et des populations de plus en plus grandissante dans les camps de réfugiés. La solidarité devra ainsi être le leitmotiv de tous croyants. 

Les rapporteurs auront aussi la particularité de préciser lors des échanges qu’ils ont remarqué que cette guerre qui a semblé au départ être assimilée à une guerre de religion n’en n’est pas une. D’après le témoignage d’un ressortissant de l’Extrême Nord présent dans la salle, les témoignages du lieu du conflit font état d’un enrôlement de chrétiens. Peut-être l’explication de la technique de la terre brulée qu’utilisent les terroristes en dévastant tout sur leur passage.

© Camer.be : Yannick Ebosse

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