Guerre contre Boko Haram : Les primes divisent les soldats au front
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La Garde Présidentielle à grand renfort sur le front de Boko Haram depuis des mois déjà. De fortes rumeurs de désertion de plusieurs soldats sans primes du front qui protesteraient des conditions de « combat » infligées par le Haut commandement à la lettre très explicite d’encouragement adressée par le Chef de l’Etat, plusieurs analyses convergent vers un probable syndrome malien.

La compagnie de gendarmerie de Mokolo qui vient d’enregistrer les premiers clients de la loi anti-terroriste récemment promulguée par le Chef de l’Etat a donné le ton. 13 Chefs traditionnels de l’arrondissement de Mokolo soupçonnés de collusion avec Boko Haram viennent d’être mis aux arrêts. Le haut commandement ayant certainement décidé de passer à une autre vitesse.

Sur le front « Le Boko Haram » avance à reculons comme une belle dance Bafia, il occupe des territoires camerounais abandonnés avant d’y être délogé. La réalité sur le terrain étant très différente des lettres de félicitations, plusieurs informations stoppées par la discrétion de la grande muette sont aujourd’hui cachées au peuple camerounais qui s’informent à l’aveuglette tel un navire sans boussole. Le Chef de l’Etat Paul Biya qui, ayant eu assez de rapports militaires importants, décidera de faire passez au forcing une loi anti-terroriste dont la trajectoire vient d’être visible avec l’arrestation de plusieurs chefs traditionnels à l’Extrême-Nord, savait pertinemment qu’une insurrection pouvait être fomenté par quelques bidasses mal intentionnés.

Sur le front les soldats sont parfois surpris par les « engins » mis à leur disposition par le haut commandement afin de repousser efficacement les assaillants de « Boko Haram ». D’après quelques témoignages, les chars amphibies achetés par le Cameroun pour le front s’embourbent souvent dans des zones marécageuses situées à quelques kilomètres du Nigéria. Ce qui expose de temps à autre les vaillants soldats camerounais aux attaques surprises de la secte islamique Boko Haram. Mais si ces incidents sont bénins devant la gravité déjà décriée de la situation de désertion de certains soldats sur le terrain, il n’en demeure pas moins qu’il est important de tirer la sonnette d’alarme. Selon nos sources la malaise le plus ressentit sur le front serait d’abord les pénuries récurrentes de ration pour les soldats. Cette simple raison qui, en partie, a vu au Mali plusieurs soldats se rebeller pourrait-elle aussi révolter les bidasses camerounais ?

Amadou Toumani Touré s’en rappelle

L’ancien Président déchu qui avait fait engager l’armée malienne le 1er Janvier 2012 au nord du pays contre la rébellion touareg et les djihadistes d’Ansar Dine, sera surpris le 21 Mars 2012 par un coup d’Etat militaire. Survenu juste quelques mois après l’engagement de l’armée au front, ce coup de force militaire faisait suite aux accusations de népotisme, de favoritisme et de corruption, de détourner l'argent destiné à l'équipement militaire des officiers de l’armée. Les soldats de rang complètement négligés au combat en avaient eu ras-le-bol. Ces derniers exposés aux assaillants manquaient de munitions, de nourriture, de matériel adéquat, … pour le combat face aux djihadistes qui s’approvisionnaient directement en Libye chez leurs « complices ». Le rapport de force devenant inégal selon le Haut commandement malien, il était plus qu’urgent de prendre une décision rapide.

Amadou Toumani Touré, le Président de l’époque, se retrouvait malheureusement face à des problèmes de finances. Ne pouvant octroyer à cette guerre une importante part du budget du pays, nécessaire pour acheter du matériel militaire et faire face à la rébellion, il sera débarqué par quelques soldats réunis au sein du Comité National pour le redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDR). A la tête de ce comité, un certain Amadou Konaré, Lieutenant et devenu par la force des choses porte-parole. D’après les propos du Lieutenant Amadou Konaré, la décision du putsch militaire est venue du fait de l’incapacité du gouvernement à donner aux forces armées les moyens adéquats pour défendre le pays.   
Quelques heures après avoir pris des mesures sécuritaires pour le pays telles que la fermeture des frontières et l’instauration du couvre-feu, le Capitaine Amadou Haya Sanogo prend la tête de la junte. La toile est alors bien tissée.

