Texticules de Hugues SEUMO: Quand le faux et la misère côtoient le quotidien de tout un peuple
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CAMEROUN :: Texticules de Hugues SEUMO: Quand le faux et la misère côtoient le quotidien de tout un peuple :: CAMEROON

Depuis bientôt plus de quatre décennies, la situation socio-économique du Cameroun se dégrade de plus en plus et les menaces d’explosion sociale ne cessent de peser sur ce pays qui, au lendemain de la vague des indépendances des pays de l’Afrique francophone était une référence en Afrique centrale. 

Le Cameroun a besoin d’un nouveau souffle, le Cameroun a besoin d'une véritable justice, le Cameroun a besoin des institutions fortes et non partisane, le Cameroun a besoin de son argent détourné par les caciques du pouvoir car, cet argent pourra servir à alimenter un Fonds de Solidarité destiné à l’éducation des enfants, aux Ist-Sida, à la construction des routes, de l’hydraulique villageoise, de dispensaires etc. en faveur des plus pauvres. 

Pour faire face au mécontentement dans les années soixantes, le premier président de la république du Cameroun avait mis sur pied une politique dite de Développement autocentrée. 

Une politique qui consistait à susciter chez chaque camerounais l’esprit de créativité, d’investissement et d’encouragement à l’initiative privée. Son successeur Monsieur Biya, dès son accession à la magistrature suprême en 1982 suscitera lui aussi des espoirs. 

Plusieurs citoyens avertis vont se résoudre à l’accompagner dans la mission « salvatrice » dans laquelle il devait embarquer le peuple. Mais, quelques années plus tard, ce sera une catastrophe totale. 

Le pays va chavirer comme un bateau avec tous ses capitaines et ses occupants à l’exception de quelques occupants proches du pouvoir qui, vont piller et ruiner l’économie du pays en toute impunité. Ils vont tout falsifier, ils sont des detenteurs pour certains d'entre eux des faux diplômes. La tricherie se conjugue désormais à tous les temps de la conjugaison française.

Toutes les entreprises publiques et parapubliques seront mal gérées par une classe d’amis et vont être privatisées voire fermées. La banalisation de l’initiative privée et la confiscation de toutes les sphères de décision économiques du pays vont contribuer à compromettre toute chance de s’attaquer aux vrais problèmes d’une société ravagée par de graves inégalités, la misère, la fraude, la corruption, le vol, la délinquance etc. 

Chaque matin, en pleine chaleur de la saison sèche, comme par les journées de fraîcheurs équatoriale, sept jour sur sept, des dizaines de milliers de vendeurs à la sauvette et un nombre plus important encore d’acheteurs, se rassemblent dans les artères de nos « grandes cités ». 

Là, comme en quelques dizaines d’autre lieux ; devant les gares, à la sortie des grands bâtiments administratifs, sur des terrains vagues et dans les rues, se tiennent ces interminables marchés de la misère, signes de la paupérisation de tout un peuple. 

On vend tout, des diplômes, des actes de naissances, des titres fonciers, des documents administratifs etc. jusqu’aux seringues usées. 

Tenez, à Yaoundé par exemple, devant les bâtiments de la poste centrale, un retraité tenant entre ses mains quelques noix de cola attend patiemment un acheteur. Près de lui, une femme d’environ cinquante ans expose quelques paquets de cigarettes à moitié vides. 

Non loin, un étudiant ayant « séché » ses cours vend des polycopies ou des extraits des textes administratifs photocopiés. Puis, un gamin qui propose une bouteille d’alcool frelatée (Arki) dans une main et deux paquets de préservatifs usés par le temps, de l’autre. 

Une sexagénaire non loin de lui vend quelques bâtons de manioc qu’elle a pu conditionner depuis des lustres et ne trouve pas toujours d’acheteurs. 

En face de celle-ci, une jeune fille assise jambes ouvertes sur un tabouret dans un tas d’ordures vend des beignets "soufflés" qui font la fierté des mouches. 

A quelques mètres, les murs des bâtiments de la poste centrale subissent les intempéries des urines et des matières fécales. Faut-il le souligner, fille comme garçon, chacun fait pipi dans ces lieux étant debout, le tout noyé dans une atmosphère fétide. 

