Buea : La police saute sur les avocats anglophones
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Les forces de l’ordre ont bastonné les hommes en robe noire et confisqué leurs toges jeudi 10 novembre 2016.

Une image insoutenable. Un pick-up du Groupement d’intervention mobile (Gmi) vient de stationner devant un débit de boisson au lieu-dit Soppo à Buea, dans la région du Sud-Ouest. Un policier saute du véhicule et assène des coups de matraque sur les pieds de Ndohmunang Nickson Mbimbui, un avocat. L’homme en tenue répète le geste plusieurs fois en intimant à l’avocat de lui donner le sac dans lequel il a rangé sa toge.

Une fois cet accessoire entre les mains des forces de l’ordre, le policier à l’oeuvre poursuit la manoeuvre quelques instants encore avant de rejoindre ses collègues dans le pickup. Ndohmunang Nickson Mbimbui a le visage serré, les yeux rouges. Il présente plusieurs cicatrices. « Voyez comment on traite les avocats dans un pays. On n’a plus le droit de manifester», s’est exclamé l’avocat en service dans la localité de Kumba. Il a rallié Buea tôt ce jeudi 10 novembre 2016 pour rejoindre ses confrères avocats anglophones.

Un mouvement de protestation était annoncé dans le chef lieu de la région du Sud-Ouest. Mais le mouvement d’humeur des avocats anglophones a été violemment réprimé par les policiers armés de fusils et de matraques. Les avocats n’ont pas pu rejoindre la Cour d’Appel, où ils devaient déposer leur mot d’ordre de grève avant d’entamer la marche dans les rues. Les hommes en tenue ont pris d’assaut la façade principale de l’édifice dès les premières heures de la journée. Les entrées  étaient filtrées.

D‘autres policiers se sont déployés à travers la ville. Un camion de police s’est immobilisé au lieu-dit Mile 17. Un Pick-up de policiers a pris ses quartiers devant le stade Molyko. D’autres hommes en tenue encore ont été postés dans des carrefours et autres coins de la ville. Pendant ce temps, un contrôle systématique de tous les passagers avait lieu à l’entrée de la ville, à Miles 14. Cette opération a permis de stopper des avocats en provenance de Limbé, a-t-on appris. Une marche a cependant pu se tenir du côté de Muyuka, fait savoir une source.

Les avocats ont surtout déploré l’intrusion en force de la police dans le cabinet d’avocat Moki Lifanje sis au quartier Soppo, autour de 9h20. Me Sessekou Ebi Stanley indique que les hommes en tenue y ont fait irruption et ont confisqué toutes les toges. Les six avocats présents dans le cabinet ont été brutalisés. « C’est de l’intimidation, de l’oppression. C’est illégal de pénétrer ainsi de force dans un cabinet d’avocat », a déploré l’avocat, visiblement très remonté. Il a fait savoir que d’autres avocats anglophones étaient assis dans un car et attendaient les autres pour rallier la Cour d’appel de Buea. Ils ont été bastonnés par les policiers et leurs toges ont été également saisies.

Les cicatrices sont bien visibles sur le corps des avocats réprimés. Deux jours plus tôt, mardi 8 novembre, une autre manifestation des avocats a été dispersée par les gendarmes à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest. Les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène. Les avocats mécontents revendiquent entre autres, la traduction en anglais de l’acte uniforme Ohada.

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