A l’époque au Mali, un soldat avait un salaire équivalent à 40 000 Fcfa par mois. Pas très loin de celui pratiqué au Cameroun pour le même grade, plusieurs informations faisaient état de ce qu’une négligence dans le ravitaillement des troupes exacerbaient également les combattants.

Côté Cameroun

Selon des sources les officiers supérieurs de l’armée de terre sur le terrain auraient de grosses primes qui varieraient entre 300 000 Fcfa/mois et 500 000 Fcfa/mois. Contrairement aux hommes de troupes ou soldats de rang qui devraient toucher le même montant. Hélas ! Les personnes sensées octroyer ses primes aux soldats de rang auraient d’abord avancés avoir donné à chacun 2 000 Fcfa/jour pour un total de 60 000 Fcfa/mois. Ce que réfutent quelques soldats qui vont garder l’anonymat en arguant qu’il n’en est pas le cas. Ils affirmeraient que les officiers supérieurs sensés leurs donner leurs primes en numéraire semblent justifier ce manque par la conversion de ces primes dans la ration journalière. Autrement dit pas de prime car ceux-ci sont transformées en partie en boite de sardines et pains.

Pour ceux qui participent à la défense du territoire national pour la deuxième fois, ce problème s’est longtemps posé lors de la confrontation avec le Nigeria du côté de la Presqu’ile de Bakassi. Ils se souviendront alors du versement de la somme de 3 000 Fcfa de prime de guerre à leur retour du front alors qu’ils avaient risqués leurs vies pour la patrie.

Dans une politique de deux poids deux mesures, des informations font aussi état du versement mensuel hors mis la nutrition quotidienne des soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR). Corps d’élite et dissocié des soldats de l’armée de terre, pour leur déploiement sur le terrain et sur le front une prime de 80 000 Fcfa/mois serait versée par soldat.
Le syndrome malien s’étant désormais installé, de sources militaires, la garde présidentielle qui est désormais au front au lieu de s’occuper de la protection des murs des résidences présidentielles, pavillons et du palais présidentiel serait le résultat du mauvais entretien sur le terrain des soldats. Manque criard de ration, primes inexistantes, inadaptation du matériel de combat, etc. l’heure étant au questionnement et à l’usure. 2015 sera-t-elle une année décisive ?

Tel que l’ancien Président Malien Amadou Toumani Touré a été débarqué, le Président de la république du Cameroun pourrait passer par le même mode opératoire si rien n’est fait pour rasséréner les soldats. La frustration des hommes de troupes grandissant de jour en jour dévoile aujourd’hui un népotisme caché depuis des lustres dans la grande muette.

Sur le front

D’après certaines sources, la gravité de la situation sur le terrain aurait déjà dû être déclarée depuis des mois voire des années aujourd’hui. Bien avant l’attaque spectaculaire du 27 juillet 2014 qui verra l’enlèvement de l’épouse d’Amadou Ali et du Lamido-Maire de Kolofata, la plus grande base militaire camerounaise à l’Extrême Nord avait fait l’objet d’une autre attaque surprise d’assaillants de Boko Haram qui selon des témoignages n’avait pas fait assez de dégâts du fait de l’inexpérience des hommes menant l’attaque. Plusieurs grenades non dégoupillées seront lancées à l’intérieur du camp. Si l’information passera « incognito » parce que ce jour-là en guise de riposte les soldats camerounais vont récupérer et renvoyer à l’expéditeur ces grenades, aujourd’hui la tactique et la stratégie des assaillants offrent la part belle à la pose en territoire camerounais de mines anti personnelles.

Le Cameroun n’ayant jamais fait face à une telle situation pourra-t-il venir à bout de cette menace qui grandit de jour en jour dévoilant une « mauvaise » stratégie de manipulation de certaines puissances étrangères tapis dans l’ombre et qui semblent tirer les ficelles pour des destins sombres ? Le Président de la république les aurait enfin démasqués et dans son discours adressé au Corps diplomatique et aux corps constitués. S.E Paul Biya aura enfin pris position dans ce conflit. En confirmant que « Le Boko Haram » serait en fait une manière très polie de chercher à le dégager du pouvoir, il ne se fait plus d’illusion sur l’avenir du Cameroun. Mais au profit de qui ? Just Wait and See.

© Camer.be : Yannick Ebosse

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