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© Correspondance : NDJAMA BENJAMIN
- 23 Jan 2015 09:44:42
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LE CAMEROUN,NOUS ALLONS VERS LA FIN DU PETROLE CHER - LE CHANGEMENT DE MODELE …C’est maintenant :: CAMEROON
Un coup dur pour les pays producteurs…Après avoir été trop longtemps au Cameroun le poumon financier de l’Etat patrimonial, le pilier d’une croissance qui ne crée jamais le développement, le cours d’eau qui irrigue les fonds secrets de l’Etat, le pétrole pourrait bien cesser d’être dans les années qui viennent une rente prospère et fascinante. Son coût pourrait bien se dégrader durablement. Nous sommes déjà sur cette pente. Il sera de plus en plus difficile de le ventre chez certains de nos clients traditionnels eux même étant devenus producteurs de pétrole et même exportateurs. Il s’en suivra une perte considérable de revenus pour les pays qui ont fait de l’or noir l’une de leurs principales sources de financement s. Les pays qui n’ont pas prévus un business de remplacement pourraient se retrouver dans des situations intenables. L’hypothèse la plus vraisemblable, celle que nous voyons venir, c’est que le pétrole, soit remplacé dans le cas du Cameroun, par des mauvaises solutions qui vont colmater les brèches, mais vont perpétuer la stagnation de l’économie.
Cette situation nous concerne .Pour voir plus clair réexaminons la place que le pétrole a pu occuper dans l’économie Camerounaise depuis les années 70.
Le pétrole est resté trop longtemps au Cameroun, un sujet peu traité. L’information sur ce domaine n’était pas toujours d’accès facile. L’actualité même du pétrole pouvait susciter par moment de la frayeur, pour cause, l’histoire du pétrole dans le Golfe de Guinée a souvent été sanglante.
<< Plusieurs personnalités liées à l’administration du pétrole, ou s’y étant intéressées de manière insistante sont mortes dans des conditions non élucidées>> Mongo Beti
On peut penser que cette époque est derrière nous malgré l’ombre persistante de<< l’éternel retour>>.
Nous situons le début de cette chronique quelque part dans les années 70 quand le pays a vu apparaître une invention administrative pour le moins curieuse :Le compte hors budget( CHB).Il a été l’objet de fantasmes multiformes. Il a fait le lit de la mythologie facile.
IL engrangera près de deux tiers de la somme des redevances fiscales, des royalties et de la participation aux bénéfices des compagnies. Les thuriféraires des régimes successifs et autres propagandistes attitrés justifiaient son existence par un argument à la fois triste et épouvantable. On déclarait sans pudeur qu’il ne fallait pas habituer le peuple Camerounais à la facilité. Il faisait l’objet d’une gestion discrétionnaire par le président de la république d’une masse financière qui sera presque égale l’année de la démission d’Ahidjo, au budget de l’Etat. Ce sera aussi un moyen de contourner les règles de la zone franc en conservant aux Etats-unis et ailleurs, de substantiels comptes en dollars.
A quoi a servi l’argent du CHB. On lui prête un rôle malfaisant. Il aurait permis de masquer la faillite des entreprises parapubliques, de camoufler le déficit du commerce extérieur , de dilapider l’argent dans des subventions exponentielles…Les 900 millions de dollars disponibles à la fin de l’année 1985 y sont passés ,détournés de leurs objectifs d’équipements pour boucher les trous financiers. Le CHB est vide.La mort du CHB ouvre la porte à une nouvelle ère, celle d’une gestion volontairement transparente des revenus du pétrole.
Le pétrole occupe une place structurante dans les finances publiques et l’équilibre des comptes extérieurs.