Tout ce qu’on peut imaginer se trouve dans ces tristes spectacles de la vie quotidienne camerounaise. 

A Douala, capitale économique du Cameroun, comme dans d’autres grandes cités, c’est le même spectacle. Ne soyez pas surpris si en plein cœur d’Akwa, quartier d’affaires à Douala que vous recevez une boule d’excréments en pleine tête parce que les toilettes situées à hauteurs des immeubles à plusieurs niveaux ne fonctionnent plus. 

Beaucoup de jeunes sont sans emplois. L’insertion des jeunes diplômés n’est plus qu’un triste souvenir. Le seuil de pauvreté a atteint plus de 83% de la population selon les dernières estimations du BIT (Bureau International du Travail). Les jeunes, premières victimes… Les victimes les plus vulnérables de la paupérisation sont les jeunes. 

Selon les dernières enquêtes de Stingfung Str. ONG Allemande publié dans le quotidien français Humanité du 16 novembre 2024, quinze millions d’entre eux (les jeunes) ont quitté leur famille pour aller chercher fortune chez les voisins et ne sont jamais revenus. 

Certains parents selon la même Ong, poussent leurs enfants à voler et à vendre des marchandises dans les rues. Même les fillettes de onze ans se prostituent. Elles travaillent souvent à deux et à l’aide des tablettes de somnifères qu’elles versent dans des boissons, elles volent leurs clients. 

Selon les enquêtes de l’association BAJAG-MERI Douala, publiées le 10 juillet 2024, les camerounaises même mariées et les filles célibataires passent la majeure partie de leur journée à surfer sur Internet pour rechercher des maris blancs. 

Selon la même enquête, certains époux vendent leur bien pour envoyer leur femme se prostituer en Europe. Les orphelinats qui reçoivent les enfants abandonnés sont débordés. C’est ici le cas de l’orphelinat de Kikot près d’Edéa, SOS Enfant en détresse de Mbalmayo etc. 

Dans les écoles, la situation est devenue catastrophique. Les jeunes abandonnent très vite l’école, faute de moyen financier. Les instituteurs mal payés affichent une grande indifférence. Il faut offrir à ces derniers des pots de vins afin qu’ils s’occupent de vos enfants à l’école. 

Pour la petite histoire, ne s’asseyent au premier banc que les enfants des parents qui ont « motivé » l’enseignant. La violence parmi les écoliers gagne du terrain. 
Dans les établissements privés, l’année scolaire ne se limite qu’à un, voire deux trimestres sur trois. Les promoteurs dans la plus part des cas ne payent plus les enseignants. Des écoles réservées aux élèves dont les parents peuvent payer de fortes sommes en devises ont été ouvertes. Là se trouvent des professeurs de qualité. 
Dans ce pays, les valeurs disparaissent à l’exception d’une seule : l’argent. Les manuels scolaires sont sans doute l’une des rares choses dont le prix reste très bas. Pourtant il y a la grande pénurie : la «mafia » en achète de grosses quantités- et pour des sommes modiques afin de la revendre plus chers en plein milieu d’année scolaire. 

A l’université, c’est le règne d’un dysfonctionnement sans pareil. Les amphis sont surchargés et plusieurs étudiants sont obligés de se lever vers quatre heures du matin pour aller réserver une place assise pour un cours qui doit en principe commencer à 9 heures. 

Devant la kyrielle d’étudiants, l’enseignant à l’université de Douala, faculté de droit par exemple, crie à tue tête devant un micro dépassé par le temps pour se faire entendre dans une salle de sport transformé en amphi. 

Les travaux dirigés selon l’ADDEC, une association estudiantine, ne sont plus qu’une pure formalité. 

Dans les grandes écoles, le système des concours est doublé par le système des enveloppes que l’on glisse au directeur. Les plus offrant vont « négocier » leur entrée sans présenter un examen. 

Les enfants des riches n’ont décidément pas de soucis à se faire. Phénomène très répandu : des étudiantes pratiquent une prostitution occasionnelle, deux à quatre fois par mois, pas seulement pour financer leurs études, mais aussi pour aider un parent qui doit, par exemple se soigner auprès d’un médecin. Certains (es) d’entre eux ces dernières années sont même accusés d’homosexualité. 

