Bruno Bidjang et la prophétie électorale camerounaise : quand Facebook devance ELECAM
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Bruno Bidjang et la prophétie électorale camerounaise : quand Facebook devance ELECAM :: CAMEROON

Le Cameroun vit une époque où les urnes semblent avoir trouvé un porte-voix numérique. Ce 25 juillet 2025, pendant que la population scrutait avec attente les annonces officielles d’ELECAM, un nom s’est imposé sur les réseaux sociaux comme l’augure suprême de la politique nationale : Bruno Bidjang. Le journaliste a publié sur sa page Facebook une liste de 13 candidats retenus pour les élections législatives. Le lendemain, ELECAM a publié… la même liste. Même noms. Même ordre. Même orthographe.

Hasard, fuite, ou démonstration de pouvoir ? Bruno n’a rien commenté de plus que : « ICI, L’INFORMATION EST UN ENGAGEMENT ». Une phrase lourde de sens dans un pays où l’opacité électorale est déjà un fardeau démocratique. La simultanéité parfaite entre ses révélations et l’annonce officielle jette un sérieux doute sur l’indépendance institutionnelle et soulève une question essentielle : qui informe qui ?

Car au Cameroun, le problème n’est pas seulement l’annonce d’une liste électorale. Le problème, c’est qu’un journaliste semble avoir un accès anticipé à une information aussi stratégique, dans un système censé être neutre. Ce glissement d’un média vers l’oracle place Bruno Bidjang non plus dans la catégorie des analystes, mais dans celle des acteurs du pouvoir.

Et pendant que le peuple s’interroge, l'État observe, silencieux. Dans un pays où manifester peut conduire à la prison, où distribuer un tract devient un acte subversif, l’annonce anticipée de noms validés par une institution constitutionnelle devient, elle, un simple fait divers partagé et liké.

Bruno Bidjang ne fait pas que devancer ELECAM : il redéfinit les contours du processus électoral. Plus besoin d’attendre les communiqués officiels : un statut Facebook peut désormais faire office de verdict national.

Mais au fond, cette affaire révèle une fracture plus profonde : celle entre l’illusion démocratique et la réalité opaque du système. Car si un homme peut prédire le futur électoral avec une telle précision, alors la question n’est plus de savoir qui est élu, mais qui choisit les élus avant l’électeur.

Le Cameroun ne veut pas simplement voter. Il veut comprendre, questionner, exiger. Et si la vérité gêne, alors elle est probablement plus nécessaire que jamais.

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