A ce jour Le pétrole représente dans L’économie camerounaise 8% du PIB ,un quart des revenus du gouvernement, et la moitié des exportations. La production de pétrole devrait accroître avec une augmentation de 26% Selon la SNH et devrait atteindre les 57 millions de barils en 2016 à comparer avec 24 millions de barils en 2013.Les dépenses au titre de subventions aux carburants ont été supérieures aux prévisions et à l’origine d’un creusement du déficit du budget.L’Etat finance la Sonara au moyen des transferts directs des ressources à partir du trésor et par les réductions des taxes sur les prix des produits énergétiques. Les subventions allouées à la Sonara découlent du besoin de bloquer la hausse des produits énergétiques en vue de sauvegarder le pouvoir d’achat des plus faibles. Le coût très élevé de ces subventions met à mal les finances publiques, creuse le déficit budgétaire et freine la dynamique des investissements publics. Les subventions allouées au pétrole ont coûté à l’Etat du Cameroun 944 Milliards de Francs CFA en quatre ans.C’est fort de cette constatation que le FMI a plaidé pour une hausse massive des prix à la pompe entraînant ainsi la colère des populations et d’une partie de la classe politique contre le gouvernement. L’Etat ne respectant pas toujours ses engagements
en matière de subventions, il s’en est suivi un lourd endettement de celui-ci auprès de la Sonara. Un endettement qui se chiffre en centaines de milliards de francs CFA ; Un émissaire de la banque mondiale pronostiquait 450 Milliards de francs CFA pour 2O14 , soit 3% du PIB .Du fait de celui-ci la Sonara s’est retrouvée plus d’une fois dans un état de ralentissement effrayant .La Sonara importe du brut à raffiner. Or n’étant plus crédible ses fournisseurs rechignent souvent à lui vendre du brut.
Par ailleurs l’entreprise est lourdement endettée auprès de plusieurs banques Camerounaises.
La Sonara ne raffinerait qu’à peine 6% du pétrole produit au Cameroun et en exporte 50% ; Le Cameroun produit du pétrole ; mais sa qualité n’est pas adaptée à la fabrication du Carburant. Il doit donc importer le pétrole des pays voisins comme le Nigéria ou la Guinée équatoriale pour le raffiner. Une grande partie du pétrole utilisé au Cameroun est introduite par des importateurs privés. L’Etat du Cameroun cumule envers ces derniers une dette de plusieurs centaines de milliards de francs CFA .Cette dette menace à terme de perturber la livraison du pétrole au Cameroun.
L’épopée pétrolière ne semble avoir été jusqu’à présent qu’un condensé de paradoxes, de promesses non tenues, de ratés , d’occasions manquées…L’argent venu du pétrole pendant les années de prospérité folle fut tantôt dissimulé, tantôt mal utilisé. On s’est plaint du CHB. Mais le CHB n’existe plus. Le Cameroun est toujours un pays pétrolier. Mais un pays où le litre de pétrole à la pompe coûte trop cher. Il est resté cher alors que le prix du baril à l’échelle international s’effondre, s’étonnait le politologue Maurice Kamto dans une récente communication à la nation.
VERS LA FIN DU PETROLE CHER
Lorsqu’on parlait il y a quelques années de la fin du pétrole on faisait allusion à la stagnation de la production pétrolière à l’échelle mondiale. Cette perspective d’analyse est faible. La production pétrolière n’est pas en stagnation à l’échelle mondiale, elle ne l’est surtout pas au Cameroun. Le pays pourrait même doubler sa production de pétrole et de gaz grâce à la découverte de nouveaux gisements atteignant ainsi une production de 57 millions de barils en 2016.Le pays continuera en outre à bénéficier de l’amélioration des techniques d’exploration en offshore profond. Par contre à long terme le Cameroun fera face à un phénomène inverse :Une surproduction à l’échelle mondiale. Elle est mise en évidence par les perspectives qu’offre le canada comme pays producteur et exportateur de pétrole. Ce pays a découvert dans la région de l’Alberta d’importantes quantités de pétrole lourds mêlées à du sable. A côté du Canada nous observons l’émergence des Etats-unis comme pays producteur et exportateur de pétrole grâce au boom du pétrole de schiste. A l’heure où nous écrivons ces lignes les Etats-unis produisent autant de pétrole que l’arabie Saoudite. Le pétrole de schiste est localisé aux Etats-unis dans les régions du Dakota,du Montana ,de l’Ohio,de la Californie. Il est concentré dans des formations rocheuses contenant du Kérozène.
Un autre acteur non négligeable qui s’ajoute à cette liste c’est la Russie dont la production dépasse désormais celle de l’Arabie Saoudite.