Dans nos hôpitaux, le médecin ne reçoit les patients que si ces derniers ont préalablement « préparés » son enveloppe. C’est ainsi que des milliers de patients meurent par manque de soins dans les couloirs de nos hôpitaux. Nos services sanitaires se dégradent constamment : hôpitaux délabrés, locaux vétustes souvent mal entretenus. Les soins sont aléatoires en raison de l’âge du matériel. Tandis que les cliniques privées font leur apparition, au service des « nouveaux riches ». 

Dans les campagnes, certains hôpitaux et dispensaires ont fermé leur porte. Le cas le plus récent est celui du dispensaire du district de l’arrondissement de Tombel dans la région du sud Ouest. Le sida touche toutes les classes sociales. L’épidémie se répand très vite et selon les pronostics des experts, elle touchera d’ici l’an 2026 plus du tiers de la population si rien n’est fait dans ce sens pour lui barrer la voie. 

La typhoïde a également fait sa réapparition dans des proportions inattendues, car le vaccin coûte cher. 

Dans nos rues, c’est la police et la gendarmerie qui se livrent à l’arnaque. Il est très facile d’acheter leur silence. La police camerounaise a même la réputation d’être l’une des plus corrompues du monde. 

Désormais, on peux les corrompre avec les capsules des boissons gagnantes nous affirme un conducteur de moto taxi communément appelé « Ben Skin ». Ce qui explique le fait que les fonds de leurs poches de pantalons soient toujours usés. 

Au niveau de l’administration publique, pour un moindre service rendu à qui ce se soit il faut corrompre les agents. 

A la maison, pendant que papa chipote dans le compteur électrique pour consommer moins, maman se transforme en plombière pour bloquer le compteur d’eau devant le regard vigilant de leurs progénitures. 

Nos prisons sont débordées, insalubres. Selon les propos du regretté Pasteur Olivier Mbema, recueillis du quotidien La nouvelle Expression dans l'une de ses récentes parutions, nos prisons surpeuplées ne sont que des « mouroirs où ne survivent que des miraculés ». 

Au Cameroun d’aujourd’hui, on peut acheter presque tout service. Les exceptions sont rares. 

Un coopérant canadien Olivier Coulon en mission au Cameroun en 2024 a prouvé qu’on pouvait même acheter un véritable passeport camerounais pour 300€. Il en a ainsi obtenu un qui porte ses nom et prénom, auxquels on a ajouté un patronyme de consonance camerounaise. 

Nos routes n’ont plus que de nom. Dans les ménages, l’électricité est devenue une denrée rare, nos fontaines publiques ont tari. Dans certaines grandes cités, les tas d’ordures arborent le long des rues. 

A Douala, devant les locaux abritant les bureaux du gouverneur, la route est « coupé » en deux par un « grand lac », sous le regard passif des autorités de la région du littoral. 

Nos taxis sont vétustes pour la plus part et ne ressemblent qu’aux vielles caisses roulantes rafistolées. Certains d’entre eux dépassent pour la plus part leurs usagers en âges. Comble de malheur, tous disposent d’un certificat de visite exemplaire. Le transport urbain et même inter urbain est mal organisé. 

Au Cameroun, tout est désormais permis, « Chacun pour soi » est le slogan qui s’applique partout. Le mot « solidarité » a disparu du vocabulaire. On touche là à l’un des plus graves échecs du pouvoir en place. Tous les idéaux progressistes ont disparu d’un seul coup. Les remaniements ministériels sont devenus des activités de foire dans les villages des différents promus. Un adage populaire du Cameroun stipule qu’un « Ministre représente une richesse financière pour sa famille et son village ». Adage qui est tout de même fondé car ce sont ces derniers et les directeurs des anciennes sociétés d’Etat qui ont pillé les richesses du pays en toute impunité. Le Cameroun a besoin d’un nouveau souffle, le Cameroun a besoin de son argent détourné par les caciques du pouvoir car, cet argent pourra servir à alimenter un Fonds de Solidarité destiné à l’éducation des enfants, à la construction des routes, de l’hydraulique villageoise, de dispensaires etc. en faveur des plus pauvres. 

A suivre. Fraude post électorale en mondovision au Cameroun

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