Talla n'oubliera pas de sitôt ce qu'elle a vécu le 12 août dernier à l'aéroport international de Douala, capitale économique du Cameroun.

Empêchée de voyager à cause de son copain, elle finira par ne plus embarquer au bord d'un vol en direction de Paris où elle a été sélectionné pour participer à un séminaire organisé par une ONG française sur le Leadership féminin
 
A quelques instants du vol de l’avion de Douala à destination de Paris, elle se rend compte que son passeport muni d'un visa a été falsifié.

Que s'est-il passé ?

 Il était exactement 22 heures à Douala quand l’enthousiasme était à son comble surtout pour Demoiselle Talla qui avait longtemps rêvé de ce jour, d’être à Paris. 

Depuis presque 5 ans, elle caresse toujours l'envie de partir, tout comme des milliers de jeunes Camerounais. Après avoir reçu les refus de demande de visa dans quatre chancelleries occidentales représentées au Cameroun, plus rien, en principe, ne devait l'empêcher de voyager puisqu'elle avait fini par avoir le sésame. Un visa court séjour, d'entrée en France. Puisque toutes les formalités étaient remplies.

Mais Talla ne savait pas que son copain était allé une semaine avant la date du fatidique voyage pour la France, faire établir un autre passeport avec des contenus falsifiés. Comment cela a pu se faire ? Nul n’en sait car, dit-on là-bas, même en pleine nuit, pendant que sont entre les bras de Morphée, tout document administratif est susceptible modifié

Talla, étudiante en 4è année à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Douala, rêvait d’aller en France. L’occasion lui fut offerte cette année grâce à une invitation à un séminaire organisé par une ONG parisienne, mais c’était sans compter avec la jalousie de son fiancé Yebga. Lequel avait peur de perdre sa moitié, avec laquelle il avait de nombreux projets surtout de mariage.

Pourtant, il avait désormais adopté une attitude de résignation. Pour la confirmer, il était parti accompagner sa fiancée à l’aéroport, tout comme la quasi-totalité des membres de la famille de Talla qui y ont fait le déplacement pour la circonstance. 

A peine arrivés, Talla et Yebga s’étaient écartés des autres accompagnateurs pour un instant de solennité et d'intimité. Le couple se connaissait assez bien, presque cela faisait 5 ans qu’ils vivaient ensemble.

Talla, quelque peu triste, tentait de consoler son futur époux en ces termes : « Ne soit pas triste mon cœur". " je reviens dans un mois avec des cadeaux" "j'irais à la Tour Eiffel faire des photos pour toi"

Yebga qui, auparavant avait abandonné Talla pour une autre compagne mais en cachette, lui donnait l'impression de tolérer, répondait : « Ne t’inquiète pas, chou, j’avais eu un peu peur, mais à présent ça va… ».

Les deux vont revenir dans le grand hall pour des séances de photos avec la famille de Talla. L'ambiance est de taille. Le sourire se lit sur tous les visages mais, celui de Yebga auréolé d'une barbe blanche demeure dubitatif.

Quelques instants après, un haut parler doit distiller un message à l'instant des voyageurs de se diriger vers le poste de contrôle des bagages et les formalités du voyage.

Comme elle s'y attendait, Talla doit démontrer qu’elle n’a pas perdu l’usage de ses jambes et qu’elle peut rivaliser avec Ben Johnson sur les cent mètres pour être la première devant les guichets.

Après une quinzaine de minutes de formalités, Talla reviendra vers sa famille et son fiancé, cette fois pour leur dire au revoir et les informer que tout est OK pour le voyage. 

Entre ces deux propos, Yebga dira à sa fiancée de lui montrer son passeport pour une dernière fois afin qu'il puisse le bénir. 

Talla qui ne s'attendait à aucun geste maléfique de son fiancé, doit lui tendre en toute confiance son passeport. C'est ainsi qu'après avoir donné l'impression de feuilleter entre les pages de ce passeport et d’un geste décidé discret, il a changé le passeport pour lui remettre le passeport falsifié sans visa.

Pendant ce temps la famille de Talla s'activait encore à faire des prises de vues avec cette dernière. 

 Rendue illico presto au poste de frontière pour les dernières formalités, les policiers en faction lui font comprendre qu'elle ne dispose pas d'un visa d'entrée en France. Malgré le fait qu'elle a pu présenter son ticket d'embarquement et les reçus de ses valises déjà enregistrées. Rien n'y ferra

Stupéfaite, Talla crie : «Yebga m’a tué, il a fabriqué un faux passeport pour m'empêcher à ce séminaire en France».

Au moment où on demande à Talla ce qui se passe, Yebga, pris de rage s’applique à déchirer le vrai passeport resté entre ses mains. Après avoir compris ce qui se passait, l’un des grands frères de Talla n’avait pu s’empêcher d’envoyer son gendre au tapis à travers de violents coups de tête.

A quelques minutes du départ de l’avion, afin de se rassurer, le père de Talla par téléphone pour prendre des nouvelles, il est horrifié d’apprendre ce qui s’est passé. Il décide alors d’arriver sur les lieux.

Le père de Talla qui au départ était souffrant, arrive sur place et toute la famille se transporte à la maison y compris Talla en larme, tenant entre ses mains, les quelques pages "rescapées de son passeport", fruit de la furie de son fiancé. Elle est alors rassurée par son père qui lui promet de faire tout son possible pour qu’elle fasse ce voyage le plus tôt.

Une semaine après, c’était à nouveau le départ, pour l’occasion vous pouvez imaginer l’état d’esprit des uns et des autres avant le départ. A l'aéroport pour l'accompagner, il n'y avait plus que le père et la mère de Talla.

NB : Yebgatiser signifie en jargon camerounais, trahir, falsifier des documents avec des complicités

Pour plus d'informations sur l'actualité, abonnez vous sur : notre chaîne WhatsApp