On va par conséquent vers une surproduction à l’échelle mondiale qui va accélérer la chute du baril. Le business du pétrole cessera à moyen ou à long terme d’être attractif pour des pays qui n’appartiennent pas encore au club des grands producteurs. Des pays comme l’Arabie Saoudite , l’Angola pourront encore pour très longtemps tirer leur épingle du jeu en tirant à la baisse le prix du baril pour jouer sur la concurrence. C’est ce que fait déjà l’Arabie Saoudite.
La fin du pétrole ne se traduira donc pas par la disparition du pétrole, mais son effondrement comme business intéressant pour des petits producteurs tel que le Cameroun. Dans le détail les compagnies occidentales qui exploitent leur pétrole vont commencer à se retirer. Les Majors du pétrole ont déjà entrepris une réduction massive de leurs effectifs. Le pétrole Camerounais est majoritairement exploité par les compagnies américaines. On peut s’interroger sur l’avenir de ces compagnies au Cameroun, L’Amérique étant devenu un pays producteur et même exportateur de pétrole. Ne paniquons pas. A très court terme, elles seront remplacées par des compagnies chinoises et Sud-coréennes. Elles sont déjà là. Mais à long terme il faudra remplacer le pétrole par autre chose. Par quoi donc ?
POUR UN CHANGEMENT DE MODELE
Le commerce extérieur du Cameroun repose sur une économie de rente orientée vers le commerce des matières premières, le pétrole notamment. Les revenus liés à ce commerce sont suffisants pour faire fonctionner l’appareil de l’Etat et entretenir la kleptocratie des fonctionnaires. Au mieux quand le commerce du pétrole se porte bien ; les revenus liés à celui-ci permettront de stimuler le taux de croissance. Il s’agit souvent d’une croissance artificielle, car c’est une croissance sans développement. Elle sert davantage comme argument politique pour embellir le discours présidentiel à la nation et comme argument marketing pour flatter les bailleurs de fonds et obtenir l’aide financier au développement. Pour le commun des Camerounais cette croissance reste très abstraite. Elle n’a aucune traduction en termes d’amélioration des conditions de vie. Il y va de la nature d’un système fondé sur le commerce des matières premières. Il peine souvent à se traduire en développement parce qu’il a très peu d’effets entrainants sur le reste de l’économie et génère très peu d’emplois. C’est là le paradoxe désolant des pays souvent riches en sous-sol mais qui ne se développent jamais.
Le commerce international du pétrole pourrait entrer en essoufflement d’ici à une ou deux décennies. Le pétrole camerounais deviendrait difficile à placer à un bon prix. Les grands pays exportateurs étant devenus trop nombreux . Il faudra bien remplacer le pétrole par autre chose. Or le débat en cours dans les instances qui portent la parole officielle n’est pas de changer de modèle économique dans la perspective de l’après-pétrole, mais d’envisager celui-ci dans l’optique d’une diversification du commerce des matières premières, en clair de perpétuer le Commerce de rente.
C’est une mauvaise piste. C’est le système économique qu’il faut changer en quittant le commerce de rente pour entrer volontairement dans l’innovation technologique.
Comment on s’y prend ?
Lorsqu’un pays souhaite se lancer dans l’innovation technologique, il commence d’abord par cibler les marchés qu’il veut conquérir et les besoins qu’il veut satisfaire. Il se fixe un cap sur plusieurs années consacrées à la recherche technologique. Les chercheurs n’aiment pas travailler sous la précipitation et le harcèlement des milieux de l’argent facile. L’Etat doit voter une enveloppe conséquente pour (la recherche et développement).A partir de cette mise en perspective, on pourra se lancer dans la création d’une silicon Valley à la camerounaise. La construction d’un immense pôle technologique destiné à accueillir des start-up innovantes financées par l’argent public. Par l’expérience des silicon Valley, l’Etat va organiser des synergies entre les chercheurs et les hommes d’affaires-les centres de recherches et les clubs d’affaires. On pourra s’inspirer des expériences d’implantation des silicon valley à l’Africaine qui ont déjà cours dans pays comme le kenya ou l’Ethiopie.
C’est par l’économie innovante qu’on va développer l’Afrique et non le commerce des matières premières.
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